Les équipes de Lydec ont été mises en pré-alerte dès le premier bulletin d'alerte météo. L'effectif des téléconseillers du Centre de relation clientèle a triplé pour faire face à plus de 90.000 appels entre le 29 novembre et le 1er décembre. - Finances News Hebdo : Depuis le début des intempéries, le Centre de relations clientèle Lydec a été assailli d'appels. Comment cette crise a-t-elle été gérée ? - Abdellah Talib : Tout d'abord, il est important de souligner combien ces pluies sont exceptionnelles : il est tombé 210 mm d'eau en 12 h sur la région de Casablanca. Des pluies exceptionnelles avec de telles hauteurs correspondent à la moitié des précipitations totales d'une année. À titre de comparaison, il est tombé le double de précipitations qu'en 1996. Parallèlement aux interventions des équipes de Lydec sur le terrain, celles du Centre de relation clientèle ont été renforcées pour faire face aux nombreux appels et demandes d'interventions. Au plus fort de la crise, l'effectif du Centre a pratiquement été triplé : jusqu'à 48 téléconseillers étaient présents pour répondre aux clients. Entre le 29 novembre et le 1er décembre, nous avons compté plus de 90.000 appels dont la plupart portaient sur la même réclamation. Nous avons renforcé les équipes jour et nuit pour rétablir la situation. De même, nous avons diffusé des communiqués réguliers dans les médias pour tenir les habitants informés de l'évolution de la situation, en particulier en ce qui concerne les quartiers impactés par les coupures de courant, suite à l'inondation des postes de distribution électriques. - F. N. H. : Quels sont les moyens humains et techniques qui ont été mobilisés pour répondre à la détresse des clients ? - A. T. : Dès le premier bulletin d'alerte météo, le vendredi 26 novembre, les équipes ont été mises en pré-alerte. Pendant le week-end, toutes les entités de Lydec concernées par le dispositif (Directions préfectorales, Direction des opérations, Direction exploitation électricité et éclairage public…), ont revérifié le bon fonctionnement de leurs équipements et se sont rassemblées, prêtes à intervenir. Les points les plus critiques, les sites et les infrastructures à risque, ont été visités pour dresser un état des lieux précis. Lydec s'est placée en mode de gestion de crise et a renforcé ses équipes et les moyens d'intervention sur le terrain, dès l'annonce des prévisions météorologiques par la Direction de la Météorologie Nationale le 29 novembre (vents très violents et précipitations de 80 mm entre 12h le 29 et 8h le 30). La mission de la cellule centrale de gestion de crise est de centraliser l'ensemble des informations, de prioriser l'ordre des interventions et de coordonner le travail des cellules de gestion de crise locales mises en place au sein de chaque entité, 9 au total. De même, tous les prestataires et fournisseurs de Lydec ont été mobilisés en renfort, que ce soit pour les interventions sur le réseau électrique, les opérations de pompage ou la fourniture en urgence de matériel. Au total, ce sont près de 1.200 personnes qui ont été actives sur le terrain avec d'importants moyens déployés au cours de l'opération. - F. N. H. : Certains quartiers de Casablanca sont restés dans le noir jusqu'à vendredi. Qu'est-ce qui explique ce retard dans le rétablissement de la connexion électrique ? - A. T. : Ces intempéries exceptionnelles ont perturbé le service de distribution avec une interruption du service sur près de 800 postes de distribution (sur les 4.600 postes gérés par Lydec). Les équipes de Lydec, ainsi que les entreprises prestataires ont été mobilisées pour intervenir sur les postes dont la majorité a été inondée parce que situés en sous-sol, et rétablir le courant. Parmi les quartiers touchés : Maarif, Bourgogne, Palmiers, Gauthier, Racine et Centre-ville. Le 30 novembre au soir, 475 avaient été rétablis. Le lendemain, il ne restait que 153 postes hors service et, au matin du 2 décembre, une quinzaine seulement. Ces ouvrages étant reliés en boucle, il était parfois difficile de remettre en service un poste donné sans impacter les autres. D'autre part, les équipes devaient attendre la fin des opérations de pompage et laisser sécher les installations électriques. Par ailleurs, la remise en service suit une procédure stricte et progressive afin d'éviter tout risque majeur sur le réseau électrique dans son ensemble. Pour les cliniques et les hôpitaux ne pouvant être rebranchés immédiatement, Lydec a mis en place des groupes électrogènes le temps d'effectuer les réparations. Les groupes (32 au total) ont aussi été utilisés pour rétablir l'éclairage public dans certaines zones. Ainsi, ce sont plus de 10.000 manœuvres sur les ouvrages et le réseau d'électricité qui ont été effectuées sans accident, dans le respect des consignes de sécurité. - F. N. H. : En chiffres, à combien évaluez-vous les dégâts causés ? - A. T. : Maintenant que les services sont rétablis, nous sommes en plein bilan qui n'est pas encore arrêté. Dossier réalisé par ImaneBouhrara & Soubha Es-siari