Suite au 6ème Congrès de l'Ordre des Experts-Comptables, la profession a entamé son propre plan numérique. Une action qui sera couronnée par une convention avec l'ANPME et SAGE, éditeur de logiciels. Elle permettra de révolutionner les méthodes de travail, générera un gain de productivité et une meilleure qualité. Une série de formations de formateurs aux programmes Moussanada et Imtiaz, aura lieu auprès des 4.000 collaborateurs de l'Ordre. Pour Abdellatif Bernossi, président de l'Ordre National des Experts-Comptables, les mutations que connaît le Maroc se traduisent par une accentuation de la contribution de l'expert-comptable à la création de valeur. - Finances News Hebdo : Comment est venue l'idée de cette convention signée avec l'ANPME? - Abdellatif Bernossi : L'idée a germé lors du 6ème Congrès de l'Ordre qui s'est tenu à Fès en Octobre 2009 sous le thème «L'Expert-Comptable et l'Entreprise à l'ère numérique». À titre de recommandation principale de nos travaux, les instances de l'Ordre ont pris l'engagement de mettre en œuvre un plan numérique de la profession, à l'instar du Plan Maroc Numéric 2013. L'engagement portait à la fois sur les plans technique et financier. Une commission a été constituée à cet effet et une enquête a été lancée auprès des cabinets pour faire un état des lieux. Parallèlement, des discussions ont été entamées avec les principaux éditeurs de logiciels professionnels ainsi qu'avec l'ANPME pour le financement dans le cadre du programme Moussanada TI. Et le tout a été couronné par la signature, en présence de M.Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, de la convention entre l'Ordre et l'ANPME. - F. N. H. : La convention de partenariat avec l'ANPME porte sur la mobilisation des membres de l'OEC en tant que prescripteurs et relais de l'action de l'ANPME pour la promotion des programmes visant l'amélioration de la compétitivité des PME. Comment l'Ordre pourrait-il à son tour impliquer tous ses membres dans cette action ? - A. B. : Nous allons initier, en partenariat avec l'ANPME, une série de formations de formateurs aux programmes Moussanada et Imtiaz afin de familiariser nos membres avec les procédures d'accès aux avantages offerts par ces programmes. Les «formateurs» initieront nos membres dans les régions afin d'assurer une couverture nationale à l'opération. - F. N. H. : L'Ordre compte plus de 4.000 collaborateurs avec 40.000 PME clientes à travers le Maroc. Comment cette action de sensibilisation auprès des PME sera-t-elle déployée sur le territoire national ? - A. B. : Deux modes opératoires sont prévus. Le premier se déroulera naturellement et directement par le contact au quotidien entre l'expert et ses entreprises clientes. Le second pourrait revêtir la forme d'intervention conjointe entre l'ANPME et l'Ordre pour présenter les produits concernés et répondre aux attentes et interrogations des entreprises en termes de conditions d'éligibilité et de procédures pratiques. - F. N. H. : Un budget sera-t-il affecté à cette action de sensibilisation des PME ? - A. B. : Il n'est pas prévu de budget spécifique à cette opération. La question sera réglée au cas par cas, en fonction des situations spécifiques. En particulier, on pourra compter sur les associations professionnelles nationales et régionales pour contribuer également à cet effort qui se veut de portée générale et devant intéresser un maximum de PME à travers tout le Royaume. - F. N. H. : La convention porte également sur l'accompagnement des membres de l'OEC pour le renforcement de leur productivité en tant que PME bénéficiaires directes des programmes d'appui de l'ANPME via une offre Moussanada Technologies de l'information dédiée à la profession des experts-comptables. Quel sera l'apport de ce saut technologique pour un bon nombre de cabinets d'expertise ? Et comment seront financés les 24 % qui seront supportés par les cabinets ? - A. B. : Cette convention constitue une occasion historique pour nos cabinets. Elle permettra de réaliser un saut qualitatif considérable aussi bien dans nos cœurs de métiers que dans la gestion proprement dite de nos cabinets. La mise en œuvre d'une couverture numérique moderne et performante, permettra de révolutionner nos méthodes de travail et générera un gain de productivité important et une meilleure qualité de prestations. Les négociations menées avec les éditeurs de logiciels, et permettez-moi ici de rendre hommage à l'action déterminante, en l'occurrence, de Madame Echihabi, Directeur général de l'ANPME et de son équipe, ont permis l'obtention d'une remise de 40% sur le tarif public. Cumulée avec la contribution du programme Moussanada de 60%, la remise aboutit à un coût réel de 24% pour le cabinet. Je pense qu'en général, ce coût sera financé par fonds propres. - F. N. H. : La question de numérisation a été l'objet du VIème Congrès tenu à Fès qui s'est clôturé avec plusieurs résolutions. Où en êtes-vous actuellement ? - A. B. : Comme indiqué au début de cet entretien, la convention est l'émanation des recommandations du 6ème Congrès. L'objectif est d'encourager le maximum de professionnels à bénéficier du programme Moussanada. Le premier trimestre 2011 serait une période consacrée à la constitution du dossier et à l'accomplissement des formabilités et de choix des logiciels. À partir du mois d'avril, on passera à la phase mise en place, paramétrage… De sorte que le nouveau dispositif soit totalement opérationnel à l'automne 2011. - F. N. H. : Comment voyez-vous le rôle de l'expert-comptable à la lumière de tous les changements que connaît le Maroc, et comment peut-il y contribuer ? - A. B. : Le Maroc est en pleine mutation économique avec des stratégies sectorielles porteuses de forte croissance. Le tissu économique est dominé par la PME qui doit bénéficier d'une attention toute particulière en vue d'accroître sa compétitivité. De son côté, la profession d'expert-comptable connaît également des mutations qui se traduisent par une accentuation très forte de la contribution de l'expert-comptable à rendre durable la création de valeur au sein de l'entreprise. Comment ? Eh bien, aujourd'hui l'expert-comptable n'est plus confiné dans les métiers de la comptabilité et des déclarations fiscales. Son rôle de conseil de la PME revêt, désormais, une place capitale dans ses missions au point de le qualifier de directeur financier virtuel de la PME. Propos recueillis par Imane Bouhrara