Maroc Taswiq, né des cendres de l'OCE, mène une stratégie innovante pour accompagner coopératives et petits producteurs. Transformé en S.A, l'Office ouvrira son capital aux petits producteurs, coopératives et GIE, moyennant un abattement préférentiel sur le prix de l'action. Les premiers résultats sont concluants avec l'ouverture du premier magasin solidaire et équitable. Najib Mikou, le Directeur général de Maroc Taswiq, revient en détail sur ce travail de fourmi pour faire d'un office en faillite programmée, un véritable outil de l'Etat pour soutenir l'économie solidaire. • Finances News Hebdo : Avant de parler d'économie solidaire et des magasins solidaires et équitables, pouvez-vous revenir sur toute la mutation qu'a connue l'Office du Commerce Extérieur, depuis votre arrivée à sa tête en août 2008, jusqu'à la naissance de Maroc Taswiq des cendres de l'OCE ? • Najib Mikou : Si je devais utiliser une formulation pour résumer aujourd'hui cette mutation, je dirais «l'OCE est mort, vive Maroc Taswiq». En effet, je dois vous avouer qu'on revient de très loin en raison de la situation très délicate dans laquelle se trouvait l'Office à tous points de vue. Tous les signes extérieurs que j'y ai trouvés dégageaient un état très avancé de liquidation programmée, mais tous les grands chantiers engagés par le Souverain, dont l'INDH, le Plan Maroc Vert, m'ont donné toutes les raisons de croire en un destin différent pour cet Office. • F. N. H. : Comment, dans un contexte pareil, puiser la force de mettre de l'ordre dans tout cela ? • N. M. : J'ai travaillé dès mon arrivée, dans deux sens complémentaires et d'une façon concomitante. J'ai, d'un côté, sollicité les services de l'Inspection Générale des Finances pour avoir un état des lieux actualisé de la situation passée de l'Office. Ce chantier a été entamé dès le mois de septembre 2008 et le rapport final a été remis en mai 2010. Ce rapport qui relate la situation précise de 2005 à 2007, était très critique sur un certain nombre de choses. Et j'ai, d'un autre côté, repris la feuille de route de restructuration de l'Office, élaborée en 2005 déjà, par une Commission Interministérielle présidée par le Premier Ministre, et ce pour m'occuper cette fois-ci de l'avenir de l'Office. • F. N. H. : Quelle a été la première chose que vous avez faite à la suite de ce rapport et de la lecture de ladite feuille de route? • N. M. : La priorité était de réunir le Conseil d'Administration. Je vous informe au passage que cette instance dirigeante de l'Office ne s'est pas réunie de 2002 à 2008. Un Conseil s'est donc tenu le 19 décembre 2008. J'ai informé les membres du Conseil de la mission déjà entamée de l'IGF, et de mon intention de mettre immédiatement en œuvre la feuille de route, dont le lancement d'une étude de repositionnement stratégique de l'Office, une étude d'élaboration d'un nouveau système d'information, la préparation de l'ensemble du dispositif de bonne gouvernance, l'élaboration d'un nouveau projet de loi que j'ai promis tout à fait novateur. Le Conseil a adopté l'intégralité de mes projets, ce qui a donné le coup d'envoi à la construction d'un nouveau destin pour l'Office. • F. N. H. : L'Office de Commercialisation et d'Exportation a également fait l'objet d'un rapport de la Cour des Comptes couvrant la période de 2005 à 2009. Il a conclu à la fermeture de cet établissement public qui n'est plus compétitif… • N. M. : Effectivement, la Cour des Comptes a fait le constat que l'OCE doit tout simplement fermer ses portes puisqu'il n'a plus la capacité d'être compétitif dans son segment d'intervention, d'autant plus qu'il est devenu l'ombre de lui-même avec le départ volontaire de 95 % de ses ressources humaines, ses difficultés financières et l'état de délabrement très avancé de ses infrastructures techniques. Au risque de vous étonner, je partage totalement ce constat auquel sont parvenus aussi bien la Commission Interministérielle que le Cabinet Mazars qui a d'ailleurs été retenu pour l'élaboration d'un nouveau positionnement stratégique de l'Office. • F. N. H. : Qu'est-ce qui a précisément motivé la décision de relancer ce grand corps malade ? • N. M. : Des nouveautés structurantes sont intervenues dans notre pays et ont permis de présager d'un rôle important pour cet Office. Sachez Madame que la facilité était bien évidement de continuer dans le sens tracé et déjà très avancé de la fermeture pure et simple de l'OCE. Qu'aurait été ma valeur