Quatre fédérations ont adressé une lettre au chef du gouvernement l'appelant à prendre des initiatives pour relancer l'activité. Elles déplorent la baisse de la commande publique et privée destinée à leur filière.
Le secteur de la construction est en berne. Depuis quelques années, l'activité tourne au ralenti, et les résultats sont nettement en deçà des attentes des opérateurs. La conjoncture économique n'est pas favorable, et tout laisse présager qu'en l'absence d'une intervention publique, la situation pourrait empirer. Les entreprises membres de quatre grandes organisations professionnelles, à savoir la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC), la Fédération marocaine du conseil et d'ingénierie (FMCI), la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) et la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), ont dans ce sens adressé, fin avril, une lettre à Saâd Eddine El Othmani, Chef du gouvernement, dont nous détenons une copie. Cette missive invite l'Exécutif à une prise de conscience de l'importance d'agir pour que la filière construction reprenne son essor. Les signataires de ce courrier déplorent en effet «la baisse de la commande publique et privée destinée à notre filière, l'absence de visibilité et la persistance des contraintes qui plombent l'activité de la filière». Cette situation «inquiète les entreprises et freine l'investissement et l'emploi», ont-ils ajouté. «Le secteur de la construction traverse des moments difficiles. Nous avons demandé au gouvernement de prendre une série de mesures pour relancer l'activité. Il doit aussi préciser les modalités de son intervention pour remédier à cette morosité qui ne peut durer. Depuis des années, notre activité accuse le coup. Nous sommes arrivés à un moment où il faut mettre un terme à cette situation», souligne David Toledano, président de la Fédération des matériaux de la construction (FMC), joint par Finances News. Le gouvernement n'a pourtant pas cessé d'affirmer qu'il a revu à la hausse l'investissement public, notamment ceux portants sur les grands projets structurants où les professionnels de la construction jouent les premiers rôles. Une affirmation qui, pour le moment, est loin de convaincre notre interlocuteur, qui souhaite des mesures concrètes : «Il y a une nuance à faire entre les propos et les intentions du gouvernement et la réalité de notre activité. Un constat de marasme s'est installé, il faut lui trouver une solution. Nous attendons une concrétisation des annonces faites par l'exécutif», explique-t-il. Les promoteurs immobiliers, réunis au sein de la FNPI, autre poids lourds du secteur de la construction, ne sont pas en reste. Ces derniers alertent inlassablement les membres du gouvernement sur la situation du secteur. «En tant que FNPI, nous avons déjà envoyé un mémorandum au ministère de l'Habitat et de la Politique de la ville, l'invitant à prendre les mesures nécessaires pour une refonte totale de l'immobilier. Nous avons constaté que les autres activités du secteur de la construction sont également impactées. C'est tout un écosystème qui est au bord de l'asphyxie et qu'il faut soutenir. Un pilier de l'économie marocaine est en train de s'essouffler. Cela impacte l'investissement, l'emploi et aussi les recettes fiscales de l'Etat», nous affirme Driss Nokta, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Les promoteurs ont déjà commencé à revoir leur copie en lançant de moins en moins de mises en chantier, à cause de l'essoufflement du segment social, de l'auto-construction et de la régression des autres segments. Ce constat se manifeste non seulement dans les régions, mais aussi dans les grandes villes. Les commandes publiques n'ont pas connu de relance majeure. Preuve en est, le HCP prévoit une quasi-stagnation pour l'année en cours. Mais il faut reconnaître que ce marasme s'est installé depuis 2012. «La commande publique a toujours été un outil majeur pour booster nos activités. Il s'agit aussi de lancer des mesures d'accompagnement, comme revoir à la baisse les taux d'intérêt bancaires, d'enregistrement et de conservation foncière afin que le secteur retrouve sa vitesse de croisière. Sans oublier la simplification des procédures et l'amélioration des prestations de l'administration qui présentent une contrainte majeure pour nos activités», préconise Nokta. ■
Priorité à la réforme de la commande publique La réforme de la commande publique est l'une des actions que la FNBTP exige en priorité. Elle prône l'adoption d'un code dédié afin d'assurer l'équité nécessaire et la promotion de l'entreprise nationale. Ce texte permettra la liberté d'accès aux appels d'offres, l'égalité de traitement des concurrents, la garantie de leur droit, la transparence dans le choix du maître d'ouvrage ainsi que la maximisation de la valeur ajoutée locale. La fédération propose aussi de revoir les mécanismes de fonctionnement de la commission nationale de la commande publique. Il s'agit de la domicilier auprès du chef du gouvernement, qui devrait nommer son président et tracer la vision de l'Etat pour le secteur. La profession veut instaurer également des règles fondamentales comme l'application systématique de la préférence nationale pour les entreprises publiques.