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La Banque mondiale : - Les progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté au Maroc insuffisants - 8,5 millions de Marocains vulnérables à la pauvreté
Les progrès réalisés par le Maroc au cours des dix dernières années en matière de réduction de la pauvreté ne sont pas suffisants pour surmonter les défis du développement humain dans le pays, indique la Banque mondiale, dans une note d'orientation stratégique intitulée «Ciblage et protection sociale au Maroc", rendue publique mercredi à Rabat. Un quart de la population marocaine, soit 8,5 millions de personnes, est vulnérable à la pauvreté absolue, précise le document. Selon Nadine Poupart, coordinatrice de la Banque mondiale pour le développement humain dans le Royaume, "d'importantes disparités géographiques existent au Maroc en matière de pauvreté. La pauvreté rurale est plus de trois fois plus élevée que la pauvreté urbaine". "80 pc de la population rurale travaille en auto-emploi ou dans un emploi non rémunéré. La protection sociale peut aider à améliorer l'équité en réduisant la pauvreté et l'indigence, si elle est mise en place de manière efficace. Elle peut promouvoir l'augmentation de la résilience face aux chocs externes en aidant à se protéger contre divers types de risques", ajoute-t-elle. La note d'orientation stratégique de la Banque mondiale présente une approche visant à aider les personnes en situation de pauvreté ou de vulnérabilité à participer pleinement à l'économie nationale et à gérer les risques auxquels elles se trouvent confrontées. Elle propose des options pour le développement d'un système de protection sociale cohérent et bien ciblé, où s'articuleraient l'assistance et l'assurance sociales. Le Maroc a réalisé des progrès notables au cours des dix dernières années en matière de réduction de la pauvreté, mais ces progrès ne suffisent pas à surmonter les défis et risques auxquels la population est confrontée, en particulier les pauvres. Les programmes d'assistance sociale actuels n'offrent pas une couverture adéquate des besoins et leurs systèmes de ciblage doivent être améliorés. De plus, de nombreuses institutions gèrent des programmes similaires, orientés vers la même catégorie de bénéficiaires, mais avec une faible coordination. Les subventions générales aux produits énergétiques et alimentaires sont quant à elles coûteuses et bénéficient surtout aux personnes non pauvres. La note ajoute que l'assurance sociale couvre seulement un tiers de la population active et exclut la plupart des personnes actives qui travaillent dans le secteur informel. La fragmentation de ces programmes résulte en une protection inégale des travailleurs du secteur formel et de leurs familles ainsi qu'un manque de mobilité entre les secteurs public et privé. La note dégage plusieurs options pour passer des programmes limités et fragmentés en vigueur actuellement à un système centré sur les ménages, qui prendrait appui sur de plus grandes synergies entre la santé, la nutrition, l'éducation et l'emploi. La première étape consisterait en une refonte du système de ciblage, en utilisant les mécanismes de ciblage géographique existants et en renforçant le ciblage au niveau des ménages. Cela amènerait à la création d'un registre unifié de bénéficiaires. Une autre étape serait la réforme graduelle de la compensation pour libérer des ressources à investir à plus grande échelle dans des programmes ciblés vers les ménages pauvres. Une troisième étape serait d'harmoniser et d'ouvrir le système d'assurance sociale, pour fournir des incitations et des instruments adéquats, notamment aux travailleurs du secteur informel. Toutes ces mesures requièrent également la clarification des mandats des différentes institutions qui œuvrent dans la conception, la gestion et la régulation des programmes de protection sociale. La protection sociale peut générer des opportunités en renforçant le capital humain, en favorisant l'accès au travail et en incitant les familles à effectuer des investissements productifs, leur offrant un sentiment de sécurité plus fort, ce qui contribuerait à assurer une stabilité sociale. Le Maroc a engagé plusieurs chantiers de réforme et peut capitaliser sur ces avancées pour continuer à renforcer son système de protection sociale. Selon ses auteurs, cette note d'orientation stratégique répond à la demande du gouvernement du Maroc de lui fournir des options pour le développement d'un système de protection sociale intégrée, couvrant l'assistance sociale et l'assurance sociale. Elle vise à promouvoir la participation des ménages pauvres et vulnérables à l'économie en les aidant à gérer les risques auxquels ils sont confrontés. Bien que la pauvreté absolue ait diminué, le nombre de pauvres et quasi-pauvres reste élevé. Selon les chiffres du Haut commissariat au plan (HCP), la période 2001-2007 a connu une réduction notable du taux de pauvreté, la pauvreté absolue passant de 15 pc à environ 9 pc de la population, représentant approximativement 2,7 millions de personnes. Toutefois, le niveau de consommation de 17,5 pc de la population se situe juste au dessus de la ligne de pauvreté. En d'autres termes, un quart de la population, soit huit millions d'individus, est dans une situation de pauvreté absolue ou est susceptible d'y tomber. D'importantes disparités géographiques existent : le taux de pauvreté en milieu rural (14,5 pc) reste plus de trois fois plus élevé que le taux de pauvreté en milieu urbain (4,8 pc) et 70 pc des pauvres sont issus du milieu rural. Environ 80 pc des pauvres du milieu rural n'ont pas accès à l'emploi ou au travail rémunéré. D'après le document, les indicateurs de développement humain n'ont pas connu l'amélioration qu'on aurait pu attendre au vu du PIB par habitant du pays. L'indice de développement humain (IDH) du Maroc accuse notamment un retard par rapport à celui de ses voisins et de pays au PIB par habitant comparable. Là encore, de fortes disparités existent selon le milieu (urbain/rural), le genre et le quintile de revenu. Etre pauvre et vivre dans les zones rurales sont deux facteurs qui déterminent fortement la mortalité infantile et maternelle. Par exemple, dans le Maroc rural, la mortalité maternelle est de 43 pc plus élevée qu'en zone urbaine. Les enfants de moins de cinq ans des couches les plus défavorisées de la population ont trois fois plus de chance de mourir des conséquences des maladies de l'enfance souvent facilement traitables ou de blessures évitables. Les taux de couverture vaccinale varient aussi selon le lieu de résidence et le niveau de revenu : 16 pc des enfants du rural et 19 pc des enfants du quintile le plus pauvre ne sont pas complètement vaccinés, contre 6 pc des enfants de l'urbain et 4 pc du quintile le plus riche. Il en est de même pour le secteur de l'éducation : 78 pc des enfants des ménages du quintile le plus riche fréquentent un établissement préscolaire, contre 6 pc des enfants du quintile le plus pauvre. Bien que l'écart entre les garçons du milieu urbain et les filles du milieu rural dans l'enseignement primaire se soit réduit à seulement trois points en 2008/2009, il reste important dans l'enseignement secondaire. Des efforts importants, dans les secteurs de la santé et de l'éducation notamment, sont toutefois actuellement fournis. Ces résultats signifient, selon la note d'orientation stratégique, que la réduction de la pauvreté qu'a connue le Maroc dans les dix dernières années n'a pas été suffisante pour surmonter les défis du développement humain. Des programmes spécifiques, souligne le rapport, sont nécessaires dans les secteurs de la nutrition, de la santé maternelle et infantile, de l'éducation et de l'attention aux jeunes enfants. Le gouvernement est conscient de ces insuffisances et les ministères de la santé et de l'éducation se sont chacun engagés depuis 2008 dans la mise en œuvre de plans d'actions ambitieux visant à améliorer l'offre de services pour tous.