ajoutée pour mon pays si à ce niveau de responsabilité, je m'étais contenté de la facilité, de me résigner devant la difficulté ? Trois nouveautés majeures sont intervenues : La première en 2005 avec le lancement de l'INDH. SM le Roi a lancé quelque chose de fabuleux que bien des opérateurs ont réduit à une action sociale de plus parmi toutes celles qui ont marqué le nouveau Règne. Alors que l'INDH constitue un véritable chantier, une formidable chance, un grand gisement de développement économique et social qui est en train d'ériger l'économie solidaire en socle stratégique de la croissance économique pour les cinquante prochaines années. Cette initiative a apporté le soutien concret aux petits producteurs, permis de booster la constitution des coopératives, d'injecter le savoir-faire, la technologie et l'appui multiformes de la coopération internationale. Il n'a pa fallu attendre plus de trois à quatre ans pour que les premiers fruits de l'œuvre royale commencent à s'exprimer à l'étonnement général. Miel, d'huile d'olive, safran, couscous , huile d'argan, produits cosmétiques, dérivés de figues de barbarie, et j'en passe, traduisent aujourd'hui la nouvelle réalité de notre monde rural. La deuxième nouveauté est sans conteste le "Plan Maroc Vert", qui constitue sans conteste la première stratégie agricole digne de ce nom dans l'histoire de notre pays. Le pilier II de cette stratégie est un corolaire naturel de l'INDH, qui vient renforcer davantage la nouvelle vision du Royaume en matière d'économie solidaire. La troisième nouveauté consiste en l'émergence d'un grand ministère de l'Economie Sociale qui prend en charge la constitution des coopératives et leur accompagnement dans le cadre d'une approche moderne et ambitieuse. Une étude réalisée en 2010 par un cabinet international à la demande de ce ministère fait venir l'eau à la bouche de nos opérateurs politiques qui se sont aperçus de l'ampleur de l'enjeu des perspectives ouvertes par l'INDH. L'étude a conclu que le Maroc peut exporter, entre 2010 et 2012, jusqu'à 2 milliards de DH de produits de l'économie solidaire. • F. N. H. : Justement, où se positionne l'OCE qui est devenu Maroc Taswiq ? • N. M. : L'économie solidaire repose sur les petits producteurs auxquels on a donné des moyens, qu'on a organisés en coopératives … . Mais il manquait un maillon perdu important, car il ne suffit pas de produire. Le grand défi qu'il restait à relever par les pouvoirs publics était d'aider les coopératives à transformer leurs productions en revenu stable, durable et équitable, et ce pour éviter que tout l'effort accompli ne soit le beau gibier des intermédiations négatives aux dépends des petits producteurs qui doivent être les principaux bénéficiaires de l'effort collectif. Pour être efficace et de portée immédiate, l'intervention publique devait considérer deux faits majeurs : 1- le secteur de l'économie solidaire concerne toutes les régions du pays et des centaines de milliers de Marocains. Et donc il ne peut ni ne doit relever de la responsabilité du privé; 2- le commerce national et international évoluent au rythme d'une concentration accrue de la demande entre les mains de grandes surfaces qui s'accaparent entre 80 et 95% de la distribution en Europe, aux USA, au Japon. Par conséquent, ces grands géants ont besoin de volumes conséquents et réguliers qu'aucune petite coopérative marocaine ne peut assurer. Ce sont ces nouveautés et ces faits intervenus qui ont justifié tout l'intérêt du travail de réforme, d'assainissement et de repositionnement accompli pendant ces trois dernières années. • F. N. H. : Le projet de loi existait bien avant votre arrivée ? • N. M. : J'ai trouvé un texte resté pendant quatre ans dans les tiroirs. Il n'intéressait plus personne puisque l'OCE devait fermer ses portes. Donc, nous avons opéré une reprise intégrale du texte à telle enseigne que quand nous avons présenté la copie du projet à nos interlocuteurs dans l'Administration, ils étaient surpris de voir le projet de texte changé à 99 % de la version initiale. Ma réponse était que le Maroc avait changé de 99 % et qu'il fallait que les lois suivent l'évolution du pays. • F. N. H. : Quelles sont les grandes lignes de ce texte de loi qui repositionne l'OCE ? • N. M. : Ce projet de loi est une véritable révolution. Il est tout simplement inédit. Il repositionne l'OCE au cœur de l'économie solidaire non pas pour accomplir des actions sociales mais pour