* Les sociétés cotées ont été généreuses envers leurs actionnaires : le taux de distribution s'est situé à plus de 75%. * Les taux de rendement offrent une prime de risque intéressante : parfois plus de deux points de base par rapport à un placement sécurisé. Dans les jours ou les semaines à venir, les entreprises cotées à la Bourse des valeurs de Casablanca auront fini de rétribuer leurs actionnaires. En tout, ce sont 14,71 milliards de dirhams qui sont redistribués par les sociétés cotées sous forme de dividendes (sauf désapprobation des AGO non encore tenues pour l'instant). Les sociétés cotées ont fait preuve cette année d'une grande générosité envers leurs actionnaires puisque le taux de distribution des résultats se situe, d'après nos calculs, aux alentours de 75 %. Prudence toutefois, ce taux ne permet en aucun cas de dégager une tendance générale tant la rentabilité de chaque secteur et de chaque société est différente. En gros, on peut répartir la cote marocaine en trois grandes catégories en se basant sur la politique de distribution des entreprises qui la composent. Ainsi, on distingue les entreprises très généreuses, les entreprises raisonnablement généreuses et, enfin, celles qui n'ont pas les moyens de l'être. Maroc Telecom, championne du dividende en 2006 Sur la base de cette classification, Maroc Telecom est certainement le champion de la cote. À lui seul, l'opérateur historique va distribuer dans les prochains jours (le 12 mai étant la date de détachement du dividende) plus de 6,9 milliards de dirhams de dividendes au titre de l'exercice 2006, soit la totalité du résultat distribuable. Une décision validée sans scrupule le 12 avril dernier lors de l'Assemblée Générale des actionnaires de la société, et qui dénote d'une générosité impressionnante de la société envers ses actionnaires. En dehors de ce gros morceau, le reste des entreprises qui ont dégagé un résultat positif ont tenté tant bien que mal de maintenir un niveau de dividendes élevé, histoire de récompenser, à leur manière, le courage des actionnaires qui les ont accompagnés durant toute l'année. Il faut dire aussi qu'en l'absence de programmes d'investissements importants qui mobiliseraient les fonds propres de la société, ces entreprises n'ont d'autre choix que de faire plaisir à leurs actionnaires. Les banques (Attijariwafa bank, BMCE, Crédit du Maroc et BMCI), le groupe ONA-SNI, la Samir et les entreprises du secteur des BTP ont ainsi fait le choix d'une politique de distribution satisfaisante. On distingue finalement un troisième groupe, composé d'une dizaine de sociétés qui ne reverseront pas un seul centime à leurs actionnaires au titre de l'année 2006. Certaines d'entre elles (Balima, CIH, Dari Couspate, Diac, Involys, La Marocaine Vie, Mediaco et la SMI) le font pour garder le peu de résultats qu'elles ont réalisés en vue d'améliorer leurs fonds propres, alors que d'autres, telles que Le Carton ou Papelera de Tetuan, n'ont pas réellement le choix : elles affichent des résultats négatifs. La mise en paiement de dividendes est cependant une condition pour le maintien d'une valeur à la cote. Les entreprises qui s'abstiennent pendant plus de trois années de rémunérer leur actionnariat prennent le risque de sen voir radiées. Si les autorités du marché venaient à appliquer cette règle, plusieurs valeurs se retrouveraient rapidement en mauvaise posture. Un taux de rendement intéressant «Grâce à leurs performances financières en bon cru cette année, les entreprises cotées ont tenu à maintenir un niveau de dividendes élevé en 2006», nous indique un analyste de la place. En effet, comme nous l'avions annoncé dans nos précédentes éditions (www.financesnews.press.ma), la capacité bénéficiaire des entreprises inscrites à la cote s'est améliorée de plus de 17% comparativement à l'exercice 2005. Chose qui entraîne, toute chose étant égale par ailleurs, un accroissement des dividendes distribués. En considérant uniquement le rendement de dividende, le placement boursier s'avère aujourd'hui intéressant. Comparées à un placement sans risque (bons du Trésor à 5 ans rémunérés à 3,15 %), certaines valeurs offrent une prime de plus de 2 points de base. Le titre Maoc Telecom offre, à titre indicatif, un taux de rendement (dividende/cours) de +6%. Mais cette tendance n'est pas générale puisque l'envolée des cours aidant, plusieurs valeurs ont vu leur rendement s'effriter malgré le fait qu'elles aient maintenu une politique de distribution généreuse ; l'accroissement des cours étant disproportionné par rapport à celui des dividendes distribués. En somme, le rendement moyen du marché s'élève à près de 2,5%. «Un taux de rendement intéressant, sans compter bien évidemment les plus-values que les gens peuvent récolter suite à la bonne tenue du marché», estime notre analyste. Par ailleurs, 2006 reste une année particulière puisqu'elle a vu l'intérêt des actionnaires minoritaires et ceux des dirigeants des sociétés cotées converger. En effet, les Conseils d'Administration, même dans les places financières les plus développées, rechignent le plus souvent à rémunérer correctement leurs actionnaires. Au vu des données actuelles, on ne peut espérer qu'une chose : que ça dure !