À travers la ville et, surtout, au niveau des boulevards Mohammed V, Abderrahmane Doukkali, Brahim Roudani, Hassan Ouazzani ou encore dans la cité El Fath, impossible de ne pas croiser
ce modeste moyen de transport tant apprécié par une certaine catégorie de citoyens. Des adeptes qui le préfèrent aux autres moyens de déplacement en raison de leur tarif modique, ou tout simplement en raison de leur disponibilité. À quelques mètres du grand souk, plus de 1 000 charrettes se bousculent anarchiquement pour embarquer les clients. Ici, les charrettes bâchées servent au transport en commun, elles sont prisées par les personnes qui vont au marché. «Je ne peux pas faire monter mon cabas dans le taxi, il risque d'être renversé à cause de la bousculade, et en même temps, je n'ai pas les moyens de me payer un petit taxi, le montant de la course équivaut à un quart de kilo de viande. Quant aux grands taxis, ils restent aussi trop chers pour moi. Donc, je préfère prendre la charrette dont les frais de transport ne dépassent pas 1,50 DH», témoigne une habituée. En effet, très peu onéreux, ce mode de déplacement est extrêmement pratique pour joindre certains quartiers de Sidi Bennour, adjacents au boulevard Mohammed V. Il s'agirait du quartier PAM, Hay la Marche verte, vers l'hôpital provincial. Ceci dit, une autre catégorie de la population de Sidi Bennours'est rabattue sur les «taxis-charrettes» pour d'autres raisons : en l'absence de véhicules, de bus dans les quartiers lointains, et face aux tarifs excessifs des taxis (entre 6 et 7 DH), ces derniers réalisent que l'essentiel est d'arriver à destination sans s'épuiser dans une longue marche à pied. Les cochers en tout cas ne manquent pas d'idées pour attirer les clients. Ils s'efforcent d'embellir et d'équiper le véhicule pour offrir un minimum de confort. Ils dotent leurs charrettes d'arceaux recouverts de toile cirée ou de bâches pour protéger les clients du soleil ou de la pluie, ou les équipent de banquettes plus ou moins confortables. Brahim, 18 ans, est cocher d'un taxi-charrette depuis 4 ans. Dans sa carriole pleine de femmes en ce jour de souk, il explique : «Il n'y a pas que les femmes qui nous sollicitent. Il y a également des hommes, mais surtout des petits ouvriers qui ne peuvent pas se permettre de payer une course en taxi». Cependant, Brahim, tout comme ses autres collègues, est loin d'accepter de transporter tout type de marchandise. «Je ne transporte pas tout bien sûr. Je refuse les marchandises trop lourdes, les déchets, les meubles, les morceaux de bois ou de fer tranchant et… le poisson. Ça laisse une mauvaise odeur derrière», ajoute-t-il en riant. Aussi, même si le travail de Brahim est informel et contribue à l'anarchie régnante, ce jeune cocher s'est fixé quelques règles sécuritaires : «Ma journée commence à 7 h du matin et se termine à 18 h. Je refuse de travailler lorsque le soleil est couché. Ceci met non seulement ma vie en danger, mais aussi celle de mon équipage. Car ma charrette n'est pas dotée de feux signalétiques». Un minimum sécuritaire ? Est-ce suffisant ? Etonnant, car que faire si un accident arrive en pleine journée ? Que faire si la mule ou le cheval fonce sur un véhicule ? Que faire en cas d'accidents avec des blessés ou carrément des morts ?» se contente de dire Brahim. Il est évident que les taxis-charrettes répondent dans une certaine mesure au besoin d'une tranche de la population confrontée à la cherté de la vie, mais la sécurité n'est aujourd'hui absolument pas prise en compte par les pouvoirs publics. Les taxis à Sidi Bennour Dans la ville de Sidi Bennour, on compte 31 petits taxis rouges qui travaillent, pour la plupart, 24 heures sur 24, au rythme de 8 heures par chauffeur. Les conducteurs sont détenteurs d'un permis dit «de confiance», délivré par les examinateurs de la province aux personnes répondant à des critères précis. En outre, le candidat à l'examen du permis de taxi doit être âgé de plus de 25 ans, avoir un permis de catégorie tourisme depuis au moins 5 ans, un casier judiciaire vierge et justifier qu'il n'a pas d'emploi rémunéré. Pour garder à l'octroi du permis «de confiance» son caractère social, les autorités provinciales tentent d'adapter le nombre de permis au nombre de taxis en circulation, à raison de trois permis pour un agrément de taxi afin de maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande sur ce pan du marché du travail. Ainsi, malgré toute cette volonté, affirmée plusieurs fois par les autorités locales de la ville d'assainir cette activité, des problèmes demeurent. Car au caractère social du permis «de confiance», s'ajoute le délicat problème de l'agrément qui est la base et le pilier sur lequel repose tout le système