Malgré une conjoncture internationale difficile, APM Terminals Tangier a réalisé des résultats satisfaisants avec une augmentation de son volume d'activité de 66% en 2010. Le seuil du quatre millionième EVP (conteneur équivalent vingt pieds) traité depuis le démarrage des opérations, sera atteint vers la mi-novembre. Hartmut Goeritz, Directeur général d'APM Terminals Tangier, nous confirme la volonté de cette société de devenir l'opérateur de terminal leader dans l'Ouest de la Méditerranée. - Finances News Hebdo : Quel bilan faites-vous des 4 années d'activité d'APM Terminals Tangier? - Hartmut Goeritz : Nous avons toutes les raisons d'être satisfaits du bilan de nos 4 premières années d'activité au cours desquelles nous avons pleinement contribué à développer et consolider au Maroc une industrie nouvelle, l'activité de transbordement, en comparaison avec l'activité portuaire dédiée au seul traitement import/export telle que connue jusqu'alors. Depuis le démarrage de ses activités en 2007, APM Terminals Tangier a pleinement contribué à hisser Tanger Med au rang des ports les plus performants au monde. Cela se reflète dans la haute qualification de nos employés, l'excellence opérationnelle développée autour de nos équipements, conformes aux meilleurs procédés et standards internationaux et dans la progression de notre volume d'activité. Avec un effectif de près de 800 employés essentiellement formé de jeunes marocaines et marocains, APM Terminals Tangier, qui s'est vu décerner le Prix national pour la sécurité au travail, a en effet réalisé pour l'année 2010 une croissance de 66%, avec un volume de 1,4 million d'EVP, franchissant en décembre 2010 le seuil du trois millionième EVP traité depuis sa mise en service. Un chiffre que nous comptons porter bientôt à quatre millions. Nous disposons aujourd'hui d'une capacité de 1,8 million d'EVP/an, avec des moyens opérationnels permettant d'assurer un traitement rapide des escales des navires. Nous entamons notre cinquième année d'existence avec l'ambition d'aller toujours plus loin, pour contribuer à faire du Maroc une plate-forme incontournable du commerce mondial. - F.N.H. : Vous comptez atteindre bientôt votre 4 millionième EVP ; comment pensez-vous réaliser cet objectif ? Et vers quelle date ? - H.G. : Après l'ouverture de notre terminal en 2007, nous avons atteint assez rapidement notre premier million d'EVP. Nous avons enregistré cependant, en 2009, en raison de la crise mondiale, une baisse d'activité de quelque 6%, avant de repartir rapidement à la hausse pour atteindre un taux de progression de 66% de notre volume en 2010 par rapport à l'exercice précédent. Pour l'année 2011, nous tablons sur une nouvelle augmentation d'environ 20%. Avec les efforts que nous déployons, je pense que nous pourrions atteindre le seuil du 4 millionième EVP vers la mi-novembre. Pour la réalisation de cet objectif, nous sommes sur le point d'embaucher davantage de personnel pour augmenter notre productivité. Nos efforts sont orientés essentiellement sur le «performant management», basé sur la productivité et la stabilité des conditions de travail afin de pouvoir améliorer notre proposition de services à la clientèle. En effet, et tant que notre client maritime est satisfait de nos prestations, il pourra réserver davantage de volume à notre terminal. Cela veut dire que pour obtenir davantage de soutien de la part de nos clients, il nous faudra absolument rester à leur disposition pour satisfaire leurs besoins avec un niveau de compétitivité et de qualité de service supérieur à celui des autres terminaux de la région. . - F.N.H. : La conjoncture internationale a-t-elle eu un effet sur votre activité ? - H.G. : La conjoncture internationale se répercute évidemment sur le transport maritime et impacte l'activité des opérateurs de terminaux dont la variation dépend de l'évolution du commerce mondial. Cependant, et en tant que « hub » sur la côte ouest-africaine pour la majorité de nos clients maritimes, nous sommes relativement à l'abri sur le site de Tanger Med. En effet, et malgré les baisses de volumes causées par la pression sur les grands marchés entre l'Europe et l'Asie, ou entre les Etats-Unis et l'Asie, l'Afrique fonctionne très bien et enregistre même des augmentations de volumes bien supérieures aux prévisions mondiales. - F.N.H. : Vous avez pris récemment les commandes d'APM Terminals Tangier ; quelle stratégie avez-vous adoptée et quels objectifs vous-êtes vous fixés ? - H.G. : Je suis arrivé au mois de mars à Tanger en provenance du Havre, en France, après avoir passé 3 ans et demi à la tête de notre terminal sur place. J'ai remarqué alors que notre principal client qui est Maersk Line avait des besoins en constante augmentation pour ce qui est des capacités de transbordement. Nous avons donc mis en place, au niveau de notre équipe de direction, une stratégie redéfinissant nos objectifs et avons placé la barre assez haut avec, désormais, une capacité de 25.000 «mouvements par semaine» au service de nos clients maritimes, soit une augmentation de 20% en comparaison aux 20.000 à 21.000 mouvements que nous étions en train