Malgré une politique publique agressive, le déficit en logements demeure. Le concept d'habitat social, tel que lancé depuis 1995, ne répondait pas aux critères de qualité. La résolution de cette problématique passe par une implication aussi bien du public que du privé. La ville ocre a abrité en fin de semaine la deuxième «Table?ronde Immobilier», organisée par les Espaces Saada. Cette deuxième édition a été placée sous le thème : «L'habitat social à l'épreuve de la qualité» avec la participation de Taoufiq Hjira, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace, ainsi que la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, d'architectes, de notaires et de journalistes. Le débat a porté, dans un premier temps, sur la politique publique de l'habitat social et le défi de la qualité. Mais, il a porté également sur l'intensité de la demande et le concours aussi du secteur privé à cette politique publique. Le logement social, selon le ministre, avant d'être structuré en une politique publique propre, a toujours été érigé comme priorité par l'Etat, et ce depuis l'indépendance du Maroc. Cet intérêt émane du fait qu'il est destiné à plus de 60 % de la population et concerne plus de 60 % de la production immobilière au Maroc. Et depuis 1995, la politique publique en la matière a été renforcée par des incitations importantes afin d'accélérer le rythme de production, notamment avec le concours des promoteurs du secteur privé. Et des outils de financement pour l'acquisition de logement ont été mis en place afin d'en faciliter l'accès. Il a également été procédé à la création de produits spécifiques, notamment pour les plus démunis, à savoir des logements à 140.000 DH. Et en 2010, un nouveau produit social a été également élaboré à partir de 250.00 DH. Même la classe moyenne a été prise en compte avec l'élargissement des garanties de l'Etat pour les logements n'excédant pas les 600.000 DH. Cela dit, et malgré une politique publique étalée sur presque quinze ans, l'essor démographique intense s'est traduit par une demande en habitat qui s'est accrue à un rythme tel que ni l'Etat ni le promoteur privé n'ont pu combler le déficit, aujourd'hui alarmant, en demande sociale d'habitat. Cette demande est en fait double. D'un côté, l'essor démographique a posé avec acuité la nécessité de mettre à la disposition de larges couches sociales marocaines un habitat qui satisfasse à un minimum vital : un habitat décent, des espaces de sociabilité acceptables et une qualité de vie garantie. Cette triple équation ne peut être réalisée par l'Etat seul. Parce qu'il n'a pas ou n'a plus les moyens de cette politique offensive. La qualité sacrifiée sur l'autel de la quantité ? En guise de réponse, Taoufiq Hjira a souligné que le dossier spécifique au mode qualitatif des logements sociaux est «ouvert» au ministère, et suivra dans un court terme avec la mise en place de nouveaux codes d'urbanisme, de la reconstruction, de la loi sur le locatif et du règlement général de la construction. Selon le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace, «les besoins réels du Maroc en habitat social se chiffrent à 150.000 unités par an, en vue d'accompagner la politique adoptée par le gouvernement pour garantir le logement à tous les citoyens et lutter contre l'habitat insalubre». Il a d'autre part indiqué que le concept de l'habitat social, tel que lancé depuis 1995, ne répondait pas aux critères de qualité, ce qui a poussé les pouvoirs publics à promouvoir l'implication du secteur privé et à définir de nouvelles orientations pour le développement de ce créneau à travers, entre autres, l'accompagnement des opérateurs immobiliers. Des objectifs clairs dont l'Etat a tracé les contours : partenariat conventionné, contractualisation volontariste et offre adéquate. En cela, le privé semble prêt à relever le challenge, moyennant souplesse procédurale, accompagnement structurel et agenda déterminé dans le temps et l'espace. Et la résolution de cette question de la qualité, et aussi la sécurité des bénéficiaires, ne peuvent se faire sans, d'un côté, la mobilisation active des pouvoirs publics compétents en la matière et, de l'autre, l'engagement du secteur privé, partenaire incontournable de l'Etat pour aboutir à la satisfaction, sinon totale, du moins dans une large mesure de la demande sociale de l'habitat de qualité. En définitive, au terme d'exposés intéressants et d'un débat contradictoire enrichissant, il ressort des travaux de la table ronde relative à «L'habitat social à l'épreuve de la qualité» que, tant pour l'Etat que pour le privé, la qualité est l'élément fondamental pour l'offre d'un habitat social décent. Un verrou qui devra sauter pour que la politique publique du logement social prenne de l'élan et comble un déficit croissant sous la pression démographique.