* Une commission mixte constituée entre le ministère de lEmploi et la CNSS se penche actuellement sur la refonte du texte régissant lassurance accident du travail qui date de 1927. * Confier cette assurance à la Caisse de Sécurité Sociale est jugé rétrograde pour un pays tourné vers la modernité. Trois ans après avoir restitué la part de retraite gérée par les compagnies dassurance à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et qui avoisine 1 Md de DH, on parle aujourdhui dun éventuel retrait de lassurance du travail en vue de la confier à la CNSS. Taxées pendant longtemps de collecter largent facile, les compagnies dassurance sont aujourdhui sur la sellette. Contactés par nos soins, certains assureurs ont nié une telle information ; dautres, par contre, estiment que linformation circule et si jamais elle sapplique, elle aurait un impact négatif sur la rentabilité des compagnies dassurance. Au Maroc, le texte régissant lassurance accident du travail date de 1963 et représente la refonte de la forme et non de la substance du texte de 1927, date de début du Protectorat. Les opérateurs du secteur des assurances sont désormais unanimes quant à une refonte des textes devenus obsolètes et qui régissent encore lassurance accident du travail. Cest dans ce sillage quune commission mixte sest constituée entre le ministère de lEmploi et la Caisse de Sécurité Sociale avec pour objectif une remise à plat de cette loi qui ne sadapte plus à la réalité. Cette commission se penche aussi sur la possibilité de confier lassurance accident du travail à la CNSS. Un responsable au sein de la Direction des Assurances de Prévoyance Sociale (DAPS) nous explique que le corps des assureurs ne pourrait être que contre une telle mesure. Dans un premier temps, il soutien que le rôle de la CNSS est la protection sociale alors que lassurance de laccident du travail relève de la responsabilité civile. Pour plus dexplications, lemployeur, afin de se prémunir contre les recours aux tribunaux en cas de survenance dun accident du travail touchant lun de ses employés, sassure auprès dun assureur. Donc, il est tout à fait impératif de la part des pouvoirs publics de consulter et les assureurs et le Patronat avant de pouvoir prendre une telle décision. Et en vue de convaincre les deux parties prenantes que sont le Patronat et la Fédération Marocaine des Sociétés dAssurance (FMSAR), il devient impératif de mener une étude qui dégage des arguments solides et qui justifie la prise dune telle décision. Le responsable au sein de la DAPS estime que cette mesure ne pourrait être qualifiée que de rétrograde. Le principe dun système libéral est de laisser au privé ce qui appartient au privé. Or, cette mesure pourrait être considérée comme un retour en arrière pour un pays en quête de modernisation. Cette mesure est donc qualifiée de rétrograde, dautant quactuellement les tarifs sont libéralisés et sont négociables entre assureurs et employeurs. Comment seraient alors fixés les tarifs si cette branche passe sous la responsabilité de la sécurité sociale ? Un professionnel du secteur, qui souhaite garder lanonymat, nous affirme que cette décision est aujourdhui plus quune éventualité. Et si elle devait être appliquée, ce sera certainement pour le long terme. Il précise aussi que le risque est complexe parce quil génère le transfert de tout un portefeuille vers la CNSS. Ce professionnel estime que lassurance du travail nest quun produit dappel pour les compagnies dassurance et que tôt ou tard, ce qui relève du social finira par tomber entre les mains de la CNSS. Lobjectif est aussi un renflouement des recettes de la Caisse. Un risque de déstabilisation ! Pis encore, en cas dapplication de cette décision, les compagnies dassurance risqueraient de voir leurs marges de rentabilité se réduire. Inutile de rappeler le rôle des compagnies dassurance dans la mobilisation de lépargne institutionelle. Mais il est important tout de même de préciser que lassurance accident du travail équivaut à 1,5 Md de DH de primes collectées par le secteur. Cette catégorie occupe la troisième place après celles relatives à lautomobile et aux accidents corporels. Les arguments avancés par les pouvoirs publics sont que dans certains pays, cette assurance est confiée à la Caisse de Sécurité Sociale. Or, lorsquon regarde de près, on remarque que la France est le seul pays qui applique cette mesure. Alors, jusquà quand va-t-on rester obsédés par ce qui se passe dans lHexagone ? Dans leur programme, les autorités projettent de généraliser lAssurance accident du travail aux fonctionnaires de lEtat qui perçoivent aujourdhui des miettes, sinon rien, en cas de survenance dun accident. Par ailleurs, les pouvoirs publics considèrent que la Caisse est apte à prendre en charge cette catégorie dassurance dans la mesure où elle gère le fichier des entreprises affiliées à la Caisse qui se verraient désormais obligées de payer. Autre fait à relever et qui nest pas des moindres : en dépit de son caractère obligatoire, la prime accident du travail ne fait que baisser. La contribution patronale au fonds de majoration des rentes passe de 20 à 15% pour 2006. Cette décision se traduit par une baisse de 5% de la prime accident du travail pour cette année. Larrêté publié en juin dernier est en passe dêtre appliqué. Pour 2007, la contribution patronale pourrait être révisée. Tout dépendra des résultats de létude menée actuellement par le ministère de lEmploi sur les engagements du fonds du travail. Cette baisse résulte essentiellement de la fraude et du manque de contrôle incombant à linspection du travail qui ne dispose pas des compétences nécessaires et dont le rôle reste marginalisé. Une chose est cependant sûre : la prise dune telle décision est toujours à létude et son application émane, bien entendu, de la volonté gouvernementale. Mais toujours est-il quune question reste posée : la CNSS a-t-elle les moyens, et peut-elle gérer les accidents du travail? En tout cas, cette dernière sest engagée depuis trois mois à fournir aux pouvoirs publics un plan qui tienne la route. Les autorités attendent, les assureurs sont sur le qui-vive et les victimes des accidents du travail restent les dernières à être informées.