Kamal Fahmi, président de l'Association de la Qualité et du Management, revient sur les enjeux de Solutechq. - Finances News Hebdo : Quel est l'objectif de Solutechq ? - Kamal Fahmi : Le Solutechq est devenu le rendez-vous incontournable des professionnels des systèmes manageriels qualité, sécurité, environnement, développement durable… C'est un espace d'échange entre les différents acteurs du domaine, à savoir les cabinets conseil, les cabinets de certification, les dirigeants d'entreprise, les institutionnels ainsi que les managers QSE, pour traiter et débattre sur des thématiques relatives à la qualité, la sécurité, l'environnement et le développement durable. Le Salon permet également d'apporter certaines réponses à des problématiques vécues par l'entreprise, à travers les thématiques traitées dans les différents ateliers et conférences. - F.N.H. : Vous êtes le président de l'Association de la Qualité et du Management (AQM) ; quel est le rôle que joue l'Association pour promouvoir la qualité et le développement durable au sein des entreprises marocaines ? - K.F. : L'Association a été créée en 2000 sous l'appellation Association des Qualiticiens du Maroc. Une appellation qui a été changée pour prendre le nom d'Association de la Qualité et du Management, dans le but d'accompagner les nouvelles tendances managériales et étendre notre champ d'activité aux systèmes de management qui contribuent à l'amélioration des performances de l'entreprise, notamment : management de la qualité, sécurité, environnement, développement durable, ressources humaines, systèmes d'informations, risque management,… De ce fait, l'objectif de l'Association est de promouvoir tous les systèmes managériaux qui peuvent aider l'entreprise marocaine à maîtriser ses risques (clients, fournisseurs, qualification du personnel, environnement, social, sociétal…..) et par conséquent à pérenniser son activité. D'ailleurs, la situation actuelle l'impose vu qu'en 2012 il n'y aura plus de barrières douanières, alors que plus de 95% des entreprises marocaines sont des PME et PMI, dont une bonne partie a du mal à intégrer ses systèmes de management ; en témoigne le nombre de certifications qui avoisine à fin 2010 les 1.200 entreprises certifiées. Nombre qui reste en deçà de nos ambitions, et ce malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour accompagner financièrement, à travers l'ANPME, la mise à niveau des PME/PMI, mais aussi les associations professionnelles (UMAQ, AQM, ACM,…), qui ne ménagent aucun effort pour sensibiliser, informer, communiquer et expliquer, dans le cadre des différentes manifestations (semaine de la qualité, assises, caravane , Solutechq …), les enjeux et l'apport des systèmes managériaux pour l'amélioration de la compétitivité de l'entreprise marocaine. - F.N.H. : Quelles sont les actions que l'AQM mène auprès des entreprises marocaines ? - K.F. : L'AQM organise depuis 2000 de nombreuses manifestations, notamment «Le samedi des qualiticiens», «Les Assises nationales du management et de l'excellence». Nous organisons également le Prix du qualiticien du Maroc, des ftours qualité et, une première au Maroc : la Caravane de l'AQM. Cette caravane, qui a déjà sillonné bon nombre de villes du Royaume, Tanger, Laâyoune, Marrakech, Agadir, Fès et Casablanca, vise des pôles thématiques par région. C'est le cas par exemple de Marrakech où nous avons abordé la problématique du tourisme, pour démontrer comment une démarche qualité peut améliorer le service dans l'industrie hôtelière. - F.N.H. : Quelles sont les contraintes que les entreprises marocaines rencontrent lors de la mise en place d'une démarche qualité ? - K.F. : Les contraintes que les entreprises peuvent rencontrer sont plutôt des contraintes internes. Soit parce qu'il y a une mauvaise information sur le système management au sein de l'entreprise, soit qu'il n'y a pas de pression de la part des donneurs d'ordre. Dans ce sens, on a réalisé en 2000, 2005 et 2008, le bilan national de la qualité pour répondre à la question : quels sont les freins qui empêchent l'entreprise marocaine de s'inscrire dans une démarche qualité ? Les réponses étaient, souvent, soit que la norme a été lourde à mettre en place (en particulier les anciennes versions), soit qu'il fallait des investissements, notamment en ressources humaines qualifiées pour la mise en place d'un système management de la qualité et la mobilisation de l'ensemble du personnel… Des contraintes qui peuvent facilement être surmontées au sien de l'entreprise à travers une concertation avec des cabinets conseil ou des experts en la matière. Ce qui revient à dire qu'une fois que le système management de la qualité est mis en place, l'entreprise ne peut être que gagnante, sachant que des statistiques ont montré que les coûts de non-qualité représentent 20 à 30% du chiffre d'affaires de l'entreprise. Cette non-qualité peut être aussi bien une mauvaise organisation (on ne se pas qui fait quoi), une mauvaise gestion des ressources (absence de plan de formation, profil non adapté au poste de travail, absence de système de motivation,…), des systèmes de mesures mal réglés (problème d'étalonnage des équipements de mesure), des achats mal gérés (spécifications des achats mal définies, choix des fournisseurs sur la base du prix au détriment de la qualité,…)… Donc, le rôle de la norme est d'apporter à l'entreprise les recommandations nécessaires pour maîtriser et améliorer l'ensemble des processus opérationnels et fonctionnels, pour fournir un produit/service qui répond aux besoins et attentes de ses parties prenantes, tout en s'inscrivant dans un processus d'amélioration continue. Toutefois, la norme laisse le libre choix aux entreprises de définir, en fonction des leurs moyens et de leurs ressources, les méthodes et les outils pour mettre en place les différentes exigences normatives. - F.N.H. : Une fois le système de management de la qualité mis en place, comment peut-on le pérenniser ? - K.F. : L'implantation d'un système de management de la qualité, sécurité, environnement ou autre, ne doit pas être porté uniquement par le responsable qualité dans un but d'obtenir la certification ou un label, notamment pour des considérations commerciales, comme certains le font. Mais il doit être décliné à l'ensemble du personnel avec une vision claire, portée par le chef d'entreprise et traduite dans une politique formalisée et communiquée à l'ensemble des salariés. Cette politique est déclinée en objectifs mesurables pour l'ensemble des collaborateurs et suivis dans le cadre des revues de la Direction. La certification des systèmes managériaux est aussi un moyen très efficace de pérenniser le système, étant donné que la durée de la certification est de 3 ans durant laquelle l'entreprise certifiée est auditée une fois par an par l'organisme certificateur qui doit, non seulement s'assurer du maintien du système de management, mais aussi s'assurer que l'entreprise s'inscrit dans une démarche d'amélioration continue de ses processus. Pour résumer, les systèmes managériaux permettent à l'entreprise de: travailler mieux et moins. Propos recueillis par L.Boumahrou