Le Maroc assure l'accueil d'environ 2,5 millions de Marocains du monde pendant l'été. Les différentes opérations de rapatriement des Marocains dans les pays en situation de crise ont coûté à l'Etat la somme de 150 MDH. 200.000 Marocains sont au chômage suite à la crise qui a frappé l'Espagne. Tour d'horizon sur les mesures d'accueil ainsi que la situation des Marocains du monde avec Mohamed Ameur, ministre délégué chargé de la Communauté marocaine à l'étranger. -Finances News Hebdo : Transit 2011 coïncide avec le mois de Ramadan. Des mesures spécifiques seraient-elles prises pour réussir cette opération ? -Mohamed Ameur : À l'instar des années?précédentes,?la Commission nationale de transit fait une évaluation de l'opération 2010, et c'est sur la base de cette évaluation qu'un certain nombre de mesures sont proposées afin d'améliorer davantage l'opération Marhaba 2011, qui a démarré en juin. Et vous savez que, dans ce domaine, notre pays a réalisé quelque chose d'extraordinaire, unique au monde même, et ceci en assurant l'accueil d'environ 2 millions et demi de Marocains en une période très limitée, et ce dans des conditions très convenables. Cette année est marquée par un certain nombre de mesures nouvelles, notamment le renforcement de la flotte. Une flotte pour assurer le transport de 75.000 personnes et environ 20.000 voitures de façon quotidienne. Aussi, un investissement important a été fait au niveau de l'infrastructure de certains ports : le port Tanger Med, le port de Nador et celui d'Al Hoceima. À Tanger, la Fondation Hassan II a ouvert une nouvelle aire de repos d'une capacité de 1.200 voitures sur une superficie de 10 hectares. Cette aire joue un rôle très positif dans la régulation du trafic. Les espaces d'accueil dans les aéroports seront également réaménagés. Le volet sécurité n'a pas été négligé, 3.000 personnes viendront renforcer le dispositif humain qui va mener à bien le transit des Marocains du monde pour l'année 2011. -F.N.H. : Qu'en est-il de l'accompagnement des MRE tout au long de leur séjour? -M.A. : Parallèlement à l'opération Transit 2011, un accompagnement des Marocains du monde durant leur séjour à l'intérieur du pays est prévu. Le ministère a tout un programme avec une dimension administrative et judiciaire, à savoir la gestion des requêtes des MRE en coordination avec les différentes administrations. Des mesures seront prises dans le but de simplifier les différentes procédures. Pour ce faire, un système de permanence sera adopté par plusieurs institutions. Il y a également tout un programme culturel et d'animation au profit des jeunes. Nous allons recevoir plus de 1.000 jeunes dans le cadre de la 3ème édition des universités d'été. Cette opportunité offerte aux jeunes va leur permettre de connaître davantage leur pays, un Maroc nouveau et en mouvement. Les éditions précédentes des universités d'été ont donné des résultats extraordinaires. Nous avons programmé d'autres actions à caractère économique, dont l'accompagnement de porteurs de projets ainsi que de grandes campagnes de communication. -F.N.H. : Comment évaluez-vous la situation des Marocains dans les pays en crise, notamment ceux qui résident en Espagne et en Italie ? -M.A. : La situation la plus critique est celle qui concerne les Marocains d'Espagne. Vous savez que l'Espagne a été durement frappée par la crise économique. Il y a quelques mois, un chiffre important a été relevé. Plus de 200.000 Marocains au chômage. Le taux de chômage en Espagne dépasse les 43% pour les jeunes de façon générale. Les immigrés sont les plus touchés. Nous avons une communauté très importante qui atteint 800.000 Marocains en situation régulière. Ce pays est en train de redresser son économie lentement. Nous n'avons pas la prétention d'apporter des solutions au problème de chômage, mais nous avons l'obligation d'apporter de l'aide à ces Marocains du monde à travers des actions symboliques (opération Iftar pendant le Ramadan, assistance juridique, bourses pour les étudiants..). -F.N.H. : Comment se présente la situation de la communauté marocaine installée en Libye et en Côte d'Ivoire ? -M.A. : Pour ce qui est des différentes crises, que ce soit en Libye, en côte d'Ivoire, en Tunisie ou ailleurs, le Maroc a fait des efforts considérables. Nous avons déployé un montant de 150 millions de dirhams jusqu'à présent. Chaque jour, des centaines de Marocains rentrent de Libye et il faut préciser que toutes ces opérations sont prises en charge par l'Etat. Notre pays a été présent dès les premières heures de crise. Nous nous sommes occupés de leur rapatriement et nous prenons en charge également l'opération de leur retour au sein de leurs pays d'accueil. Actuellement, 300 personnes sont rentrées en Côte d'Ivoire. En Libye, les Marocains sont très bien accueillis et intégrés au point qu'environ 100.000 d'entre eux ont refusé de fuir la Libye quand la crise a été déclenchée. Ceci dit, nous n'avons ménagé aucun effort pour apporter une assistance à la communauté marocaine en Libye, malgré ses contestations infinies. Il y a quelque temps, les contestataires ont attaqué le ministère revendiquant «un logement gratuit et un emploi dans l'immédiat». Aucun responsable ne peut leur offrir cela. Aussi, le gouvernement a clairement annoncé ses différents engagements en la matière, se résumant à un accord conclu avec le ministère de l'Habitat pour qu'ils aient la priorité au logement social. Propos recueillis par I. Nigrou