Les sociétés de crédit à la consommation ont cherché à satisfaire une demande que les retraités ont eux-mêmes exprimée. La part des crédits aux retraités mandatés par la CMR représente 5 à 6% des prêts accordés par les sociétés de crédit. La CMR et l'APSF ont convenu de nouvelles règles en matière d'endettement des retraités et de lutte contre le risque de surendettement. Tour d'horizon avec Mostafa Melsa, délégué général de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF). * Finances News Hebdo : Longtemps boudés par les sociétés de financement, les retraités sont devenus la cible, presque favorite de ces dernières ; quelle en est la raison, selon vous ? * Mostafa Melsa : Les retraités ont-ils été longtemps boudés par les sociétés de crédit à la consommation ? Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'elles ont cherché à satisfaire une demande que les retraités ont eux-mêmes exprimée. S'agissant des fonctionnaires retraités et quand les conditions ont été réunies, un partenariat a été conclu entre les sociétés de crédit et la Caisse Marocaine des Retraites, ce qui permet aux retraités de bénéficier des meilleures offres de crédit possibles. Disons, pour reprendre l'esprit de votre question, qu'à un moment donné, l'offre a rejoint la demande. Ni plus, ni moins. * F. N. H : Ne croyez-vous pas que cette tranche de population présente un niveau de risque assez élevé? * M. M : En quoi le serait-elle ? En raison de l'âge ? L'âge n'est pas forcément un facteur de risque, voire un facteur discriminant dans l'octroi d'un crédit. D'autant que si on se place à un niveau global, on voit bien que l'espérance de vie augmente. Au contraire, les retraités représentent une population par essence sage et mature, qui mesure parfaitement la portée de ses engagements et destine le crédit à un usage qui certainement se justifie pleinement. Par exemple pour aider à la scolarité d'un petit-enfant ou faire face à des dépenses imprévues de santé. Le risque, parce que le risque existe toujours, et c'est dans l'essence même du crédit, n'est pas intrinsèquement plus élevé pour les retraités que pour d'autres tranches de population. * F. N. H : Quelles sont les conditions exigées de cette population dite de troisième âge afin de pouvoir bénéficier des offres de financement ? * M. M : Les conditions sont celles appliquées à l'occasion de l'octroi de tout crédit. Les sociétés de crédit les rapportent à trois, essentiellement, avec comme préoccupation centrale, qui figure d'ailleurs en bonne place dans le code déontologique de la profession adopté en 1998, de ne pas endetter outre mesure la clientèle. Primo, disposer d'un revenu stable et parfaitement identifié et être en mesure de faire face à ses engagements. Deuxio, disposer, après remboursement de chaque échéance, d'une somme qui permet de faire face aux besoins de la vie courante. Tertio, autoriser un prélèvement de la mensualité à rembourser via la banque ou à la source (via l'employeur dans le cas d'un salarié; en l'occurrence via la caisse de retraite qui mandate le retraité). * F. N. H : Une convention a été signée en novembre dernier entre l'APSF et la CMR; dans quel but cette dernière a-t-elle été instaurée ? * M. M : En fait, la convention a été signée en avril 2005. Elle s'inspire de celle conclue entre les sociétés de crédit membres de l'APSF et la TGR (Trésorerie Générale du Royaume), et plus précisément ses services chargés de mandater les fonctionnaires de l'Etat (historiquement, la DOTI, le SOM, la DRPP, la PPR et aujourd'hui le CNT, Centre National des Traitements). Cette convention a été conclue en vue d'éviter le surendettement des fonctionnaires et repose sur une procédure de consultation-réservation-confirmation. Concrètement, il s'agit d'un système d'échange d'informations entre la CMR et le CNT qui donne à une société de crédit à la consommation une information en temps réel sur la situation d'endettement du retraité qui la sollicite pour un crédit. La convention permet un prélèvement à la source du montant de la mensualité à rembourser par la CMR qui la reverse, après déduction de frais et commissions, à la société de crédit. Ledit prélèvement à la source s'effectue bien évidemment à la demande expresse du client qui signe un ordre de prélèvement ad hoc, pièce maîtresse accompagnant le contrat de crédit. Depuis le 1er juillet 2011, la CMR et l'APSF sont convenues de nouvelles règles en matière d'endettement des retraités et de lutte contre le risque de surendettement. Citons parmi ces règles et pour tout nouveau crédit, la fixation d'un taux de charge maximum de 40% (mensualité rapportée au montant net de la pension, hors allocations familiales), d'une pension nette après prélèvement de 1.500 dirhams minimum (toujours hors allocations familiales) et la fixation à 60 mois maximum de la durée d'un crédit, celle-ci ne devant pas excéder la durée de la couverture du pensionné par l'assurance décès * F. N. H : La cible des retraités est-elle assez importante pour que les sociétés de financement décident de se tourner vers elle, notamment en cette période où pèse une tension sur la liquidité ? * M. M : La part des crédits aux retraités mandatés par la CMR représente 5 à 6% des prêts accordés par les sociétés de crédit. Est-ce beaucoup, est-ce peu ? L'offre de crédit à ce niveau répond en tout cas à une demande donnée. Et puisque vous l'évoquez, cette «tension sur la liquidité» se traduit par un renchérissement du coût de refinancement des sociétés de crédit, qu'elles ne répercutent pas en l'occurrence sur cette clientèle, ayant même convenu avec la CMR, en vertu des nouvelles règles applicables depuis juillet 2011 évoquées plus haut, de consentir un geste commercial envers les retraités fonctionnaires. Dossier réalisé par Wafaa Mellouk