Les subventions au butane et aux produits alimentaires profitent plus aux ménages les plus aisés. Le HCP publie une nouvelle cartographie territoriale de la pauvreté pour mieux cibler les aides directes. En matière de lutte contre la pauvreté, les politiques publiques sont restées, en général, adeptes du système de transfert des ressources budgétaires à l'ensemble de la population, d'une manière forfaitaire, sous forme, en particulier, de soutien aux prix des produits alimentaires et énergétiques, a indiqué hier le Haut commissariat au Plan, lors du conférence de presse. Plus récemment, ajoute le département de A. Lahlimi, des prestations sociales à grande échelle, comme c'est le cas du RAMED ou d'actions ponctuelles en faveur de catégories ou de tranches d'âges de la population considérées comme vulnérables, ont été déployées. Ce mode de transfert forfaitaire a certes contribué au net recul des taux de pauvreté et de vulnérabilité, à l'échelle nationale et plus nettement en milieu urbain. Il n'a pas su, en en revanche capitaliser sur l'approche apportée par l'INDH (Initiative nationale du développement humain) en ciblant des catégories sociales et des espaces géographiques qui en avaient le plus besoin, ni assurer la durabilité de sa reproduction ni encore atténuer les distorsions sociales et territoriales dont il est par nature porteur, souligne-t-on du côté du HCP.
Les subventions au butane et aux produits alimentaires profitent plus aux ménages les plus aisés
Ainsi, souligne le HCP, près de 30% des subventions budgétaires destinées au soutien des produits alimentaires et de butane ont profité aux 20% des ménages ayant le niveau de vie le plus élevé, contre 13% de ces subventions aux 20% des ménages les plus défavorisés, avec un rapport de plus de 2 fois au profit des premiers. Dans le domaine de la couverture médicale, le RAMED, ayant vocation à couvrir la population pauvre et vulnérable non couverte par un système d'assurance maladie, n'échappe pas, selon les mêmes travaux, à ce type de distorsion, indique le HCP. Alors que seuls 26,1% de ses bénéficiaires provenaient du quintile ayant le niveau de vie le plus faible, 7,6% appartenaient au quintile le plus aisé. Les mêmes distorsions se révèlent dans l'accès de la population au système public d'éducation et de formation. Par les mécanismes sociaux de sélection, près de 30% des promotions du secondaire et supérieur de 2014 relevaient, dans ce domaine, de la catégorie des 20% les plus aisés contre 10% appartenant aux 20% les plus défavorisés. «Devant de telles distorsions, les débats n'ont cessé de prendre de l'ampleur sur la meilleure formule de ciblage des ressources publiques qui permettrait de les canaliser au profit maximum des populations qui en ont le plus besoin», a souligné le Haut commissaire au Plan.
Nouvelle cartographie de la pauvreté pour mieux ciblé les aides
Pour atténuer ces distorsions et permettre aux aides d'atteindre le plus précisément possible les couches de populations les plus défavorisés, le HCP a élaboré une nouvelle cartographie de la pauvreté monétaire (voir illustration). «Nous mettons à disposition des décideurs une cartographie de la pauvreté au niveau de toutes les unités territoriales, leur permettant de fonder, sur des données objectives, les arbitrages requis dans l'affectation géographique et sociale des ressources budgétaires destinées à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité et, d'une façon plus générale, aux programmes sociaux», a indiqué Ahmed Lahlimi. La cartographie de la pauvreté offre ainsi, selon le HCP, aux politiques publiques un outil d'optimisation de la répartition des ressources destinées à la réduction de la pauvreté monétaire à la double fin d'en faire bénéficier le plus grand nombre et d'en maximiser le rendement et par conséquent les ressources. Cette nouvelle cartographie de la pauvreté montre qu'à l'échelle communale, sur un total de 1.683 communes et centres urbains, 39,2% ont un taux de pauvreté monétaire inférieur à 5%, 29,8% un taux entre 5% et 10%, 23,8% un taux entre 10% et 20%, 5,1% entre 20% et 30% et 2,2% un taux supérieur à 30%. En milieu rural, sur les 1.279 communes, le taux de pauvreté monétaire est inférieur à 5% dans 28,5% des communes, et se situe entre 5% et 10% dans 34,4%. Il oscille dans une fourchette comprise entre 10% et 20% dans 28,2% des communes, entre 20% et 30% dans 6%, et est supérieur à 30% dans 2,9% des communes. A l'échelle urbaine, sur les 404 communes et centres urbains, 73,3% ont un taux de pauvreté inférieur à 5%, 15,1% un taux de pauvreté entre 5% et 10%, 9,7% un taux entre 10% et 20%, et 2,0% un taux supérieur à 20%. Le HCP note par ailleurs que les régions concernées par les actions de l'INDH sont celles qui ont enregistrées la plus forte baisse de la pauvreté monétaire : les communes rurales cibles (CRC) de l'INDH ont enregistré, depuis 2005, une baisse de la pauvreté de 21 points, contre 9,1 points pour les autres communes non ciblées par l'INDH.