L'Union Européenne est de loin notre premier partenaire commercial. Cependant, sa récente décision de soumettre la tomate marocaine au certificat d'importation est aujourd'hui source de sérieux problèmes. Fait rassurant: le gouvernement a son plan de réa Les limites du partenariat unique commencent à se manifester, d'où la prise de conscience que le Maroc est amené à tisser d'autres liens plus solides avec des pays offrant plus d'opportunités. La décision prise par la Commission européenne d'instaurer un certificat d'importation est un fait inattendu pour les exportateurs marocains qui en ressentent un grand malaise. Il s'agit là pour eux d'une véritable douche écossaise ! Lorsqu'on se réfère aux chiffres, on constate que les exportations marocaines en matière d'agrumes ont progressé durant l'exercice actuel. Cependant, l'institution du certificat à l'importation par l'UE risque de laminer nos parts de marché. En effet, selon les chiffres émanant du département de l'Agriculture, le marché européen a absorbé durant la période s'étalant de janvier à novembre 1999 près de 90% des exportations agrumicoles du Royaume. Des exportations qui, pour la période considérée, se sont situées à 70.000 tonnes, soit une hausse de 23% par rapport à la même période de l'exercice précédent. S'agissant des tomates qui aujourd'hui sont pointées du doigt, ces dernières représentent 88% du total des exportations ; elles ont plafonné à 62.000 tonnes, soit 10.000 tonnes de plus que durant l'exercice passé. On peut en déduire que si ces chiffres indiquent une amélioration certaine sur le plan quantitatif notamment, il n'en demeure pas moins que le pavé que vient de jeter la Commission européenne en instituant la certification d'importation pour la tomate représente un réel handicap défavorisant les exportations marocaines sur ce rayon. La conséquence de l'instauration de ce certificat est que tout importateur est censé devoir obtenir à compter de ce mois, une licence d'importation pour introduire la tomate marocaine sur les marchés de l'Union Européenne. Les effets négatifs d'une telle mesure suscitent une vive réaction des producteurs comme des exportateurs marocains au moment où le gouvernement est en train de concocter un plan de riposte. Les producteurs exportateurs de tomates projettent d'organiser une marche sur Rabat et un si-tin devant la Représentation de l'UE, le mercredi 12 janvier 2000, pour protester encore une fois contre l'imposition des certificats d'importation sur les tomates marocaines entrant en Europe. Les producteurs-exportateurs trouvent la position du gouvernement plutôt inopérante, puisqu'il se contente simplement de dénoncer la mesure, du moins pour l'instant. Dans la seule région d'Agadir, quelque 60.000 emplois sont menacés et, outre les difficultés commerciales de cette année, les producteurs se demandent s'ils devront semer au printemps, dans le cas où le système du certificat à l'importation doit être maintenu pour la prochaine campagne. Le mardi 4 janvier, le Ministère de l'Agriculture a bien exprimé son regret quant à la tournure que prennent les relations Maroc-UE. M. Habib El Malki a ainsi fait savoir devant les Conseillers, que l'Exécutif a élaboré un plan afin de sensibiliser l'UE en vue d'une révision de ladite mesure. Le Maroc, a précisé le ministre de l'Agriculture, insistera sur le respect de l'esprit de l'accord de partenariat signé en 1995 entre Rabat et Bruxelles. Une telle mesure, assure le ministre, va à l'encontre de la nouvelle philosophie et des principes de l'Organisation Mondiale du Commerce. Le ministre compte aller au-delà de ces agissements si cette sensibilisation n'arrive pas à lever cette décision qui, c'est le moins que l'on puisse dire, relève d'un protectionnisme qui ne veut pas dire son nom. De même, a annoncé M. El Malki, les Pouvoirs publics finaliseront sous peu une consultation juridique sur la base de laquelle ce dossier serait soumis à qui de droit, l'OMC en l'occurrence... Une chose est sûre : cette décision est intervenue juste après que le Maroc n'ait pas accepté de renouveler l'Accord de pêche avec l'UE. Les responsables sont ainsi amenés à fournir plus d'efforts pour mettre fin à ce type de chantage. Car si aujourd'hui l'UE a commencé par la tomate, cela risque de constituer un précédent pouvant s'étendre à d'autres produits...