Le secteur du textile-habillement est handicapé par l'impact négatif de la crise. A l'horizon 2015, le Pacte National pour l'Emergence Industrielle offrira quelques 220.000 nouveaux emplois et favorisera l'accroissement du PIB industriel de quelque 50 Mds de DH. Les analystes du CMC diagnostiquent la politique industrielle en vigueur. La nouvelle stratégie, essentiellement matérialisée par le Pacte National pour l'Emergence Industrielle 2009-2015, n'a pas eu d'autre choix que d'opter pour une modernisation accélérée de l'industrie, une relance économique fondée sur une forte exacerbation de la compétitivité et un gain en crédibilité pour intéresser les investissements étrangers. Dans leur dernière lettre, les analystes du Centre Marocain de Conjoncture ont procédé à l'évaluation de la politique industrielle en vigueur pour venir au secours d'une industrie en perte de vitesse. D'après eux, cette faible performance est inhérente aux prouesses limitées de l'industrie alimentaire qui augmentait au rythme de 1,2% par an, mais surtout à la forte décroissance de l'industrie du textile et du cuir, fortement touchée par la crise économique mondiale, et qui connaît un recul de près de 2,3% en moyenne annuelle depuis 2004. De ce fait, la part de l'industrie de transformation dans le PIB n'a cessé de se détériorer, passant de 17,5% à 14,2% en 2008 pour se situer autour de 12% actuellement. Cette déprime se retrouve avec la même intensité au niveau de l'emploi. Le secteur industriel, qui se caractérise par une grande mobilité de l'emploi, ne dégage qu'un solde de près de 70.000 postes contre près d'un million au niveau de la branche des services au cours de la dernière décennie. Le secteur de l'industrie souffre par ailleurs de la faiblesse qu'il doit à sa composition constituée essentiellement (plus de 91%) de petites et moyennes entreprises souvent familiales, à la faiblesse de la qualification de sa main-d'œuvre, à l'insuffisance de la recherche-dévelopement et à la rareté des entreprises engagées dans l'innovation et, enfin, à la forte présence d'un secteur informel qui s'accapare entre 20 et 30% du tissu de ce secteur. «La nouvelle stratégie industrielle porte ainsi l'espoir, non seulement de corriger les insuffisances de l'impact sur la croissance de l'économie nationale, mais aussi d'assurer une meilleure maîtrise de l'ouverture du Maroc sur l'économie mondiale pour l'acquisition d'une place non pénalisante dans l'échiquier des échanges internationaux dominés par la fièvre de la compétitivité», apprend-on dans la dernière lettre du CMC. Il est attendu à l'horizon 2015 que ce programme offrira quelques 220 000 nouveaux emplois et favorisera l'accroissement du PIB industriel de quelque 50 Mds de DH, tout en améliorant les opportunités d'exportation pour une valeur de 95 MDH. Le financement de ce contrat-programme nécessitera la mobilisation de 12,4 Mds de DH dont le tiers sera réservé à la qualification des ressources humaines et le quart sera dédié à la subvention de l'investissement. Les résultats escomptés à cet égard reposent sur la mise à profit des opportunités que le Maroc offre désormais à la délocalisation, mais surtout sur le renforcement de l'attractivité du Royaume par la définition de nouvelles offres Maroc, basées sur des secteurs structurants à fort potentiel. Afin de doter le pacte national émergence industrielle 2009-2015 de tous les moyens nécessaires lui permettant de porter le Maroc vers un accostage salutaire sur la rive de l'après-crise, cette stratégie a été dotée de grandes mesures. Ces mesures, renforcées par la position géographique stratégique du Maroc, sont censées offrir au Maroc un avantage comparatif vis-à-vis de la rive sud de la Méditerranée allant de 30 à 35%, dans une combinaison des gains à réaliser grâce à la faiblesse du coût de la main-d'œuvre, aux avantages fiscaux et aux économies liées à la réduction des coûts de transport et de communication. Un bilan d'étape mitigé A l'occasion de la première édition des Assises de l'industrie, en avril 2010, le premier bilan d'étape montre que les dispositions prises permettent d'augurer d'une mise en œuvre prometteuse de la stratégie ainsi définie même si le Pacte National pour l'Emergence Industrielle (PNEI) n'est encore que dans sa phase de démarrage. Récemment, à l'occasion de la signature de la convention entre l'ANPME et le corps des experts-comptables, le ministre A. R. Chami avait annoncé que les résultats des programmes Moussanada et Imtiaz sont très mitigés (voir www.financenews.press.ma). Mais cela n'empêche pas de dire que les prémices de bons résultats sont là. Toutefois, les conjoncturistes prétendent que si ces prémices peuvent pousser à l'optimisme, il n'en demeure pas moins que des problèmes réels restent à aplanir pour garantir une meilleure réalisation des objectifs. C'est le cas du secteur du textile toujours empêtré dans la propagation des ondes de la crise et des NTIC qui ne semble pas avoir réuni les conditions de décollage. Par ailleurs, la problématique liée à la gouvernance, à la bureaucratie administrative et à la pression fiscale, fait que l'exode des PME vers le secteur informel connaît un flux important générateur de déstabilisation, de vulnérabilité des chaines de production et de suppression des économies d'échelle. Enfin, la voie de la régionalisation avancée dans laquelle le Maroc s'est engagé présuppose de doter les territoires, délimités dans ce cadre, de stratégies sous-jacentes qui leur permettent de mettre en valeur leurs potentialités industrielles spécifiques et d'enclencher des dynamiques locales qui accompagneraient et s'intègreraient dans la mouvance du développement des pôles identifiés et valorisés dans le cadre de la stratégie nationale globale.