être un acteur public majeur dans la valorisation et la commercialisation au Maroc et à l'étranger, des produits des petits producteurs. Il contribuera à faire rencontrer un potentiel de production nationale immense avec des capacités commerciales internationales énormes exprimées et portées par nos différents Accords de libre-échange. Son intervention se situe, par conséquent, en aval de l'économie solidaire pour compléter dans la plus grande synergie, et appuyer le travail fort important accompli par le ministère des Affaires Générales, le ministère de l'Agriculture, l'INDH et les Agences régionales de développement. La deuxième grande force de ce projet de loi est que l'OCE sera transformé en S.A et ouvrira son capital aux petits producteurs, coopératives et GIE moyennant un rabattement préférentiel sur le prix de l'action. Bien plus, et afin que cet organisme puisse garder sa vocation de bras opérationnel de l'Etat dans l'économie solidaire, l'Etat gardera 51 % du capital de l'office. En sommes, nous sommes en train de convertir un petit producteur-fournisseur en un actionnaire dans un tour de table stratégique. Et pour boucler la boucle, les petits producteurs affiliés à l'OCE bénéficieront d'une couverture maladie pour eux et leurs enfants. Pour l'anecdote : beaucoup de gens du public et du privé me riaient au nez à l'annonce de cette vision des choses. La plus grande et plus belle consécration c'est que Sa Majesté a adopté ce projet de Loi en conseil des ministres du 5 mars 2010. Ceci dit, je dois souligner que l'adhésion par les petits producteurs et les coopératives au concept de l'OCE est absolument volontaire. L'ère du monopole est révolue. L'OCE sera un incubateur de coopératives, de consortiums de valorisations, de clusters qui, une fois ayant atteint la masse critique en volumes, en maîtrise de la qualité et en capacité d'action sur leurs coûts des facteurs et sur leurs marchés, devront quitter l'OCE pour voler de leurs propres ailes. • F. N. H. : Combien de temps cela vous a pris de revoir de fond en comble et le texte de loi et le repositionnement stratégique de l'OCE ? • N. M. : C'est un chantier qui a nécessité un an de travail acharné et sans répit malgré les blocages de toutes natures, les intimidations de toutes origines, malgré toutes les nuisances organisées et malgré la rareté abyssale des moyens humains et matériels. Le 7 janvier 2010 j'ai présenté la nouvelle stratégie au Conseil d'Administration. Je rappelle juste que j'ai passé trois ans et demi à la tête de l'OCE et durant cette période j'ai tenu six CA, soit pratiquement le même nombre de Conseils tenu par l'OCE de 1990 à 2008. Il n'y a pas eu une décision ou disposition qui n'ait été décidée dans le cadre de la loi et du Conseil d'Administration. La stratégie présentée, le nouveau système d'information mis en place, nous avons préparé les plans stratégiques et les plans opérationnels sur cinq ans avec des budgets prévisionnels couvrant la même période. En plus des chiffres d'affaires prévisionnels sur cinq ans, des comptes d'exploitation, des plans d'investissement, … Et, cerise sur le gâteau, à travers le déploiement des moyens de l'Office, j'ai annoncé que ce projet d'investissements de plusieurs dizaines de millions de DH, ne coûtera pas un sou au budget de l'Etat ! Donc il coûtera zéro centime aux contribuables. Un projet de contrat-programme entre l'Etat et l'OCE, incluant l'ensemble du plan d'investissement et le plan de son financement, a été présenté au Conseil d'Administration qui l'a adopté. • F. N. H. : Comment pensez-vous justement financer votre projet d'investissement pour les cinq ans ? • N. M. : À travers le redéploiement des moyens existants de l'Office, nous avons pu créer un nouvel outil de travail assaini et qui se porte bien sur le plan financier. Et pour tourner une bonne fois pour toute la page du passé, nous avons élaboré une nouvelle identité visuelle et adopté un nouveau nom commercial, d'où l'idée première exprimée dans cette interview : «L'OCE est mort, vive Maroc Taswiq». L'identité et le nom ont été adoptés en Conseil d'Administration du 14 juillet 2010. • F. N. H. : Vous avez fait allusion aux outils de gouvernance. Depuis votre arrivée à l'OCE en fin 2008, qu'est-ce qui a été fait dans ce sens ? • N. M. : À mon arrivée, je n'ai trouvé aucun outil de gouvernance approuvé par les tutelles technique, administrative et opérationnelles. Bien plus, j'ai hérité d'une