L'un des défis du Ritz Carlton à Tamuda Bay est de réussir les terrassements de ce chantier, ce qui permettra de maintenir le planning initial. Le projet Diar Vacances avance bien et cible la classe moyenne montante pour laquelle il existe une forte demande. Pour Youssef Benamour, Directeur général d'Earth Property, l'expérience des fonds d'investissement est embryonnaire au Maroc alors qu'il ne compte pas encore les grands pourvoyeurs de capitaux. -Finances News Hebdo : Lors de l'annonce du projet du Ritz Carlton au Maroc, premier investissement du groupe en Afrique, on a avancé la date de 2013 pour la livraison du projet à Tamuda Bay. Aujourd'hui, on parle de 2014. Pourquoi ce changement de calendrier ? -Youssef Benamour : Le projet du Ritz Carlton Tamuda Bay a toujours été prévu pour fin 2013 à début 2014. L'avancement actuel nous a permis de confirmer avec le promoteur que le planning sera maintenu. En effet, le risque principal, réussir les terrassements pour ce chantier titanesque, est maintenant couvert et je vous le confirme. Le chantier, pour lequel les plus grandes sociétés de la place se sont relayées (SGTM, STAM), s'est accompagné du remblaiement de plus de 200.000 m3 de terre, soit l'équivalent de 80 piscines olympiques. Les premières unités sont enfin sorties de terre en mai 2011. -F. N. H. : Le projet prévoit une lagune dont les travaux sont en cours. En quoi consiste la difficulté d'une telle besogne? Cela n'impactera-t-il pas l'environnement de la région ? -Y. B. : Il y a trois challenges. En premier lieu, le sol de la lagune est très instable et il faut le stabiliser pour pouvoir construire. Dans certains endroits, des piliers de 12m en béton soutiendront les futures villas. En deuxième lieu, la lagune doit être nettoyée des mauvaises herbes et doit être draguée par endroits. Enfin, il y a effectivement une équipe en permanence de la NOVEC, filiale de la CDG, qui doit respecter le cahier des charges environnemental fixé par les autorités locales. -F. N. H. : Earth est également en charge de la commercialisation de la station balnéaire d'Oued Chbika, à Tan Tan. Quel est le défi pour vous dans cette station dont le lancement avait été retardé à maintes reprises avant que la mise en chantier ne soit entamée? -Y. B. : Earth n'est pas en charge d'une telle commercialisation. Ce sont cependant les anciennes équipes de Hamptons, maintenant faisant partie intégrante d'Earth, et moi-même, qui avons cependant réalisé les études de positionnement avant le lancement commercial du projet. Ce projet est commercialisé par le promoteur lui-même avec l'assistance de certaines agences immobilières locales et internationales. Selon la pratique professionnelle internationale et au Maroc, nous ne pouvons prendre des projets en commercialisation que dans leur intégralité et sous notre seule responsabilité pour en garantir le succès. Nous avons ainsi préféré ne pas nous impliquer sur le plan commercial dans un tel projet, et je constate que le Maroc évolue positivement dans ce sens pour rejoindre la pratique internationale. -F. N. H. : Le projet Diar Vacances devrait être lancé début 2011. On est quasiment à la moitié de l'année, où en êtes-vous du projet pilote d'Azemmour qui représente l'amorce de tout le programme ? -Y. B. : Le projet avance bien, mais je ne peux pas vous en dire plus. -F. N. H. : Dans le cadre de ce même programme, qui prévoit la réalisation de 10 résidences de 5.000 lits, Earth propose d'associer des investisseurs désireux de l'accompagner dans ce projet. Alors, quel intérêt peut représenter ce projet pour un particulier intéressé par cette opportunité ? -Y. B. : Tout simplement la rentabilité importante. De par le positionnement des Résidences Diar Vacances sur la classe moyenne montante, pour laquelle il existe une forte demande, de par le savoir-faire d'Earth Property en matière de commercialisation et de gestion locative ainsi que notre track record, nous pensons pouvoir faire faire de bonnes affaires à nos investisseurs dans un cadre professionnel et fiable. Je tiens à rappeler qu'il existe deux possibilités pour investir. Soit un investisseur apporte un foncier qui répond aux normes du fonds, c'est-à-dire un foncier de 5 à 20 Ha sur un site exceptionnel, principalement dans l'axe Casablanca- El Jadida, Agadir, Tamuda Bay, soit il investit en cash. -F. N. H. : En évoquant la gestion locative, peut-on dire qu'aujourd'hui le marché est mature et que ce concept est bien installé au Maroc ? Et dans quelle mesure la loi 01-07 sur les RIPT va-t-elle booster cette activité ? -Y. B. : Le projet des Résidences Diar Vacances est avant tout un projet touristique de gestion locative. Nous construisons des résidences destinées à la location, au Maroc, à l'international, et pour le tourisme d'hiver de retraite. La gestion locative est un métier encore peu organisé au Maroc, et nous souhaitons contribuer à une structuration de ce secteur. La loi RIPT permet de créer tout simplement le contexte juridique pour le développement des résidences touristiques. -F. N. H. : Lors du lancement d'Earth.ma, un débat a eu lieu et a évoqué l'importance de développer le cadre de travail des fonds d'investissement. En tant qu'opérateur, comment voyez-vous l'expérience récente du Maroc dans ce sens ? Et dans quelle mesure la mise en place d'un cadre réglementaire et fiscal pour les fonds saurait inciter des fonds ou groupements étrangers à venir investir au Maroc, notamment dans l'immobilier touristique ? -Y. B. : Le marché du Private Equity a été un moteur pour l'accompagnement du tissu économique dans tous les pays du monde, bien que ce modèle ait fait l'objet de critiques suite à la grande crise de 2008-2010. Au Maroc, les fonds d'investissement sont encore à un stade embryonnaire et sont souvent de petite taille en comparaison aux fonds européens, avec des tailles transactionnelles et des équipes aux track record qui ne peuvent pas encore nous positionner sur les radars screens des grands pourvoyeurs de capitaux. Ce point est important car c'est un test acide pour notre développement futur, mais il est vrai qu'au Maroc, pour le moment, on souffre moins du problème de capital, que du problème du deal flow. C'est pour cette raison que notre approche pour notre premier fonds est inverse : on cherche d'abord les fonciers, et ensuite on lève l'argent, si on en a besoin. Propos recueillis par I. Bouhrara