Restructuration des départements de tutelle et utilisation progressive de la technologie. Le dualisme agriculture traditionnelle et agriculture moderne reste le principal défi pour le secteur. La modernisation de l'agriculture à travers le monde est liée au respect de trois principes : liberté des individus, assimilation du progrès scientifique et adaptation à la concurrence... Démocratie, science agronomique et référence au marché, tels sont les fondements du progrès agricole. L'agriculture marocaine va devoir faire face à de nouveaux défis. Les méthodes de cultures demeurent en partie archaïques. La modernisation de ce secteur, vital pour l'économie marocaine, est une priorité du plan Maroc vert (PMV). La précarité du secteur agricole marocain demeure un sujet préoccupant. Le Maroc dépend énormément d'une agriculture qui, elle-même, dépend des précipitations. L'adage est connu : bonne saison de pluie, année faste pour l'économie du pays. Le rendement des exploitations est généralement faible, avec les trois quarts des terres agricoles ne dépassant par les 5 ha et une focalisation sur les céréales. Ajoutez à cela la rareté des ressources hydriques qui entraîne une faible représentabilité des produits marocains sur les marchés internationaux (mis à part quelques agrumes et primeurs), une situation peu enviable des petits agriculteurs, et une campagne beaucoup plus pauvre que la ville. La modernisation de l'agriculture peut être définie comme une transformation durable, intégrant le progrès technique dans les pratiques agricoles et nécessitant généralement une intensification en capital. Ce processus ne se réalise qu'à certaines conditions. Face aux résultats mitigés des différentes stratégies lancées pour la modernisation de l'agriculture marocaine, le PMV se veut une plateforme réaliste et réalisable avec une feuille de route précise et des objectifs clairs et tangibles. Il est venu pour combler les défaillances et les lacunes des plans qui l'ont précédé. Pour ce faire, le PMV a fait appel à la mobilisation et à la participation de tous les acteurs tant pour sa conception que pour sa réalisation Pour moderniser le secteur, il était primordial de mettre à sa disposition des organismes d'encadrement plus développés. D'abord, par une restructuration du département de l'Agriculture qui répond à la nécessité d'améliorer son fonctionnement et de le doter de moyens et structures à même de satisfaire aux exigences de l'exécution du plan Maroc vert. Pour veiller à l'application et l'accompagnement de la stratégie, de nouvelles entités ont vu le jour comme l'Agence de développement agricole (ADA), ou l'Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaire (ONSSA), ou l'Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l'arganier (ANDZOA). Outre les organes de l'Etat, il était impératif de procéder à une vaste réforme des acteurs, notamment les Chambres d'agriculture, les associations et autres représentations professionnelles. Au niveau des filières, le PMV a opté pour les contrats-programmes dont plusieurs sont déjà opérationnels. La déclinaison régionale de la stratégie à travers 16 plans est une autre approche adoptée pour donner au développement agricole local les moyens de son essor et mettre en valeur les spécificités de chaque région. La promotion de l'investissement est un axe fondamental du PMV qui ne peut réussir qu'à travers plusieurs outils. D'abord, la mise en place d'un système d'assurance agricole facile, pratique et adapté. Il s'agit aussi de rénover le Fonds d'investissement agricole et d'instaurer des mécanismes plus incitatifs surtout au niveau des primes, des subventions et autres formes de financement. L'idée est d'encourager la mécanisation, l'utilisation des intrants et des nouvelles techniques ou procédés. Au programme figure également la mise en place d'une nouvelle stratégie du Conseil agricole qui a pour objectifs de renforcer l'accompagnement des exploitants et d'accroître le transfert de savoir-faire agricole sur le terrain. Le PMV a accordé également une grande importance au développement des exportations agricoles avec l'agrégation et l'agro-industrie, notamment les abattoirs et les agropoles. Sur le plan législatif, plusieurs textes ont vu le jour comme la loi sur l'agrégation, celle sur l'interprofession et enfin sur les signes géographiques. Il faut souligner que le PMV a manifesté un fort intérêt pour la recherche et le développement. Dossier réalisé par C. Jaidani A la rescousse du secteur bour Le secteur bour qui représente plus de 7 millions d'hectares, soit 80 % de la superficie cultivable, s'est peu modernisé et les rendements ont peu progressé. Ce secteur reste dominé par les céréales (60 % de la Superficie agricole utile (SAU) et la jachère (20 % de la SAU). Le parc de tracteurs est encore faible (35.000 unités, soit 250 ha par tracteur) et est mal réparti (58 % en irrigué). La fertilisation a fortement progressé mais elle n'assure encore que 40 % des besoins ; elle aussi est mal répartie (58 % en irrigué). Les principaux obstacles à la modernisation du secteur bour sont notamment le manque d'aides de l'Etat. En plus des aléas climatiques on peut citer : un microfondia important (plus d'un million d'exploitations de moins de 5 ha sur près de 2 millions d'hectares) et des statuts juridiques des terres (collectif, habous, guich) peu compatibles avec la modernisation. Le collectif, en particulier, concerne plus d'un million d'hectares. Les conséquences de cette politique sélective menée par le Maroc sont une agriculture fortement duale et de grands déséquilibres économiques, régionaux et sociaux. Actuellement, le secteur agricole moderne concerne environ 2 millions d'hectares (22 % de la SAU), exploités par 10.000 grands propriétaires, auxquels il faut toutefois ajouter les petits exploitants des périmètres irrigués. Il faut souligner en effet que la modernisation a pu concerner les petites exploitations dans les périmètres irrigués et que le handicap du microfondia a pu être levé grâce aux multiples interventions de l'Etat : remembrement, aménagement hydraulique en trame collective, garantie des approvisionnements et des débouchés, organisation de la vulgarisation et du crédit. La nouvelle politique de désengagement de l'Etat vise à réduire les déséquilibres. Elle risque au contraire de privilégier les grandes exploitations et d'écarter les petites.