Invités par le Centre d'Etudes et de Recherches sur le Patrimoine Maroco-Lusitanien à Al-Jadida (Ministère de la Culture), les membres de la mission de fouilles archéologiques des grottes d'Al-Khanzira ont eu une rencontre des plus chaleureuses et fructueuses avec le public, ce Lundi 03 Avril 2017, dans l'espace Musée de la Mémoire de la Résistance (Délégation du HCRAL) d'Al-Jadida. Un public averti et très attentif, venu d'Al-Jadida, Moulay Abdallah, Casablanca, et surtout de Douar Oulad Brahim, lequel Douar qui abrite ce fameux site archéologique d'El-Khenzira. Le débat qui a suivi la présentation scientifique témoigne de la qualité du public et aussi de l'intérêt que porte désormais la société civile à la question du patrimoine. La Conférence présentée par des archéologues marocains et Anglais, fut introduite par le Directeur du CERPML, l'archéologue Aboulkacem CHEBRI qui a bien éclairé le public sur l'histoire de ces fameuses grottes d'El-Khenzira fouillées dans les années 30's et qui appartiennent à la civilisation préhistorique dite «Atérien» (span lang="AR-MA" dir="RTL" style="font-size:12.0pt;line-height:107%;font-family:" arial","sans-serif";="" mso-ascii-font-family:calibri;mso-hansi-font-family:calibri;mso-bidi-language:="" ar-ma"=""الحضارة العتيرية). Cet Atérien qui était daté par moins de Cinquante mille (50 000) ans par les recherches du Protectorat, remontrait à environ Cent Cinquante mille (150 000) ans en fonction des nouvelles recherches, selon Mr Chebri qui a précisé que c'est dans ce sens de reconsidération-révision des anciennes datations que s'insère ce projet de fouilles à Khenzira (El-Jdida) et à Taforalt (Berkane). A toute recherche archéologique il y a une problématique qu'il faut tenter d'y répondre, dit-il. Ces données seront corroborées par Pr Nick BARTON et Dr Abdeljalil BOUZOUGGAR et Pr Simon COLLCUTT qui ont présenté la conférence au nom de leurs collègues membres de la mission (Marocains, Anglais et Français). Voici un résumé de leurs propos tels qu'ils voulaient le présenter.
Dans le cadre d'une problématique scientifique autour des «des couloirs des migrations et des activités humaines sur la façade atlantique du Maroc», une équipe de chercheurs marocains, britanniques et français a effectué des recherches archéologiques dans les grottes d'El Khenzira (Douar Oulad Brahim, Commune de Moulay Abdallah, El Jadida) du 5 mars au 4 avril 2017. Ces recherches ont obéi à trois objectifs principaux : -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" Evaluer le potentiel archéologique des grottes d'El Khenzira après 83 ans des premières fouilles archéologiques menées par Armand Ruhlmann en 1934 : -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" Etudier la stratigraphie des deux grottes ; -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" Préciser la chronologie des activités humaines identifiées par les anciennes fouilles. L'opération de cette année était essentiellement un test d'évaluation pour préparer d'éventuelles fouilles et recherches archéologiques de grande envergure. C'est ainsi que les résultats obtenus et qui sont encore préliminaires en attendant de les confirmer par des études aux laboratoires sont extrêmement importants. Ils peuvent ainsi être résumés comme suit : -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" Même si Armand Ruhlmann a réalisé de grandes fouilles dans les grottes, il reste encore d'importants volumes de sédiment contenant des traces des activités humaines avec plusieurs restes de la faune fossile ; -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" Certaines couches archéologiques sont très riches par des éléments qui peuvent aider dans des opérations de datation afin de préciser l'âge des couches archéologiques à travers des méthodes techniques comme le radiocarbone ou la luminescence stimulée optiquement OSL; -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" La faune fossile découverte cette année confirme la présence de plusieurs espèces d'animaux herbivores (gazelles, bubales, bovidés....) et d'autres carnivores (hyènes, chacal...). -span style="font-variant-numeric: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: " times="" new="" roman";"="" Plusieurs objets archéologiques ont été découverts et qui correspondent à des outils en pierre fabriqués à partir du silex, des objets de parure sous forme de coquilles marines perforées. La présence des coquilles marines perforées semblables à ce qui a été découvert ailleurs au Maroc confirme que la façade atlantique marocaine a été un couloir d'échanges non pas seulement entre le Sud et le Nord mais aussi Sud-Sud et que le désert saharien n'a jamais été un obstacle pour des contacts et des migrations humaines dans les deux sens entre le Maroc et les zones subsahariennes. L'une des questions relatives aux premières activités humaines, concerne le début de l'utilisation des objets symboliques. De ce fait, les objets de parure dépassent la fonction de l'embellissement ou de décoration et sont considérés comme des objets symboliques et d'identité partagés au sein d'un groupe humain ou avec d'autres groupes. En Europe, les plus anciennes manifestations d'utilisation des objets de parure ne dépassent pas 40 mille ans. Les publications récentes de ces objets découverts dans d'autres sites archéologiques marocains fournissent des dates qui dépassent 100 mille ans. Les nouveaux objets découverts dans les grottes d'El Khenzira sont en cours d'étude et de datation et qui vont confirmer que le Maroc est d'ores et déjà considéré comme le seul espace géographique au monde où plusieurs sites fournissent ces objets symboliques et pourrait donc être considéré comme un centre de création de ces innovations culturelles et leur diffusion aussi bien en Afrique qu'en Europe. Les découvertes réalisées dans les grottes d'El Khenzira sont en cours d'étude par l'équipe scientifique composée de chercheurs marocains de l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine à Rabat en collaboration avec le laboratoire de géomorphologie de la faculté des lettres et sciences humaines de Ben M'Sik à Casablanca, de l'Université d'Oxford en Grande Bretagne et de l'Université d'Aix- Marseille en France. Les premiers résultats de datation sont attendus au cours de cette année 2017. Le débat qui a suivi cette riche conférence a démontré le haut niveau d'intérêt que porte la société civile et les intellectuels au sujet du patrimoine et en particulier à ce site préhistorique unique en son genre dans toute la région et qui apporte des renseignements énormes pour la Préhistoire du Maroc. En revanche, la question récurrente fut comment préserver et mettre en valeur ce beau patrimoine. C'est pourquoi, les conférenciers et le présentateur ont beaucoup salué l'implication dans ce projet d'El-Khenzira aussi bien des habitants du Douar, de la société civile J'didi en général, des élus locaux (Conseil communal) et des Autorités provinciales en témoignant d'un bon esprit de collaboration et d'assistance. Il en ressort que les grottes d'El-Khanzira en créant cette synergie et cette dynamique autour d'elles, il faut qu'elles jouissent le plutôt possible d'un projet de protection physique et de mise en valeur et les intégrer dans des programmes du tourisme culturel et du tourisme scientifique. A défaut d'un projet pareil, les grottes resteront à la merci du vandalisme et des chercheurs des trésors.