situation financière très délicate que la Cour des Comptes n'a pas manqué de relever à juste titre. De même que des conflits et des dossiers litigieux avec la CNSS, la Douane, le personnel des filiales qui devaient être liquidées et qui ne l'ont pas été. Je me fais l'honneur de vous annoncer aujourd'hui que tout, je dis bien tout, le dispositif de bonne gouvernance a été élaboré et mis en œuvre. Il est opérationnel aujourd'hui. J'en cite : le manuel d'organisation générale, l'organigramme, le statut du personnel, le manuel des procédures administratives et comptables, le règlement des marchés, la cartographie des risques liés aux métiers de l'Office, un projet de contrat-programme avec l'Etat sur quatre ans pour la réalisation des plans stratégiques, une déclaration du patrimoine du Directeur général, de ses enfants et de l'encadrement supérieur de l'Office, une entité d'audit interne, la tenue des Conseils d'Administration, la certification des comptes par un cabinet d'Audit externe, l'abolition de toutes les expressions matérielles et administratives ne correspondant pas aux valeurs de la responsabilité publique et de l'idée que je me fais du Service Public… en plus du nouveau projet de loi qui est aujourd'hui entre les mains des représentants de la Nation. Je me fais le même honneur de vous annoncer également que les trois exercices que j'ai passés à l'OCE sont excédentaires, certifiés et adoptés par le conseil d'Administration. Je me fais un véritable honneur de vous annoncer que nus avons recruté depuis 2009 des ingénieurs, des experts-comptables, des diplômés de 3ème cycle en commerce, marketing et systèmes d'information. Nous sommes en train de bâtir un organisme public suffisamment ramassé pour être compétitif et suffisamment fourni en compétences pour être efficace. Je me fais enfin l'honneur de vous annoncer l'assainissement intégral du portefeuille de l'Office dans le cadre du nouveau plan stratégique, et plus particulièrement : • la liquidation de SLIMACO en 2009 et de SOCOBER en 2010, après avoir réglé tous les conflits sociaux ayant reporté leur nécessaire liquidation depuis des années ; • la cession à SOCAMAR de la gestion des infrastructures de SLIMACO en 2010 et de SOCOBER en 2011, et ce dans le cadre du nouveau rôle de SOCAMAR devenu pôle technique de l'Office tel que retenu en 2010 le Conseil d'Administration; • la réalisation de 2009 à 2010 d'audits externes de l'outil de production et du système énergétique de SOCAMAR, qui ont abouti à l'élaboration d'un programme triennal de modernisation de cette filiale stratégique; • la mise en place en 2009 d'un dispositif de recouvrement des créances de l'Office qui sera renforcé à très court terme par le recours à d'autres sociétés complémentaires spécialisées. 4 F. N. H. : Tout ce travail en amont a été couronné par l'ouverture du premier magasin solidaire et équitable à Casablanca. D'autres vont-ils suivre bientôt ? 4 N. M. : Dans le cadre de son nouveau positionnement stratégique en tant qu'organisme public intervenant dans le secteur de l'économie solidaire, Maroc Taswiq a mis en œuvre, en parfaite synergie avec des partenaires gouvernementaux et de la société civile, un dispositif ambitieux d'accompagnement des petits producteurs individuels ou regroupés dans des coopératives ou GIE agricoles, notamment en matière de commercialisation de leurs productions. «Les Magasins Solidaires et Equitables», nouvelle enseigne tout récemment créée, fait partie dudit dispositif. Il s'agit d'une nouvelle chaîne de magasins dont le 1er est intégralement prêt à Casablanca. Mais, permettez-moi de vous informer qu'il ne s'agit pas seulement d'une chaîne de magasins, originale soit-elle. «Les Magasins Solidaires et Equitables» est tout un concept beaucoup plus global et structurant : a- un site e-commerce en arabe, français, anglais et espagnol dans cette 1ère phase (une version amazigh est en cours). Ce site sera ouvert dans dix jours. b- des vendeurs de proximité aux ménagères à domicile et dans les lieux de travail, aux grandes et moyennes surfaces, aux épiceries, aux collectivités (hôtels, restaurants, cantines …etc. Ce mode de commercialisation pourrait être porteur d'une création massive d'emplois. c- des actions favorisant l'exportation sur les marchés internationaux à travers notamment des partenariats avec des enseignes étrangères, la mobilisation de nos concitoyens résidents et commerçants à l'étranger, nos chancelleries … etc. 4 F. N. H. : L'accompagnement de Maroc Taswiq ne se limite pas qu'à la commercialisation et l'exportation ? 