de réaliser; et cela étant soutenu, bien entendu, par un changement de notre système de planification et une amélioration de nos conditions d'exploitation. - F.N.H. : Comment expliquez-vous la monopolisation de la société Maersk Line de votre portefeuille clients ? Est-ce que vous comptez l'élargir? - H.G. : Il est vrai que jusqu'à présent l'essentiel de nos activités à Tanger se fait avec Maersk Line qui nous apporte la garantie d'un degré minimum d'utilisation de notre terminal pour la rentabilisation de notre investissement. Mais il n'existe en général aucun lien de monopole entre Maersk Line et APM Terminals International, sachant que cette dernière sert en tant qu'exploitant indépendant une soixantaine de compagnies maritimes à travers le monde, ainsi que les principaux importateurs et exportateurs. Le trafic conteneurs par APM Terminals pour des clients non affiliés au Groupe AP Moller – Maersk s'élève actuellement à plus de 45% ! APM Terminals Tangier cherche pour sa part à diversifier son portefeuille clients, en tant que plate-forme de transbordement ainsi que pour le développement du commerce import/export marocain, grâce à la multiplication des services maritimes au départ et/ou à destination de Tanger Med, et ce afin de mettre à profit les possibilités de développement induites par notre bonne connectivité par mer, rail et route aux autres plates-formes marocaines et par notre proximité avec les zones logistique et industrielle sur la région Nord. APM Terminals Tangier entend aussi contribuer au développement durable de l'ensemble de la chaîne logistique au Maroc, en accompagnement de la restructuration entreprise par le gouvernement marocain dans ce domaine. - F.N.H. : Cette année a été marquée par de gros problèmes, notamment avec les syndicats, ce qui vous a occasionné une chute de productivité. Où en tête-vous aujourd'hui ? Quelle est la politique que vous avez mise en place pour remédier à ce problème ? - H.G. : Il est clair que le contexte général actuel est propice à des agitations dans un certain nombre de secteurs d'activité. Au niveau d'APM Terminals Tangier, nous avons connu notre part de mouvements sociaux, que nous considérons cependant comme faisant partie de la vie normale d'un jeune terminal en phase de développement comme le nôtre. Mais nous estimons être sur la bonne voie pour aplanir toutes les difficultés pouvant subsister dans ce domaine. Et ce d'autant plus que nous avions conclu avec les représentants syndicaux à la fin du mois de mars de cette année, et sous l'égide des autorités locales concernées, un protocole d'accord en vertu duquel les 2 parties se sont engagées à observer la paix sociale jusqu'à fin 2012, tout en mettant à profit cette période pour bâtir, dans un climat de confiance et de sérénité, des relations stables et durables, condition sine qua non pour garantir la pérennité de nos activités au Maroc, face à une concurrence de plus en plus vive dans la région de l'Ouest de la Méditerranée. - F.N.H. : Quel est l'objectif de votre présence aujourd'hui à la 9ème édition d'Intermodal Africa ? - H.G. : C'est à la fois par notre nom, par notre stand et par notre sponsorisation des cordons' (lanyard sponsorship) que nous avons tenu à être visibles au niveau de cette importante manifestation, sachant que nous sommes un grand opérateur sur le continent africain où nous sommes partenaires avec 11 terminaux. Nous souhaitons pouvoir également, à la suite de la rencontre ‘Media Days' tenue récemment, accroître notre position sur le marché et devenir encore plus visible, avec plus de communication, et confirmer ainsi notre position comme l'un des grands opérateurs au Maroc et l'un des employeurs clés, surtout dans la région Nord. - F.N.H. : Quelles sont les perspectives d'APM Terminal Tangier à moyen et long terme? - H.G. : Nous souhaitons stabiliser la productivité et atteindre le seuil de 25.000 mouvements, avec une productivité de 30 Gmph (nombre de mouvements par heure et par portique). Aujourd'hui, nous sommes à environ 20.000 mouvements par semaine avec une productivité de 25 Gmph. Les améliorations visées nécessitent réellement de gros investissements en système informatique. Nous sommes aussi en phase de changer notre flotte de camions pour être plus efficace dans les rotations, et réduire en même temps les émissions de CO2, tout en assurant à nos chauffeurs de pouvoir travailler dans une position plus ergonomique. Nous sommes très impliqués dans la protection de l'environnement et nous souhaitons collaborer avec l'autorité portuaire (TMPA) en vue de faire du Port TangerMed le premier Green Port de la Méditerranée. Au niveau de la sécurité, APM Terminals International vient de gagner à Londres, au Lloyd's Award, le prix ‘Global Safety Award en reconnaissance de nos investissements dans ce domaine et de notre respect de la sécurité sur toutes nos installations à l'échelle mondiale. En conclusion, je peux vous affirmer que nous poursuivrons tous les efforts nécessaires en vue de faire du Maroc, et de TangerMed en particulier, une plate-forme incontournable du commerce mondial. Propos recueillis par L. Boumahrou
