Marc Nassif, Directeur général du groupe Renault Maroc Le monde des affaires est dans l'émoi depuis l'arrestation au Japon, le 19 novembre, de l'emblématique patron de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, soupçonné de fraude fiscale et de malversations financières. Ce qui est désormais «l'affaire Carlos Ghosn» est encore entourée de beaucoup de points d'interrogation. Si ailleurs l'on se pose encore des questions sur les tenants et aboutissants de son arrestation, au Maroc, les interrogations sont autres. Cette «affaire Carlos Ghosn» aura-t-elle des impacts sur l'activité du Groupe Renault au Maroc ? Le Groupe Renault reverra-t-il à la baisse ses ambitions de développement dans le Royaume ? Au sein du Groupe Renault Maroc, l'on se veut rassurant cependant. L'affaire Ghosn «n'aura aucun impact sur les engagements de Renault au Maroc», nous confie Marc Nassif, Directeur général du Groupe Renault Maroc, d'autant que, poursuit-il, «ce sont des programmes ficelés sur plusieurs années». Cela conforte donc les intentions de Renault au Maroc, formulées notamment le 25 octobre dernier. Lors de l'audience accordée par le Roi Mohammed VI à Carlos Ghosn, le Groupe avait ainsi décidé de monter en cadence. Une audience durant laquelle le Souverain a en effet été informé du projet d'extension de la Société marocaine de constructions automobiles (Somaca), à travers le doublement de sa capacité de production afin d'atteindre 160.000 véhicules par an à l'horizon 2022. Grâce à ce choix stratégique, le Groupe Renault portera sa capacité de production au Maroc à 500.000 véhicules par an, dont 340.000 produits à l'usine de Tanger. Le maintien des ambitions du Groupe dans le Royaume va donc forcément rassurer l'industrie automobile marocaine, au sein de laquelle le Groupe Renault Maroc joue un rôle central. Car, il est utile de le rappeler, l'usine de Tanger, grâce au succès qu'elle a connu, aura même servi de baromètre à l'arrivée d'un autre constructeur sur le territoire national, PSA notamment.
Aux commandes de l'Alliance jusqu'à quand ? Carlos Ghosn est toujours PDG du Groupe Renault, mais c'est Thierry Bolloré qui assure actuellement, à titre provisoire, la direction exécutive du Groupe. Au Japon, Nissan n'a pas attendu longtemps pour prendre une décision radicale : dès le jeudi 22 novembre, la révocation de Ghosn a été actée, avec Hiroto Saikawa comme patron exécutif de Nissan. Et lundi 25 novembre, c'était au tour du Conseil d'administration de Mitsubishi de voter à l'unanimité en faveur de l'éviction de Carlos Ghosn, l'actuel Directeur général, Osamu Masuko, ayant été nommé pour assurer la présidence par intérim. A ce jour cependant, Ghosn est donc toujours aux commandes de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et du Groupe Renault. Pour longtemps ? Pas sûr. Tout dépendra de l'évolution de ses ennuis judiciaires. D'ailleurs, au sein de Renault, un audit interne a été lancé pour vérifier ses rémunérations. L'Etat français, qui détient 15% de Renault, reste pour sa part très prudent. «Nous n'avons pas d'informations sur les reproches qui sont faits à Carlos Ghosn par Nissan», a assuré dimanche, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, sur BFM TV, précisant que «tant qu'il n'y aura pas de charges tangibles», Ghosn ne sera pas démis de ses fonctions.
Grandeur et décadence Rien de concret donc sur ce qui est reproché à Ghosn, si ce n'est qu'il est soupçonné d'avoir dissimulé une partie de ses revenus. Accusations qu'il continue de nier. De ce que l'on sait, en 2017, ses revenus ont été évalués à 16 millions d'euros au total, soit 43.800 euros par jour. Difficile pour l'opinion publique d'imaginer qu'une personne qui touche 482.000 DH par jour cède aux sirènes de la cupidité et de l'avidité pour frauder afin de gagner davantage. Mettant en avant la présomption d'innocence, certains observateurs ont vite fait d'ailleurs d'agiter un complot d'Etat, au motif que l'Etat japonais veut avoir la mainmise sur l'Alliance. Cela, pour deux raisons principales : avec un chiffre d'affaires de 92 milliards d'euros, Nissan pèse désormais bien plus que Renault (33 milliards d'euros) et voudrait inverser le rapport de force et avoir son indépendance. Ensuite, Ghosn envisageait d'aller au-delà des liens capitalistiques actuels (Nissan détient 15% du Groupe Renault, lequel détient 43,4% du Groupe japonais qui contrôle aussi 34% de Mitsubishi Motors) et avait dans les tiroirs un projet de fusion. Ce qui n'est pas du goût des Japonais. Suffisant pour fomenter un complot ? Bruno Le Maire assure, pour sa part, ne pas croire «à la théorie du complot». Mais en attendant que la justice japonaise fasse la lumière sur cette affaire, le grand perdant est bien évidemment Carlos Ghosn, un patron encore adulé il y a si peu de temps. Coupable, il risque la prison. Innocent, le mal est déjà fait : garde à vue, nom traîné dans la boue et probablement un retrait précoce (et forcé) des affaires. ■
Mesures d'accompagnement Pour dérouler cette stratégie, plusieurs mesures ont été prévues, dont un fonds doté de 10 millions d'euros en 2019 ainsi qu'un label d'accueil des étudiants étrangers pour les établissements du supérieur. De même, le nombre de bourses offertes aux étudiants internationaux sera triplé. Au total, 15.000 bourses (vs 7.000 actuellement) seront délivrées et cibleront prioritairement les étudiants en provenance du Maghreb et des pays d'Afrique. Par ailleurs, selon Edouard Philippe, les procédures de délivrance de visas aux étudiants étrangers seront assouplies. De même, «à partir de mars 2019, les étudiants titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur français équivalent au Master et qui sont retournés dans leur pays d'origine pourront bénéficier d'un titre de séjour pour revenir en France, créer une entreprise ou chercher du travail».