L'infrastructure a émergé ces dernières années comme une classe d'actifs à part entière sur le plan mondial. 70% de cette classe d'actif sont financés par les services publics et 30% par les institutionnels. Les PPP réalisés valeur aujourd'hui sont plus une nécessité qu'une alternative. Le développement économique et social d'un pays va de pair avec le développement de ses infrastructures. En offrant des systèmes sanitaires, énergétiques, de transport et de communication efficaces, les infrastructures contribuent souvent à l'amélioration du niveau de vie de la population, au soutien de la croissance économique et à l'ouverture des pays émergents aux échanges commerciaux au sein de l'économie mondiale. En principe, le financement de l'infrastructure fait appel aux fonds publics pour la concrétisation de projets à même de réduire le taux de la pauvreté. En raison de la taille des besoins en financement des projets d'infrastructures, des partenariats public-privé se sont développés et ont ainsi donné naissance à des investisseurs spécialisés attirés par cette nouvelle classe d'actifs qui génère des cash-flows stables et prévisibles à long terme. En tant qu'accompagnateur du développement économique, la CDG a organisé récemment, à travers sa filiale CDG Capital, un séminaire sur les enjeux et les opportunités de l'investissement institutionnel dans les infrastructures. Cette conférence a été aussi l'occasion d'annoncer le lancement du fonds d'infrastructures InfraMaroc, fonds géré par CDG Capital Infrastructures. Au Maroc, le développement des fonds d'infrastructure est très récent. C'est en 2007 qu'Attijari Invest et EMP Global créent le fonds Moroccan Investment Fund (MIIF) doté d'une capacité d'investissement de près d'un milliard de dirhams dédiés aux secteurs de l'énergie, de l'eau et de l'assainissement, des déchets solides, des telecoms, du transport maritime et aérien ainsi qu'aux secteurs de l'hôtellerie et de l'agro-industrie. Ce fonds MIF cible à la fois les nouveaux projets d'infrastructures dont l'exploitation n'a pas encore démarré (greenfield) et ceux existants (brownfield). Depuis 2007, trois nouveaux fonds d'infrastructures ont été créés pour investir non seulement au niveau national mais aussi régional. L'année 2010 a porté le nombre de fonds d'infrastructure à 3 avec la création du Fonds Argan Infrastructure Fund (ARIF) du groupe FinanceCom et dont la stratégie d'investissement est à la fois régionale et continentale ainsi que la création du Fonds Inframed du groupe CDG qui prévoit d'investir principalement au Maroc et en Egypte. Infrastructures : un couple risque/rendement attrayant De par le monde, la dépense annuelle est de 4.000 Mds de $. 70% sont financés par les services publics et 30% par les institutionnels. Sur le plan national, les différentes réformes initiées pour développer l'investissement en infrastructure se veulent des opportunités pour les investisseurs privés qui s'intéressent désormais à cette classe d'actifs. A l'instar d'autres pays, le Maroc dans l'incapacité de trouver les fonds nécessaires au financement de l'infrastructure, fait appel à d'autres alternatives de financement. En vue de parvenir à un taux de croissance supérieur à 5%, le Maroc est appelé à démultiplier ses développements en infrastructures. En dehors de la croissance, ces dernières permettent aussi d'alléger la pression sur le foncier au centre ville et, par ricochet, sur les prix de l'immobilier. D'où l'intérêt de faire appel aux investisseurs institutionnels et de développer le partenariat public-privé. Or, force est de constater que les PPP réalisés à ce jour au Maroc l'ont été de manière ad hoc en raison de l'absence de cadre politique ou de procédures d'appel d'offres unifiées. Les PPP réalisés sont plus une obligation qu'une alternative pour notre économie. Il était nécessaire d'agir dans l'urgence pour répondre aux besoins des populations qui ne sont plus satisfaites de leur situation actuelle. Selon François Jurd, de Mckinsey Paris, l'avantage d'impliquer les investisseurs privés ne se limite pas uniquement au financement, mais aussi à leur expertise. Le plus souvent ce type d'investisseurs exige de trouver des actifs attractifs et dont les maturités dépassent les dix ans. Ils ont moins de problèmes de liquidités. L'infrastructure correspond parfaitement à ce qu'ils recherchent. Globalement, l'investisseur cherche une stabilité à long terme des cashs flows, des actifs ayant des durées de vie supérieure à 20 ans, des industries fortement réglementées et une protection contre l'inflation. En effet, les infrastructures sont des actifs qui sont le plus souvent réglementés, jouissant d'un monopole naturel avec de fausses barrières à l'entrée en plus d'un profil risque-rendement attrayant. Aussi, l'investissement dans les infrastructures nécessite à la fois expertise et expérience. Des témoignages d'investisseurs institutionnels marocains et internationaux qui ont partagé avec l'audience leur expérience de l'investissement en infrastructure, sont venus compléter cet exposé. Le Maroc a encore un long chemin à parcourir. Les pouvoirs publics doivent mettre de l'eau dans leur vin s'ils veulent attirer les investisseurs institutionnels et mener à bien le partenariat public-privé. Ils doivent mettre en place les cautions nécessaires pour garantir la propriété privée. Autre aspect de la réglementation. Est-ce qu'elle impose des contraintes en terme d'investissement qui permettent aux institutionnels d'aller sur des classes d'actifs qui sont par définition peu liquides, à très long terme… avec des risques opérationnels très importants ? Est-ce que le régulateur est prêt à le faire ? Il s'agit là encore d'une autre facette de la réglementation. Dossier réalisé par S. Es-siari & I. Bouhrara