Ils sont 34 fonds gérés par 17 sociétés de gestion. Le cumul des fonds levés a atteint à fin 2011 pratiquement 8 Mds de DH, dont 3,3 Mds de DH investis. L'amendement de la loi relative aux OPCR devrait permettre de booster davantage cette activité. Dans une conjoncture nationale et internationale peu favorable, le capital investissement poursuit toujours sa dynamique de développement. C'est ce que démontre, en effet, l'étude que vient de publier l'Association marocaine des investisseurs en capital. Ainsi, à fin 2011, le nombre de sociétés de gestion s'élève à 19, dont la géographie des capitaux montre une prépondérance des institutionnels (55%), quand bien même la part des équipes de gestion tend de plus à plus à se renforcer, passant d'une année à l'autre de 23 à 26%. Des équipes de gestion dont l'expertise est actuellement davantage reconnue, puisque la gestion discrétionnaire, où les décisions d'investissement leur reviennent entièrement, représente au total 28% et tend à se renforcer. Avec la création en 2011 des fonds Idraj (CFG) et MPEF III (Maroc Invest), on dénombre aujourd'hui 34 fonds gérés par 17 sociétés de gestion (Private Equity Initiatives et Valoris n'ayant pas encore levé de fonds) qui, depuis 2006, adoptent des formes juridiques assez diversifiées, avec néanmoins une prédominance des SA (40%) et de la forme étrangère (36%) pour les fonds logés hors du Maroc. «Aucun fonds n'est encore constitué en organisme de placement en capital risque (OPCR), bien que plusieurs sociétés de gestion aient obtenu l'agrément», précise l'étude. Il faut, à ce titre, rappeler que la loi relative aux OPCR attend d'être amendée. Ce qui, vraisemblablement, devrait permettre de booster encore cette activité au Maroc, à travers, entre autres, un cadre fiscal plus incitatif pour les OPCR, l'élargissement de leur champ d'intervention et une politique d'investissement moins contraignante. Cela devrait ainsi se traduire par une autre répartition géographique des fonds, puisqu'entre 2006 et 2011 la part des fonds logés au Maroc s'élève à 52%, le reste étant localisé à l'étranger, précisément l'Ile Maurice (26%), l'Ecosse (6%), le Luxembourg (6%), l'Espagne (5%) et la France (4%). Fonds levés en baisse Les fonds levés au titre de l'exercice 2011 (nouveaux fonds et nouveaux closing) ont atteint 480 MDH contre 1,02 Md de DH en 2010, portant le montant total des fonds levés depuis 1999 à pratiquement 8 Mds de DH. A noter que sur la période 2006-2011, les fonds marocains ont levé 3,7 Mds de DH contre 2,9 Mds de DH pour les fonds transrégionaux. Période durant laquelle d'ailleurs la majorité des fonds (84%) reste généraliste, les fonds sectoriels (1 Md de DH levé) représentant 16%. La zone d'investissement prioritaire reste le Maroc (58%), avec cependant l'apparition, depuis 2006, de fonds transrégionaux ciblant davantage le Maghreb (19%) et l'Afrique et dont une part est allouée au Maroc. Au niveau des capitaux levés par type d'investisseur, l'étude souligne que «la part des institutions financières (y compris les compagnies d'assurance) et celle des organismes de développement a fortement progressé depuis 2006, représentant plus des 2/3 des investisseurs». Par ailleurs, les investisseurs étrangers représentent plus de 50% des fonds levés, dans un peloton mené principalement par l'Union européenne (44%). Investissements A fin 2011, les montants investis se sont élevés à 344 MDH (16 actes d'investissement et 7 de réinvestissement) contre 665 MDH en 2010. Une baisse qui s'explique, entre autres, par le fait que 2010 a connu deux opérations exceptionnelles, alors que 2011 a coïncidé pour certains fonds avec la période de fin d'investissement, avec de surcroît une conjoncture qui a poussé certains fonds à différer leur investissement en attendant plus de visibilité. «Hormis ces deux opérations exceptionnelles , nous sommes pratiquement dans la même fourchette de montants investis comparativement aux années précédentes», rassure-t-on du côté de l'AMIC qui se réjouit d'avoir investi, en un peu plus d'une décennie, 135 entreprises