Beaucoup de chemin reste à faire pour aboutir à un « Maroc digne de ses enfants ». Le constat est établi par l'UNICEF qui pointe du doigt les disparités entre pauvres et riches et entre milieux rural et urbain. Vingt deux ans se sont écoulés depuis l'adoption par l'ONU de la Convention internationale des droits de l'enfant. Et 18 ans depuis la ratification par le Maroc de cette Convention qui reconnaît à chaque enfant le droit à la vie, à la santé, à l'éducation… au bonheur, l'Etat marocain a-t-il honoré ses engagements ? La réponse nous vient de l'UNICEF, qui a rendu public un rapport sur la situation des droits des enfants au Maroc. «Globalement, le Maroc est sur la bonne voie pour atteindre les OMD ( Objectifs du millénaire pour le développement ) mais d'importantes disparités persistent principalement entre le milieu rural, où vivent 43 % de la population et le milieu urbain, entre les filles et les garçons, entre les riches et les pauvres », soulignent les experts de l'UNICEF. Premier indice : le taux d'analphabétisme de 34 % en milieu urbain contre 67 % en milieu rural et la préscolarisation qui est de 65 % en milieu urbain et de moins de 36 % en milieu rural. La mortalité infanto-juvénile est de 69% en milieu rural et de 38% en milieu urbain. Les réalisations en matière des droits de l' enfant, adolescents et jeunes, garçons et filles, sont nombreuses mais certains secteurs comme la santé, l'éducation et la protection présentent un décalage avec les moyennes régionales. Ceci en plus des disparités, entre filles et garçons, entre milieux rural et urbain. Cette inéquité touche également le niveau de vie des enfants avec 20 % des plus riches qui disposent de 30 % du revenu national et 20 % des plus pauvres qui disposent de 2 % seulement. Une situation qui pose des défis majeurs au Maroc, selon les rédacteurs du rapport. Plan d'action Le constat établi concernant la santé de nos enfants est plus que dramatique. Un indicateur révélateur : la mortalité infanto-juvénile est trois fois plus élevée pour le quintile inférieur le plus pauvre que pour le quintile supérieur le plus riche (78 décès pour 1 000 naissances vivantes contre 26 décès pour 1 000 naissances vivantes). La mortalité infanto-juvénile est de 69 % en milieu rural et de 38% en milieu urbain. La mortalité maternelle est de 73 pour 100 000 naissances vivantes en milieu urbain et de 148 en milieu rural. Pour soutenir le Maroc à améliorer cette situation, l'UNICEF a initié, en concertation avec le gouvernement marocain, un plan cadre d'assistance des Nations Unies (UNDAF). Ce plan d'action, qui s'étale sur la période 2012-2016, couvre cinq domaines à savoir « le renforcement de la qualité de l'éducation et de la formation », «l'amélioration de la santé et de l'état nutritionnel de la population, dont celle de la mère et de l'enfant », « le développement socio-économique et la réduction de la vulnérabilité et des inégalités », « la consolidation de la gouvernance démocratique sensible au genre » et « la protection de l'environnement, la prévention des catastrophes et la gestion des risques naturels et du changement climatique ». La réalisation de ces projets mobilisera un budget de plus de 32 millions de Dollars. L'intervention de l'UNICEF sera axée sur trois domaines qui, à ses yeux, sont d'une grande importance dont l'accès équitable aux soins de santé de la mère et de l'enfant et la nutrition de l'enfant. L'action de cette organisation onusienne vise à contribuer à la « réduction de la mortalité des mères et des enfants » et à « développer des politiques nationales de santé plus équitables, y compris la lutte contre le VIH/ sida chez les enfants, adolescents et jeunes ». Le plan de l'UNICEF comprend une composante sur l'introduction d'approches et d'outils pédagogiques innovants pour une éducation de qualité dans le préscolaire, primaire, collège… Il s'agit de la rénovation des curriculums, notamment avec l'introduction de compétences psychosociales, du soutien pédagogique particulièrement pour les enfants ayant des difficultés d'apprentissage et le renforcement des compétences des intervenants.