La préférence pour les grandes capitalisations réside dans leur liquidité. Les mid et small caps peuvent offrir d'importantes opportunités d'investissement. Tout investissement en Bourse revêt un caractère aléatoire dépendant d'un certain nombre de paramètres qui vont de l'évolution de l'économie, en général, à la définition de la stratégie de l'entreprise et à la capacité a faire face à la concurrence… Aussi, pour investir dans le marché des actions, il ne suffit pas d'opter pour le secteur le plus rentable qui, soit dit en passant, est le plus demandé. Encore faut-il faire le choix dans la stratégie de placement entre petites, moyennes et grandes capitalisations. La taille de la société, exprimée par la capitalisation boursière, constitue évidemment un aspect important dans l'allocation des actifs. Les grandes capitalisations, ou blue chips, sont dites titres de valeur et les petites capitalisations (mid et small caps) sont appelées valeurs de croissance. Ces dernières ne connaissent pas un grand succès auprès des investisseurs institutionnels et des gestionnaires de fonds. Et pour cause, hormis leurs interventions sur ces valeurs pour des raisons stratégiques, le simple positionnement sur ces valeurs peut les faire grimper ou chuter, selon les cas. A contrario, les investisseurs individuels ont la capacité d'intervenir sur les moyennes et petites capitalisations du marché sans pour autant en perturber la volatilité. Petites capitalisations, mais grandes opportunités L'indice général du marché boursier est tiré vers par les grandes capitalisations de la place à l'instar de Maroc Telecom, du groupe Addoha, de BMCE et de bien d'autres. La simple variation de ces valeurs influence à la hausse ou à la baisse le baromètre du marché du fait de l'importante pondération de ces dernières. Une stagnation de ces valeurs, dites locomotives du marché, conjuguée à une forte variation de certaines petites capitalisations, ne changeront en rien l'évolution de l'indice à la clôture de la séance. Mis à part la stratégie de placement, les small et mid cap n'ont pas beaucoup la cote, et ce d'une manière universelle. Pourtant, à voir la performance de leurs cours boursiers, leurs multiples boursiers, notamment le PER, et leurs résultats, on en arrive à être étonnés ! Prenons un échantillon composé de grandes capitalisations comme IAM et BMCE, de mid cap comme m2m et Maroc Leasing et de small caps comme Timar. Force est de constater qu'au niveau du PER, celui offert par IAM est aussi alléchant que celui de m2m ou de Maroc Leasing. Par ailleurs, Timar, petite compagnie du marché en terme de poids, présente des multiples de bénéfices bien plus importants que ceux des sociétés précédentes. En outre, la progression des bénéfices engendrée par les sociétés appartenant au marché développement et croissance est plus ample que celle des compagnies du premier compartiment. Au terme de l'exercice 2009, par exemple, alors que les grandes compagnies ont réalisé des résultats mitigés variant entre une stagnation pour IAM (+1,3%) et une dégradation du résultat net de la BMCE (-53%), les moyennes et petites capitalisations ont affiché des hausses remarquables (+65% pour MLE et 53% pour Timar). Quant à la performance des cours boursiers des sociétés des divers compartiments, celle-ci est tributaire, en plus des résultats et des perspectives de la société, d'éléments externes relatifs essentiellement au paysage macroéconomique. Par conséquent, celle-ci varie d'une société à une autre et d'une année à l'autre. Si l'on prend de ce fait comme illustration la performance annuelle enregistrée au titre de l'année 2010, IAM a clôturé l'année avec +10,7% d'évolution annuelle, BMCE -1,51%, -2% pour M2M, +50% pour MLE et +48% pour Timar. En prenant en compte ces trois paramètres, qui sont la croissance du résultat net, l'évolution du multiple boursier (PER) et la performance annuelle, il va sans dire qu'il y a lieu d'accorder plus d'attention aux petites et moyennes valeurs ! Ces valeurs mal aimées Les petites et moyennes capitalisations sont en soi moins diversifiées que les grandes, ce qui peut constituer un risque tant pour l'investisseur que pour la société elle-même en cas de récession de l'économie, de fonctionnement inadéquat pour le développement du produit ou, en général, de difficultés rencontrées par l'entreprise. Alors que les petites sociétés évoluent dans des marchés limités, en raison de l'étroitesse des produits offerts, les grandes compagnies opèrent, quant à elles, dans des secteurs variés, diversifiant ainsi les produits comme les risques. Sur le marché boursier marocain, l'orientation est généralement et psychologiquement pointée vers les grandes compagnies, là où la stratégie de développement est ficelée, où les bénéfices coulent de source (pas toujours, certes) et où la liquidité du titre est bien plus intéressante que celle des petites et moyennes sociétés émettrices. Celles-ci, qualifiées de «croissance», sont constamment à la recherche de croissance comme leur nom l'indique, et sont de ce fait en phase de quête de nouveaux marchés et de nouvelles niches sur lesquels se positionner avant de devenir (ou pas) de grandes capitalisations. «Les grandes capitalisations sont les plus liquides sur le marché, parce qu'elles sont les plus demandées et facilement échangeables», indique un gestionnaire de portefeuille de la place. La frilosité des investisseurs vis-à-vis des petites capitalisations réside également dans le fait que ces dernières appartiennent et sont gérées par des groupes familiaux, ce qui ne donne pas beaucoup d'opportunités à ces dernières pour s'élargir ou oser aborder des secteurs à haut risque. De ce fait, elles sont moins liquides que les sociétés de plus importante envergure. D'un tout autre point de vue, étant le moteur du marché, les grandes compagnies sont plus couvertes par les analystes que les petites, ce qui rend le placement dans ces dernières plus dificile à cause du manque d'analyses et d'informations. I. Ben. (Stagiaire) Pourquoi pas un indice spécifique aux moyennes et petites capitalisations ? Les pays développés sont, dans leur majorité, dotés d'un indice représentant les petites capitalisations et d'un autre comprenant les moyennes capitalisations. Au Maroc, mis à part l'indice général de la Bourse de Casablanca (MASI) et l'indice des valeurs des plus liquides (MADEX), il n'existe aucun indice qui puisse donner une idée générale sur l'évolution des marchés développement et croissance ! N'y a-t-on jamais pensé ou n'y voit-on pas l'utilité ? L'importance d'un tel indice est de taille, probablement pas pour les investisseurs institutionnels, mais plutôt pour les petits porteurs, vu qu'ils participent activement au dynamisme de la place financière de Casablanca. Cela ne peut que permettre d'apprécier l'évolution des différents segments du marché financier.