■ Le marché est resté indifférent en 2011 à l'égard des résultats macroéconomiques positifs en début d'année. ■ L'aspect psychologique conditionne en quelque sorte les décisions des investisseurs. La Bourse de Casablanca a abrité son 7ème Workshop mardi où il était question de discuter entre professionnels sur le moyen de «Stimuler la Confiance des Investisseurs dans le Marché Boursier Marocain». En effet, ce n'est plus un secret pour personne, les investisseurs boudent le marché boursier. Pire encore : alors que tous les indicateurs sont au vert, notamment depuis la publication des résultats, le marché boursier n'a pas suivi cette tendance, parfois même il va en sens contraire. Pour preuve, le marché est resté indifférent en 2011 à l'égard des résultats macroéconomiques positifs en début d'année et d'une croissance bénéficiaire des sociétés cotées élevée de 11,3 %. Cette perception de l'avenir, qui impacte significativement le marché Actions marocain, est une sorte de prédiction subjective de la part des investisseurs, reposant plutôt sur l'intuition que sur la raison. Taha Jaïdi, responsable Desk d'Attijari Intermédiation, a tenté d'expliquer cette situation par le fait que l'investisseur est plus sensible aux éléments qualitatifs plutôt que quantitatifs. En effet, c'est l'aspect psychologique qui conditionne en quelque sorte les décisions des investisseurs. D'ailleurs, la définition donnée par ce dernier va dans ce sens, puisque selon lui la notion de «confiance» en Bourse est un sentiment qui ne repose pas forcément sur la raison, mais c'est une forme de prédiction de la part des investisseurs étroitement liée à la notion de «Doute» et qui plus est temporaire, fragile et fluctue dans le temps. Dans le même sillage, Youssef Berdai, Directeur des investissements à CFG Gestion, a tenu à préciser à cet effet : «La conjoncture mondiale est inhabituelle. La crise pèse lourdement sur la psychologie des investisseurs, alors que la situation de la Bourse est assez saine». Une étude présentée par Taha Jaïdi lors de ce Workshop a permis de démontrer que la confiance se matérialise sur un marché boursier à travers deux principaux indicateurs, à savoir : • la performance boursière qui reflète l'état d'esprit des investisseurs : optimistes, pessimistes ou bien incertains; • et la volumétrie qui reflète le degré d'engagement des investisseurs dans une tendance déterminée. «Nous pouvons conclure que le doute s'installe sur le marché marocain», souligne Taha Jaidi. La notion de doute chez les investisseurs se reflète à travers un comportement d'immobilisme, lié à un manque de visibilité sur l'avenir. La perception future des investisseurs envers les facteurs de la pyramide sont les principaux déterminants de leur confiance. Un facteur ne peut avoir un impact positif sur la confiance des investisseurs que si celui qui le précède est neutre, voire favorable. L'indice de confiance, comme outil de mesure Afin de mieux cerner cette problématique et pouvoir ainsi appréhender le risque, Attijari Intermédiation a mis en place un indice de confiance. Dans un contexte où l'acte d'investir en Bourse revêt une dimension de plus en plus psychologique, ces derniers jugent qu'il est judicieux d'élaborer un indice qualitatif ayant comme objectif la mesure et le suivi du niveau de confiance des investisseurs, et ce à travers l'évaluation de leurs perceptions futures du marché boursier. L'indice de confiance des investisseurs en Bourse (ATI Indice de Confiance), élaboré par le département Analyse & Recherche d'Attijari Intermédiation, évalue la perception future des investisseurs envers le marché Actions marocain. Cet indice revêt une dimension purement psychologique puisqu'il assure la mesure et le suivi du niveau de confiance des investisseurs en Bourse, et ce à l'aide d'une enquête menée selon une fréquence trimestrielle. Constituant un résumé des opinions et des changements des sentiments des investisseurs en Bourse, son appréciation ne pourrait être considérée comme un signe de reprise du marché, mais plutôt comme une amélioration du niveau de confiance des investisseurs en l'avenir. Cet indice a permis de conclure que le marché marocain est plutôt face à une problématique de doute. Le doute qui règne sur le marché marocain se reflète à travers un comportement d'immobilisme de la part des investisseurs et est nourri par le manque de flux informationnels pour les investisseurs. L'adage qui dit que «Le Savoir demeure la meilleure arme pour combattre le Doute» n'en est-il pas la preuve ? D'un autre côté, l'aspect réglementaire demeure tout aussi déterminant dans cette notion de confiance. Hicham Cherradi, responsable au niveau du CDVM, a d'ailleurs présenté une définition assez originale de la notion de confiance. Il a déclaré à cet effet : «La confiance, c'est ce qui unit un groupe de personnes lorsqu'elles sont convaincues que les règles qui s'appliquent à leur système ou à leur société remplissent bien leur fonction et servent l'intérêt de tous». Pour ce dernier, la confiance est une affaire de tous et la vulgarisation du marché est nécessaire. Ali Amrani, Directeur des Emetteurs au CDVM a, quant à lui, mis l'accent sur la nécessité d'institutionnaliser les règles, ce qui va aider à réhabiliter la confiance des investisseurs. Il a tenu à rappeler que «le projet de codification des différentes circulaires du CDVM est en phase de finalisation afin de regrouper le tout en un seul texte». «La gouvernance, l'information et l'éthique sont les facteurs clés pour rétablir la confiance», a-t-il tenu à préciser. ■