Le Haut Commissariat au Plan (HCP) vient de publier une étude sur le ciblage géographique de la pauvreté. Objectif, décerner les outils les plus performants pour une répartition optimale des budgets dédiés à la lutte contre la pauvreté. Des chiffres révélateurs s'en dégagent. Les 20% des ménages les plus aisés totalisent plus de 40% des subventions alimentaires et plus de 50% des subventions de l'enseignement secondaire et supérieur. C'est ce qui ressort de l'étude du HCP sur le ciblage géographique de la pauvreté qui vient d'être rendu public. Cette étude permet ainsi de mieux répartir les budgets de lutte contre la pauvreté. Notons que les différentes études menées par le HCP avaient montré la limite du transfert forfaitaire destiné à l'ensemble de la population. «Ces études ont montré que les ressources distribuées au moyen du transfert forfaitaire, malgré leur importance, n'atteignent pas les résultats escomptés, en termes de réduction de la pauvreté en général et de la pauvreté humaine en particulier», a souligné Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan. Le HCP a orienté ses investigations vers la réalisation d'une carte géographiquement fine de la pauvreté, l'analyse des facteurs de la dynamique de la pauvreté, l'évaluation des politiques de ciblage et l'étude de l'impact des politiques publiques sur le développement humain. A ces activités, il y a lieu de relever la mise à jour de la carte de la pauvreté et la réalisation d'une première carte de la malnutrition, programmées en 2009. Cette étude a montré que le ciblage uniforme a un impact relativement modeste sur la pauvreté et que le ciblage parfait ne peut être réalisé en raison de l'indisponibilité d'un répertoire des ménages pauvres. Le ciblage optimal s'est révélé être plus performant que le ciblage naïf en terme de réduction de la pauvreté. Le transfert des ressources budgétaires aux communes urbaines les plus pauvres, produit une réduction du taux de pauvreté urbaine, presque deux fois plus élevé (1,95%) que celle produite par le ciblage naïf. Concernant la sévérité de la pauvreté, le ciblage optimal appliqué aux communes rurales engendre une réduction supérieure à celle produite par le ciblage naïf, de 1,12 fois. Et ce n'est pas tout. Au niveau communal, il a été démontré que le ciblage optimal permet de réduire en une année le taux de pauvreté de 37% dans le milieu urbain et de 22% dans le milieu rural. Par ailleurs, l'étude du HCP a révélé que cette approche de ciblage permet d'économiser des ressources budgétaires considérables. Elle donne lieu à une économie des ressources budgétaires à plus des 2/3 soit 68,9% du coût du transfert uniforme. Si le budget était affecté aux districts, cette économie de ressources atteindrait près des trois-quarts (72,3%) du coût du transfert uniforme. D'où la priorité à accorder aux provinces les plus pauvres et les plus peuplées dans la répartition des ressources budgétaires. Il est donc clair que le ciblage géographique optimal conjugué à un ciblage subordonné, voire parfait des ressources au sein des localités pauvres est le meilleur moyen d'affecter les ressources disponibles aux plus pauvres et d'améliorer le coût et le rendement des politiques de ciblage. Côté statistiques, les chiffres du HCP sont alarmants. La part des ménages les plus aisés dans les subventions alimentaires est de 40,2% pour la farine de blé tendre, de 41,2% pour le sucre granulé et de 48% pour l'huile de table. Pour le quintile le plus défavorisé, ces proportions sont limitées respectivement à 6,1%,9,3% et 6,3%. S'agissant des subventions à l'éducation et à la formation, les écarts sont flagrants. Les 20% des ménages les plus élevés prennent d'importantes parts à tous les niveaux scolaires avec 16,8% au primaire, 30,7% au collège, 48,1% au secondaire et 58,6% au supérieur. Chez les 20% les plus défavorisés, on note qu'à l'exception du primaire où ils bénéficient de 19,1% , au collége, ils ne totalisent que 9,6% des subventions. Pour le secondaire et le supérieur, ces proportions sont de 4,8% et 3,2%.