Lun des inconvénients de louverture du Maroc sur léconomie mondiale est quelle donne accès à certains importateurs de marchandises pour pratiquer le dumping et la sous-facturation. Cette pratique risque de mettre à genoux tout un secteur. Il sagit de celui des allumettes. Le nombre de briquets qui circule au Maroc dépasse le nombre des habitants du Royaume. En 2001, 50 millions de briquets ont fait leur entrée au Maroc. Lindustrie des allumettes au Maroc, qui a quarante ans dexistence, souffre de cette nouvelle vague dimportations. Ce problème vient sajouter aux problèmes structurels dont souffre lentreprise marocaine, particulièrement la PME. Aujourdhui, les commerçants ambulants vendent des briquets comme des chewing-gums. Ces briquets, provenant essentiellement de Chine, ne coûtent que 1 à 1,50 DH la pièce. Larrivée massive et incontrôlée de ces objets inonde le marché local et aggrave la situation économique des fabricants dallumettes locaux. Trois usines sont déjà en arrêt de production. La fameuse société Comaral, qui fabrique la marque «Papillon» des allumettes, a vu ces dernières années son chiffre daffaires chuter de près de 20%. Certes, lévolution des économies et le développement des technologies supposent que les allumettiers sadaptent à cette évolution. Mais, la sous-facturation et le dumping peuvent détruire nimporte quelle autre activité économique. Dans ce sens, il faut admettre que les allumettiers marocains ne craignent pas louverture du marché, notamment si elle se fait dans le respect des lois en vigueur. Pour revenir au dumping qui est une pratique qui consiste à adopter des prix égaux ou inférieurs au prix de fabrication, il est à rappeler que lOMC y a consacré tout un chapitre. La loi antidumping au Maroc, inspirée du droit international, nest pas applicable. Pour appliquer cette loi, il est demandé à la partie lésée davoir la preuve quil y a eu dumping. Que faire face à un tel fléau ? Conscients de la gravité du phénomène de la sous-facturation et du dumping qui nuisent à toute lactivité économique du Royaume et non seulement aux allumettiers, le ministère du Commerce, de lIndustrie et de la Mise à niveau de léconomie, en collaboration avec les services de la Douane, a mené une vaste campagne visant à contrôler les produits et articles importés, et ce durant le dernier trimestre 2004. Concernant les briquets, la campagne a pu identifier une trentaine de cas non conformes aux normes de qualité et de sécurité. Il est à rappeler que le ministère de tutelle avait mis en place des normes marocaines (NM ISO 9994 et 03 2 140) relatives aux spécifications de sécurité des briquets et allumettes. La majorité des briquets qui circule au Maroc ne répond pas à ces normes. Le cas de lindustrie des allumettes au Maroc mérite un traitement plus rigoureux quune simple campagne limitée dans le temps. Le prix de la boîte dallumettes est resté le même depuis plusieurs années (0,50 et 0,60 DH), ce qui complique davantage la situation des allumettiers marocains. Certains dentre eux misent sur le monde rural où la vente des briquets est très limitée. Dautres se sont lancés dans des activités parallèles. Cest le cas de Comaral qui produit 100 millions de boîtes dallumettes par an. Cette société, basée à Casablanca, sest lancée, il y a quelque temps, dans la fabrication de bougies destinées au marché local comme à lextérieur. Les allumettiers marocains sont appelés aujourdhui plus que jamais à revoir leur stratégie de développement. Ils doivent également diversifier leurs cibles. LEtat, de son côté, doit renforcer son contrôle et appliquer les lois réglementant le secteur. Certes, la disparition des prix de référence, des licences dimportation ainsi que lautorisation, était dictée par les accords de lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC). Mais ceci ne veut pas dire que les abus ne doivent pas être sanctionnés. Actuellement, les allumettiers marocains sont en train de subir les conséquences dune ouverture à la hâte de léconomie nationale, en attendant que les pouvoirs publics prennent des mesures efficaces pour remédier à la situation.