70% des pauvres se trouvent dans les zones rurales. Moins du tiers de la population bénéficie d'une assurance maladie et moins du tiers de la population active est affilié à un régime de retraite. La Banque mondiale propose un plan d'action sur trois ans. «Un quart de la population marocaine, environ 8,5 millions de personnes, sont soit en situation de pauvreté, soit en situation de grande vulnérabilité», souligne Simon Gray, Directeur du département Maghreb du bureau régional MENA de la Banque mondiale. Cette intervention a eu lieu lors de la présentation de la note d'orientation stratégique «Ciblage et protection sociale au Maroc» élaborée par la Banque mondiale à la demande du ministère chargé des Affaires économiques et générales du Maroc. Ladite note insiste sur la nécessité d'identifier les options pour développer un système de protection sociale, d'améliorer l'articulation entre l'assistance sociale et l'assurance sociale et de proposer des scénarios d'accompagnement de la réforme du système de compensation. En clair, la note analyse les principaux risques que doivent affronter les populations en situation de pauvreté ou de vulnérabilité et passe en revue les programmes existants de protection sociale, d'assistance, d'assurance sociale ainsi que les services de base pour le développement humain. La rencontre a enregistré la participation de Mohamed Najib Boulif, ministre chargé des Affaires économiques et générales, qui a tenu à remercier les auteurs de la note stratégique pour l'intérêt qu'elle porte à ce sujet en intégrant les personnes pauvres et vulnérables dans les efforts de croissance. Pour Simon Gray «dans le contexte de ralentissement économique mondial et régional, la situation de nombreuses familles est fragile». Néanmoins, le Maroc a réalisé des progrès notables au cours des dix dernières années en matière de réduction de la pauvreté. Ainsi, plusieurs familles ont pu échapper à cette situation et se hisser vers la classe moyenne. Toutefois, il convient de relever que ces progrès se révèlent insuffisants pour surmonter les défis et risques auxquels sont exposés les pauvres. Dans ce sens, exceptée la Caisse de compensation, les programmes existants manquent de ressources aussi bien financières qu'humaines. De plus, la note fait ressortir un manque au niveau des risques couverts. Le chômage par exemple, ajouté au travail des enfants, sont des risques majeurs non pris en considération dans les programmes existants, peut-on lire dans la note. En parallèle, notre paysage institutionnel est caractérisé par des mandats qui se chevauchent et une coordination insuffisante. Par conséquent, les actions deviennent verticales et non centrées sur les familles. De là, des redondances et des lacunes qui apparaissent. Il faut signaler au passage que seul un tiers de la population active est couvert par l'assurance sociale, et que la plupart des personnes actives en sont exclues, notamment celles travaillant dans les secteurs informels. Injustice Adans l'assurance sociale Sur un autre registre, les auteurs de la note dressent les enjeux de l'assurance sociale. Actuellement, moins du tiers de la population bénéficie d'une assurance maladie et moins du tiers de la population active est affilié à un régime de retraite. Alors que les systèmes non contributifs devraient intégrer la couverture de l'assurance sociale en assurant conjointement la viabilité financière des régimes de pension et d'assurance maladie. Sur ce volet, le représentant de la Banque mondiale avance que «la couverture de l'assurance sociale est, elle aussi, très fragmentée avec une couverture inégale des travailleurs dans le secteur formel et embryonnaire dans le secteur informel. Le risque de perte de revenu lié au chômage est entièrement géré par les individus et leurs familles». Au final, les recommandations sont diverses mais convergent vers un seul point : le développement du climat social. D'autant plus que la protection sociale peut générer des opportunités de croissance importantes et permettrait de diminuer l'exclusion et bâtir une croissance solidaire. Les pauvres pourraient ainsi investir de façon productive grâce à un plus grand sentiment de sécurité. En revanche, ce qu'il est important de préciser c'est de pouvoir les appliquer correctement. Dans ce contexte, la stratégie nationale de protection sociale devrait s'appuyer sur deux principes : adopter une logique de système plutôt qu'une logique de programme et concentrer les interventions sur les ménages. La Banque mondiale a par ailleurs proposé un plan d'action pour les 3 prochaines années comprenant 4 objectifs stratégiques, dont 14 actions prioritaires. On cite, à ce titre, le renforcement du ciblage afin d'utiliser les ressources efficacement. Aussi, la couverture des risques devrait être étendue tout en clarifiant les rôles et les responsabilités de chaque intervenant. En outre, mettre en place une bonne communication sur la réforme du ciblage et de la protection sociale constitue un point clé qu'il faut atteindre pendant cette période triennale.