* Les sociétés cotées vont distribuer, dans les quelques jours qui viennent, près de 70% de leurs bénéfices nets. * Maroc Telecom, à elle seule, va distribuer plus de 8,1 milliards de dirhams, soit près de la moitié de lensemble des dividendes. * Le taux de rendement moyen de la cote ressort à près de 2,5%. Dans les jours ou les semaines à venir, les entreprises cotées à la Bourse des valeurs de Casablanca auront fini de rétribuer leurs actionnaires. Et la saison des récoltes est très bonne cette année. Elle est même meilleure que celle de lannée dernière. En tout, ce sont près de 18,5 milliards de dirhams qui seront distribués par les sociétés cotées, cette année, sous forme de dividendes, soit 5 milliards de plus que lannée dernière. Les sociétés cotées auront ainsi distribué près de 70% de leur bénéfice net agrégé, qui sest fixé à plus de 27 milliards de dirhams à lissue de lannée 2007. Ce qui montre clairement que les sociétés cotées ont fait preuve dune grande générosité envers leurs actionnaires. Prudence toutefois, car ce taux de distribution (70%) ne permet en aucun cas de dégager une tendance générale tant la rentabilité de chaque secteur et de chaque société est différente. En gros, on peut répartir la cote marocaine en trois grandes catégories en se basant sur la politique de distribution des entreprises qui la composent. Ainsi, on distingue les entreprises très généreuses, les entreprises raisonnablement généreuses et, enfin, celles qui nont pas les moyens de lêtre. Maroc Telecom crache 8,1 MMDH ! Sur la base de cette classification, Maroc Telecom est certainement le champion de la cote. À lui seul, lopérateur historique va distribuer dans les prochains jours plus de 8,1 milliards de dirhams de dividendes au titre de lexercice 2007, soit la totalité du résultat distribuable. Une décision validée sans scrupule lors de la dernière Assemblée générale des actionnaires de la société, et qui dénote dune générosité impressionnante de la société envers ses actionnaires. En dehors de ce gros morceau, le reste des entreprises qui ont dégagé un résultat positif, a tenté tant bien que mal de maintenir un niveau de dividendes élevé, histoire de récompenser, à leur manière, le courage des actionnaires qui les ont accompagnées durant toute lannée. Il faut dire aussi quen labsence de programmes dinvestissements importants qui mobiliseraient les fonds propres de la société, ces entreprises nont dautres choix que de faire plaisir à leurs actionnaires. Les banques (Attijariwafa, BMCE, Crédit du Maroc et BMCI), le groupe ONA-SNI, Sonasid et les entreprises du secteur des BTP ont ainsi fait le choix dune politique de distribution satisfaisante. On distingue finalement un troisième groupe, composé dune dizaine de sociétés qui ne reverseront pas un seul centime à leurs actionnaires au titre de lannée 2006. Certaines dentre elles (Balima, Dari Couspate, Diac...) le font pour garder le peu de résultats quelles ont réalisés en vue daméliorer leurs fonds propres, alors que dautres, telles que Le Carton, Papelera de Tetuan, La Marocaine Vie ou la SMI, nont pas réellement le choix : elles affichent des résultats négatifs. La mise en paiement de dividendes est cependant une condition pour le maintien dune valeur à la cote. Les entreprises qui sabstiennent pendant plus de trois années de rémunérer leur actionnariat prennent le risque de se voir radiées de la cote. Si les autorités du marché venaient à appliquer cette règle, plusieurs valeurs se retrouveraient rapidement en mauvaise posture. Des taux de rendement différenciés Grâce à leurs performances financières en bon cru cette année, les entreprises cotées ont tenu à maintenir un niveau de dividendes élevé en 2007. En effet, la capacité bénéficiaire des entreprises inscrites à la cote sest améliorée de plus de 30% comparativement à lexercice 2006. Chose qui entraîne, toutes choses étant égales par ailleurs, un accroissement des dividendes distribués. En considérant uniquement le rendement de dividende, le placement boursier savère aujourdhui intéressant. Comparées à un placement sans risque (bons du Trésor à 1 an rémunérés à 3,45 %), certaines valeurs offrent une prime parfois de plus de 8 points de base. Le titre Cosumar offre, à titre indicatif, un taux de rendement (dividende/cours) de 9,36%. Des valeurs comme Sonasid ou Rebab Company ont carrément dépassé la barre des 12% de taux de rendement ! Mais cette tendance nest pas générale puisque lenvolée des cours aidant, plusieurs valeurs ont vu leur rendement seffriter malgré le fait quelles aient maintenu une politique de distribution généreuse. Laccroissement des cours étant disproportionné par rapport à celui des dividendes distribués. En somme, le rendement moyen du marché sélève à près de 2,5%. Un taux de rendement, en somme, relativement faible. Mais ceci sans compter bien évidemment les plus-values que les gens peuvent récolter suite à la bonne tenue du marché qui a gagné, faut-il le rappeler, plus de 33% durant lannée 2007. Une année qui reste dailleurs assez particulière puisquelle a vu lintérêt des actionnaires minoritaires et ceux des dirigeants des sociétés cotées converger vers le même sens. En effet, les Conseils dAdministration, même dans les places financières les plus développées, rechignent le plus souvent à rémunérer correctement leurs actionnaires. Au vu des données actuelles, on ne peut espérer quune chose : que ça dure !