Réflexions communes afin de renouer avec une croissance forte dans le secteur de l'assurance arabe. La Tunisie et l'Egypte fortement touchées par le printemps arabe. Le secteur de l'assurance au Maroc s'en sort bien. Les révolutions populaires qu'ont connues certains pays arabes, notamment l'Egypte et la Tunisie, n'ont épargné aucun secteur d'activité de leurs économies respectives. Celui de l'assurance est l'un des plus impactés avec des pertes conséquentes. En effet, avant cette période, les capacités de produire et d'émettre des primes des compagnies d'assurance arabes étaient élevées. Ainsi, les intervenants de l'industrie de l'assurance du Monde arabe se sont donné rendez-vous lors de la tenue à Marrakech du 29ème GAIF (Forum général des assureurs arabes). Une occasion d'échanger les différentes expériences en la matière et de réfléchir conjointement sur les pistes d'évolution et les relais de croissance du secteur, en vue de développer des coopérations interarabes en partenariat avec d'autres régions au plan international. Il faut rappeler que le GAIF est une association panarabe qui regroupe l'ensemble des acteurs des métiers de l'assurance et de la réassurance dans la perspective de consolider et de développer les liens et la coopération dans ces domaines La Tunisie a été le premier pays arabe à avoir enregistré une révolution contre le régime politique, connue sous le nom de «révolution du jasmin». Selon la PDG de Tunis RE, Lamia Ben Mahmoud, «le secteur de l'assurance est fortement impacté, plusieurs problématiques sont apparues eu égard aux risques politiques». Il faut noter dans ce sens qu'avant le 11 septembre 2001, ces différents risques politiques n'étaient pas pris en compte au niveau des contrats d'assurance. En effet, les compagnies d'assurance n'ont pas la capacité financière pour couvrir ces risques qui s'avèrent très coûteux. Ceci a poussé les institutions du secteur à se consolider sous forme de groupements pour affronter conjointement les aléas politiques qui sont de plus en plus fréquents. Par type de contrats, ceux de la responsabilité civile constituent la majorité des contrats affectés par la révolution. De plus, l'impact des événements ne se limite pas à l'engagement de la compagnie d'assurance à honorer son intervention lors de la survenue des sinistres. Les compagnies d'assurance tunisiennes ont subi aussi des pertes importantes au niveau de leurs placements et des biens détenus, qui ont perdu de la valeur. Comme toutes les sociétés d'assurance, celles tunisiennes placent leurs liquidités sur le marché boursier. Lamia Ben Mahmoud avance que le printemps arabe a coûté près de 200 millions de Dinars tunisiens aux compagnies d'assurance et de réassurance du pays. L'impact s'est ressenti aussi au niveau de la croissance du secteur. En effet, en 2010, le secteur affichait une croissance quinquennale de 9% alors que ce taux s'élève à fin 2011 à 4%. Un recul important de la croissance qui pousse Lamia Ben Mahmoud à dire que l'année 2011 était une année blanche pour le secteur en Tunisie. Par ailleurs, face à cette situation de récession et de recul de l'activité, les opérateurs tunisiens estiment que la meilleure solution est d'avoir une couverture globale, quelle que soit la nature du risque (politique ou autre), afin d'accompagner la reprise tunisienne. Aussi, en Tunisie, et afin de dépasser au plus vite et avec de bonnes bases le printemps arabe, il y a eu la création d'un fonds pour couvrir les dommages causés par les émeutes. Dans ce sens, la PDG de Tunis RE souligne que «le fonds intervient de façon complémentaire aux côtés des compagnies d'assurance et de réassurance». Le cas égyptien L'Egypte, quant à elle, victime des émeutes du printemps arabe, voit son économie se détériorer : une activité touristique en forte baisse, des recettes de devises en recul, une Bourse qui accumule des pertes quotidiennement. Dans ce contexte, le secteur de l'assurance affiche la même tendance. Mais, en parallèle, selon Abdel Raouf Qotb, DG de Insurance Federation of Egypt, «on peut relever des impacts positifs pour cette industrie au regard de la prise de conscience des citoyens d'assurer leurs biens contre les nouveaux risques». De facto, les professionnels égyptiens sont confiants quant à l'avenir du secteur. Ils insistent d'ailleurs sur le rôle important que devraient jouer les Fédérations d'assurance dans chaque pays et, comme la Tunisie, procéder à la création d'un véhicule commun nécessaire pour couvrir les risques politiques ayant des conséquences au niveau local et régional. Sur un autre registre, le marché marocain des assurances semble bien se tirer d'affaire en cette période de crise, comme en atteste son évolution en 2011, en réalisant un taux de croissance de 9,2%. L'industrie marocaine des assurances occupe la deuxième place au niveau du continent africain derrière l'Afrique du Sud. Ainsi, le chiffre d'affaires annuel du secteur a atteint 23,9 Mds de DH en 2011, dont 7,72 Mds de DH en assurance vie et 16,18 Mds de DH en assurance non vie, selon des responsables du secteur. Le Royaume compte 18 compagnies d'assurance, dont 9 généralistes (2 mutuelles parmi ces dernières), 4 sociétés spécialisées dans l'assistance, une mutuelle vouée à l'assurance automobile, une société spécialisée dans la réassurance, une société spécialisée dans les assurances de personnes, une société spécialisée dans le transport public des voyageurs et une société spécialisée dans l'assurance crédit.