4 N. M. : Maroc Taswiq apporte également aux coopératives : a- la valorisation de leurs produits à travers le recrutement de cabinets nationaux et internationaux pour les accompagner à mettre en place des systèmes qualité qui soient reconnus à l'échelle internationale. Cet accompagnement se fixe pour objectif la certification internationale aussi bien du produit que des infrastructures de son conditionnement, et ce afin que les produits de l'économie solidaire puissent accéder aux marchés internationaux. Une convention a été signée le 30.9. dernier, entre le ministre de l'Economie et des Finances et le Directeur de Maroc Taswiq, permettant le financement public intégral de cette certification. b- la mutualisation de leurs achats d'emballages et accessoires de conditionnement et de transformation pour gagner en coût de production et donc en compétitivité, c- la collecte de leur offre à travers une mutualisation d'un transport adapté et «à domicile» au prix coûtant. Cette prestation a déjà été mise en œuvre pour la collecte des produits des coopératives ayant été acheminés vers le 1er magasin de Casablanca. d- l'affrètement de la logistique appropriée et au prix coûtant pour assurer la distribution et l'exportation, e- la commercialisation au Maroc et à l'export, f- le recouvrement des recettes après avoir sécurisé les conditions de paiement au Maroc et à l'étranger. g- le transfert des recettes aux coopératives dans des délais très courts afin notamment de soutenir leur trésorerie. h- La mise en place d'un portail strictement dédié aux coopératives des petits producteurs leur permettant d'accéder, moyennant un code personnalisé et confidentiel, aux informations concernant le détail de leurs ventes et de leurs recettes. Le scoop c'est que toutes ces prestations de Maroc Taswiq au profit des coopératives coûteront ZERO centimes à ces coopératives. Le prix du produit, convenu avec la coopérative, lui sera intégralement remis une fois la vente opérée. • F. N. H. : Aujourd'hui, Maroc Taswiq couvre-t-il toutes les régions du Maroc ? • N. M. : Oui, sans exception ! Nous avons aujourd'hui dans «Les Magasins Solidaires et Equitables» les produits de toutes les régions du pays. Et ce n'est pas sans fierté que nous avons ouvert une délégation régionale à Laayoune, avec à sa tête un jeune cadre supérieur de grande formation et compétence, qui a la charge de chapeauter cinq postes dans nos provinces du Sud, qui sont tous appelés à mener un travail de proximité avec les coopératives locales pour valoriser leurs productions et confier à Maroc Taswiq leur commercialisation. • F. N. H. : On dit de vous : Monsieur bardé de diplômes. C'était ça votre secret et vos armes pour ce que vous avez réalisé ? • N. M. : Les diplômes sont certes importants pour assumer une responsabilité publique de cette complexité et importance. Je suis fier de dire que je suis le produit de l'école publique marocaine, que j'ai un Bac avec prix d'excellence, que j'étais major dans ma formation universitaire marocaine, que j'étais major du cycle supérieur du commerce international de l'ISCAE, que j'étais major du Mastrer de l'ESSEC de Paris et distingué dans mon 3ème cycle à Aix Marseile. Mais la responsabilité publique a besoin de bien plus que ça. Je ne suis pas né directeur général, je dois avoir commis des erreurs en m'investissant à réformer, à moraliser, à relancer, à redynamiser une structure qui a regroupé toutes les difficultés à la fois. Mais ma devise est que ceux qui se battent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu. Le Maroc a besoin que l'on se batte pour lui, qu'on l'honore, qu'on le serve avec compétence et intégrité. Il s'agit là donc d'un état d'esprit, d'un caractère, d'une rage de transformer les difficultés en opportunités pour mon pays. Dieu merci, je ne regrette nullement d'avoir décidé de me battre au lieu de me résigner à la facilité. Les premiers résultats sont là. Je regrette évidemment d'avoir été parfois naïf, d'avoir trop fait confiance à des gens qui se sont avérés indignes, de m'être trompé parfois d'appréciation. Ceux qui me demandaient de me ranger et de me contenter du salaire et de la voiture de fonction, se font certainement petits aujourd'hui et regrettent d'avoir prodigué leurs conseils abjects à la mauvaise personne. Propos recueillis par Imane Bouhrara