pour un montant cumulé de 3,3 Mds de DH. Une belle performance s'il est permis, toutes choses étant égales par ailleurs, de comparer le nombre d'entreprises ayant été séduites par le capital investissement à celles ayant opté pour l'introduction en Bourse depuis sa création. «Nos activités se complètent cependant, puisque nous alimentons la Bourse à travers les désinvestissements», nuance le président de l'AMIC, Choukri Oimdina qui estime le stock à investir dans une fourchette de 3 à 4 Mds de DH. En valeur, les actes d'investissement en 2011, qui ciblent majoritairement les entreprises en stade de développement (88%), sont surtout orientés vers les services (45%) et le secteur de la construction BTP (21%) dans des entreprises localisées principalement dans la région du Grand Casablanca (58%). Toutefois, «depuis 2006, on observe une diversification accrue des investissements en terme de zones géographiques, en particuliers vers Rabat-Salé, Tanger, Fès et l'Oriental», note l'étude, non sans souligner la forte augmentation des transactions de plus de 50 MDH, de même que le trend haussier des prises de participation majoritaires représentant 36% pour les fonds de seconde génération (2006-2011). A noter que les PME familiales, réputées très fermées sur elles-mêmes, tendent de plus en plus à s'ouvrir au capital investissement, d'autant que 90% des fonds ont été investis dans ce type de structure. Désinvestissements En raison de l'arrivée à échéance des fonds de première génération, plus de 500 MDH ont été désinvestis au cours des deux dernières années, portant le montant total des désinvestissements à 1,6 Md de DH à fin 2011. Rien que pour 2011, 10 actes de désinvestissement ont été enregistrés, avec à la clé deux introductions en Bourse : Jet Alu et S2M. D'ailleurs, la cession de titres reste le mode de sortie le plus prisé. En valeur, les désinvestissements se font essentiellement (76%) par le biais de cession de titres cotés, avec en prime un TRI brut moyen pondéré global de 20%. La transmission et le développement rapportant les TRI les plus élevés, avec respectivement 28 et 20%. «Les TRI avec participations résiduelles et les TRI liés à des participation inférieures à 1 an ne sont pas pris en compte», précise-t-on dans l'étude. Prévisions Les perspectives s'annoncent prometteuses pour l'exercice actuel : 35% des sociétés de gestion envisagent de manager des entreprises sous performantes, 18% chercheraient à investir dans de nouvelles entreprises et 29% à lever des fonds principalement durant le premier et le second semestre 2012 (18% et 36% respectivement) et le premier semestre 2013 (23%). Néanmoins, le contexte général qui prévaut au Maghreb pourrait impacter l'activité des sociétés de gestion, dont 30% estiment que cela pourrait entraver la levée de fonds, alors que 20% pensent que cela peut éventuellement impacter la rentabilité des entreprises en portefeuille. Par ailleurs, les fonds transrégionaux envisagent d'investir davantage au Maroc (32%), en Tunisie (24%) et en Algérie (24%). Et sur les cinq prochaines années, les actes d'investissement seront très diversifiés et toucheront plusieurs secteurs (agroalimentaire, santé, services, BTP, énergie, transport et logistique) dans plusieurs régions (Casa, Rabat, Tanger, Marrakech, Laâyoune…). Par D. William Périmètre et méthodologie L'étude couvre l'ensemble des fonds ayant un bureau de représentation au Maroc, les fonds ayant une stratégie d'investissement dans les entreprises non cotées, ainsi que ceux ayant une durée de vie limitée dans le temps (la durée d'un fonds étant en moyenne de 10 ans). Tous les secteurs sont donc concernés à l'exception des fonds dédiés à l'immobilier, l'infrastructure et au tourisme. Les données ont été collectées auprès de 18 sociétés de gestion et sur la base de leurs déclarations. Les montants des fonds levés comprennent uniquement la part dédiée au Maroc et seuls les investissements dans les entreprises marocaines ont été pris en compte. Enfin, les TRI correspondent aux TRI bruts par sortie communiqués par les fonds.