■ Les petites et moyennes capitalisations ne disposent pas d'un poids important dans le marché. ■ Le marché boursier marocain est dominé par les grands groupes. ■ Alors que certains analystes prônent la création d'indices dédiés, d'autres estiment qu'ils n'apporteront aucune valeur ajoutée aux PME. En matière d'investissement, le choix de la bonne valeur, celle au plus fort rendement est le champ de bataille et le souci de tout investisseur sur le marché. À cet effet, même les sociétés de Bourse ne cessent d'innover et d'opérer afin de présenter les meilleures opportunités, donc les valeurs les plus sûres et performantes à leurs clients. Si certains se basent sur des modèles mathématiques bien définis, d'autres, surtout les petits porteurs et les particuliers, se basent sur la notoriété du titre au détriment d'autres valeurs qui sont moins connues certes, mais qui offrent pourtant des potentialités de croissance plus importantes. L'on fait référence dans ce cas aux petites et moyennes capitalisations qui, de par leur faible pondération dans le MASI, restent le plus souvent à l'ombre des grandes capitalisations qui composent en quelque sorte le marché. Elles n'ont donc aucune chance d'attirer cette tranche d'investisseurs et de répondre par conséquent aux besoins des acteurs du marché désireux d'élargir leur univers d'investissement. Cependant, un professionnel du marché précise qu' «il est vrai que les petites et moyennes capitalisations ne disposent pas d'un poids important dans le marché leur permettant d'être visibles pour les investisseurs, mais la principale contrainte de ces sociétés est avant tout un problème de liquidité et de communication. Nous constatons qu'une grande partie des petites et moyennes capitalisations traitent à des niveaux de liquidité ridicules et ne disposent pas d'un département de communication dédié à communiquer avec les différents acteurs financiers du marché». Une pondération disparate En considérant les pondérations relatives dans les indices, notamment le MASI, on constate que le marché boursier marocain est dominé par les grands groupes. D'ailleurs, une simple variation de ces valeurs influence à la hausse ou à la baisse le baromètre du marché du fait de l'importante pondération de ces dernières. Un analyste de la place souligne que «l'indice général du marché est loin d'être représentatif de l'ensemble des valeurs cotées, vu la grande pondération des secteurs bancaire, immobilier et des télécommunication par leurs valeurs phares , à savoir Maroc Telecom, Addoha, Attijari et autres. Les moyennes et petites capitalisations s'en trouvent largement «délaissées», voire pas du tout représentées». Ceci ajoute au manque de visibilité par rapport aux opportunités de placement dans les petites valeurs. Il peut arriver par exemple que le marché enregistre, en fin de journée, une performance négative parce que tirée par les locomotives de la place, alors que les autres valeurs introduites au 2éme et 3ème compartiment ont clôturé la séance avec une performance favorable. D'où l'urgence (la nécessité) de créer des indices représentatifs des Small et Mid caps. Des indices où tout investisseur peut se retrouver. Pourtant, un professionnel du marché signale que «le marché est sur-représenté en terme d'indice. Il est indispensable de régler le problème de liquidité de ces sociétés avant de les vendre aux investisseurs. L'élaboration d'un indice dédié n'apportera pas une valeur ajoutée à ces sociétés». Small et Mid caps : le refuge en temps de crise En période de crise où rien ne va et où tous les modèles et valeurs sont remis en question, on constate que les petites et moyennes capis, quant à elles, tiennent le coup. Ces dernières sont, certes, plus volatiles que les actions de grandes sociétés, il n'en demeure pas moins qu'elles sont aussi plus rentables et plus solides en temps de crise. Cette situation pourrait être expliquée par le fait que ces valeurs sont moins courtisées par les investisseurs et gestionnaires de portefeuilles classiques. Mais aussi, à l'instar des grandes capitalisations boursières qui évoluent en fonction de l'environnement économique, national et international, une plus petite société sera moins soumise à ce genre de situation. D'ailleurs, l'un des professionnels du marché a attiré l'attention lors de l'introduction en Bourse de la valeur Afric Industries «qu'elle pourrait représenter une valeur refuge contre un retournement du marché». Pour rappel, Afric Industries est la dernière recrue de la BVC et est considérée sur le marché comme étant une petite capitalisation. Au-delà de l'indice… Les professionnels du marché font remarquer qu'il faudrait aller au-delà du simple fait de mettre en place un indice spécial PME sur le marché. L'idéal serait de créer un marché dédié à la cotation des titres des PME. Pour Hamza Tazi, analyste financier à Atlas Capital, «en première étape, il serait en effet judicieux de mettre en place un indice spécifique aux petites et moyennes capitalisations pour qu'il puisse refléter la performance de ces entreprises dans le sens où ce sont elles qui représentent le potentiel de croissance le plus important. Cependant, à mon avis, l'idéal, mais pour ça il faudrait qu'on ait un marché de taille beaucoup plus importante, serait carrément d'avoir un marché dédié à la cotation des titres des PME, type Alternext en France». Hamza Tazi souligne que «pour les personnes qui ne sont pas initiées, les petits porteurs, par exemple, à chaque fois qu'ils souhaitent investir en Bourse, ne font que suivre en quelque sorte la notoriété du titre». Et qui dit notoriété, sous-entend grandes capitalisations. Et s'il crée un marché spécifique, l'investisseur aura dans ce cas le choix entre les grosses capitalisations et les PME et peut donc avoir plus de visibilité quant à son choix d'investissement. Hamza Tazi attire cependant l'attention sur le fait que «les conditions d'accès pour les futurs boîtes qui vont être introduites doivent être beaucoup plus flexibles que les conditions actuelles. En effet, il ne suffit pas de réduire l'impôt sur les 3 premières années, mais aller au-delà et diminuer le nombre de titres à émettre par exemple, ou encore diminuer le capital social minimum. Un ensemble de mesures qui permettent d'avoir un marché qui regroupe un maximum de PME possible et qui présente un potentiel de croissance très important». L'inconvénient est qu'on est un marché encore embryonnaire, les banques pesant 30% de la capitalisation et Maroc Télécom 20%. «On constate en fin de compte que la moitié de la capitalisation est détenue par 7 valeurs sur un total de 77 valeurs existantes sur le marché, ce qui est une aberration», précise Tazi. ■