La Direction de l'Emploi, relevant du ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, vient de lancer un appel d'offres pour la réalisation d'une étude sur le SMIG. En attendant la réalisation de l'étude, le bras de fer continue entre patronat et syndicat. La détermination d'un SMIG qui concilie entre les attentes du patronat et des syndicats continue de susciter des remous chez les pouvoirs publics. Aujourd'hui, on apprend qu'une étude sur le calcul du SMIG est dans le pipe du ministère de l'Emploi. En vue de mettre un terme à cette discorde perpétuelle entre les différentes parties prenantes, le département de J. Aghmani vient de lancer un appel d'offres relatif à une étude de calcul du SMIG. Le présent marché a pour objet la réalisation d'une étude sur le salaire minimum au Maroc, en lot unique, pour le compte de la Direction de l'Emploi relevant du ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle. «Le but de cette étude est d'arrêter le niveau de SMIG qui répond aux attentes quotidiennes des salariés, sans pour autant contrecarrer la compétitivité des entreprises», explique une source du ministère de l'Emploi. Les derniers évènements ayant secoué la conjoncture aussi bien nationale qu'internationale, avec pour toile de fond la cherté du coût de la vie, ont remis sur la table la nécessité de relever le niveau du SMIG. Les différents syndicats ont jugé insuffisantes les dernières augmentations de 10% ayant eu lieu en 2008 et 2009 face à cette flambée continue des prix. Les niveaux de Smig proposés dans ce sillage par les différents syndicats varient de 3.000 à 4.000 DH. Des niveaux jugés excessifs par certains opérateurs qui considèrent toute augmentation comme pernicieuse pour le tissu économique. D'autant plus que le Maroc a été cité comme étant le pays le plus cher en Afrique en matière de coût du travail. D'autres pays comme l'Egypte ou la Tunisie peuvent lui damer le pion. Opérateurs & syndicats sont aux aguets Au moment où les syndicats clament haut et fort un pouvoir d'achat décent pour les salariés, le patronat tire la sonnette d'alarme sur la perte de vitesse en matière de compétitivité dans une économie de plus en plus globalisée. Aujourd'hui, on peut prétendre que les manches sont retroussées afin de mettre un vrai modèle social. Comme l'a annoncé J. Belahrach, président de la Commission Emploi de la CGEM, «il faut mettre en débat la notion de revenu global qui intègre le salaire de base, mais également l'ensemble des avantages et prestations sociaux dont pourrait bénéficier le salarié». Cela suppose donc de mettre en place un modèle social qui ne serait pas dangereux pour les entreprises et, par conséquent, pour les emplois futurs. Interrogé sur l'intérêt de cette étude lancée par le ministère de J. Aghmani, il répond : «Si le ministère a lancé cette étude, cela veut dire qu'il a un certain nombre de questions sur la pertinence d'augmenter le Smig et l'impact de cette augmentation sur la compétitivité de nos entreprises». «En ce qui nous concerne, notre position est claire : toute augmentation du SMIG qui ne répondrait pas à des pratiques rationnelles serait suicidaire pour notre tissu économique et par conséquent pour l'emploi et pour les caisses de l'Etat en matière de rentrées fiscales et sociales», ajoute-t-il. Cet avis ne semble pas être partagé par un membre du syndicat qui n'accepte pas que la compétitivité des entreprises se fasse au détriment des salariés. Il reste pour autant optimiste que l'étude en question, tout en prenant en considération la flambée des prix et le dynamisme économique que connaît le Maroc, opterait pour un SMIG convenable. Il est aussi confiant en raison du discours royal du 9 mars qui a placé le bien-être social au cœur des décisions. Au cas où l'étude en question statuerait sur un SMIG qui ne correspond pas parfaitement aux attentes du Patronat, quelle serait sa réaction ? J. belahrach n'y va pas avec le dos de la cuillère «le rôle de l'Etat n'est pas d'imposer, mais de créer les conditions d'exercice d'une économie performante qui respecte les règles du jeu sociales et fiscales. Les entreprises n'ont pas vocation à financer et entretenir la politique sociale du gouvernement. Pour le patronat, il s'agit aujourd'hui de pouvoir d'achat. Le salaire n'est qu'un élément du dispositif du revenu. Il faut plus réfléchir ensemble à mieux répartir les subventions de la Caisse de compensation sur les personnes qui en ont le plus besoin. Le président de la Commission Emploi propose de mettre en place de nouvelles allocations logement et éducation car ce sont les vrais problèmes que rencontrent au quotidien les familles marocaines». «Alors, faisons attention à ne pas transférer la responsabilité politique sur les entreprises. Ne cédons pas au populisme ambiant, c'est tellement facile», conclut-t-il. Toujours est-il que le ministère de l'Emploi n'a pas sollicité les autres parties prenantes à savoir les syndicats ou le patronat, lors de la préparation de cet appel d'offres. Cela ne les dérange pas pour autant. Selon eux, il n'a pas à le faire et il est dans son rôle et tant mieux. Une chose est cependant sûre : la CGEM et le gouvernement ont le même intérêt; une économie qui fonctionne et des entreprises qui investissent. Pour cela, il faut un climat de confiance et non de défiance. Aussi, toutes les personnes sensées savent que le pouvoir d'achat de la majorité des salariés est faible et qu'il est temps de penser à créer un nouveau modèle social.Il est à espérer qu'avec la mise en place du CES, un débat va s'installer et que nous allons aboutir à la construction de ce modèle nécessaire à un Maroc futur, juste et apaisé. A vrai dire, tout laisse prédire que cette étude est le prélude d'un changement pour nos smigards. Espérons-le !