- L'industrie de la gestion d'actifs a connu une véritable ruée vers les produits de taux depuis le début de l'année. Réputés plus sûrs, les fonds obligataires moyen-long termes ont vu leur actif net progresser de près de 11% entre le début de l'année et fin juillet 2018. En face, les fonds plus risqués, type OPCVM actions, ont connu une baisse de 1,84% de leurs actifs sous gestion sur la même période. - Zakia Katafer, directeur de gestion chez Valoris Management, interprète pour nous ces mouvements de cash et se projette dans l'avenir des marchés à court, moyen et long termes. Pour elle, le déficit de liquidité est le principal point à surveiller à court terme.
Finances News Hebdo : Quel est votre sentiment global actuellement sur les flux destinés aux OPCVM. Où va le cash et pourquoi à votre avis ?
Zakia Katafer : Au cours de ce trimestre, les flux reçus par les OPCVM ont été principalement destinés aux produits taux et majoritairement accaparés par les OPCVM monétaires et OCT. Cette orientation reflète le climat de scepticisme régnant sur les différents marchés ces derniers mois.
F.N.H. : L'été fut difficile sur les actions. Pensez-vous que la tendance s'inversera d'ici la fin de l'année et quid des niveaux de valorisation actuels ?
Z. K. : Le marché boursier a maintenu son trend baissier entamé depuis le deuxième trimestre et affiche une contreperformance YTD dépassant les -5,5% au 24/08/18. L'inversion de tendance est tributaire de la progression de la masse bénéficiaire après la publication des résultats semestriels des sociétés cotées d'une part, et du maintien de l'arbitrage en faveur du marché boursier (par rapport aux rendements obligataires) d'autre part. En ce qui concerne les niveaux de valorisation, le PER du marché boursier a baissé à un niveau proche de ses niveaux moyens depuis 2010, soit à 18,8x au 24 août 2018, contre 20,7x à fin décembre 2017. Toutefois, il faut noter que ces niveaux de valorisation, qui restent relativement élevés par rapport aux autres places de la zone MENA, sont expliqués par l'attractivité du rendement en dividende du Masi qui se situe actuellement à 3,9%, le manque de solutions alternatives de placement, la rareté de grandes IPO et l'illiquidité de certaines valeurs.
F.N.H. : Sur le marché des taux, que faut-il surveiller en particulier ? A quoi doit-on s'attendre les mois à venir ?
Z. K. : Outre l'évolution du besoin de financement du Trésor et le niveau de réalisation des objectifs cibles des charges et ressources de l'argentier du Royaume, l'évolution du déficit de liquidité est le principal point à surveiller à court terme, dans un contexte où la demande des investisseurs est drivée principalement par la disponibilité du cash. A horizon fin d'année, et en l'absence d'événements pouvant tirer vers le haut ou vers le bas le déficit budgétaire ou tout changement de politique monétaire, nous prévoyons une quasi-stabilité des niveaux obligataires.
F.N.H. : Quels types de fonds (actions, obligations, etc.) conseillez-vous actuellement aux investisseurs et pourquoi ?
Z. K. : Nous orientons nos clients en fonction de leur horizon de placement et leur niveau de risque toléré. En effet, nous conseillons les OPCVM monétaires et OCT pour tout placement d'excédent de trésorerie à court terme avec un faible niveau de risque. Pour les investisseurs disposant d'une période d'investissement plus allongée et cherchant des rendements plus élevés, nous préconisons les fonds obligataires moyen et long terme. Les fonds diversifiés et actions, quant à eux, sont recommandés aux clients acceptant un niveau de risque élevé et désirant capter les meilleures performances à moyen et long terme.
F.N.H. : Enfin, comment se comportent les fonds de votre groupe depuis le début de l'année ?
Z. K. : Grâce à notre bonne lecture et analyse des différents agrégats macroéconomiques et notre suivi permanent de l'évolution des marchés, nos OPCVM affichent des performances en ligne avec leurs objectifs de rendement et de risque entrepris pour chaque catégorie de classes d'actifs. ■