LA CIGALE ET LA FOURMI... (DOUKKALA - OULAD BOUAAZIZ)
Une cigale, à souk Had ouled frej Tout l'été, au soleil, jouait de ses taârejs Elle dansait, yallah, comme font les gnaouas Ou bien elle chantait au son d'une darbouka
Un tube très présent à tous les hit-parades Où il est, tous les jours, au numéro wahad ! Et je jure, ouallah ! Qu'elle chantait cela : "Dourbiha chibani, doubiha Dourbiha chibani dourbihaq Dourbiha chibani dourbiha Dourbiha tkhdem âlik ou âliha Dès qu'approchait la foule Elle arrêtait son cinéma Et, n'ayant rien d'une mahboula Elle tendait sa chachia Disant ainsi : "Messieurs, Mesdames, S'il vous plait, tu as un dirham ?..." Chacun grattant sa choukara, Lui donnait un rial ou un petit chouia Par bonheur la cigale Sait se montrer frugale Un peu de khobz et zitoune Trois bouts de bois dans son kanoun, La natte au sol, ça lui suffit Pas de guitoun ni de gourbi Le lendemain, ça recommence On joue, on chante, on danse… Dans cet engrenage, elle est prise Et n'a pas vu venir la crise ! L'inflation ne l'inquiète pas ! Le cours de la tomate est tombé au plus bas ! Mais la cigale, hélas, ne sait rien de wall street, Elle est d'El-Jadida, dans le quartier bouchrit… Mais, quand les flous se font trop rares Le monde entier devient avare ! Chacun s'enferme en son gourbi Et la cigale à peau d'…?!!.... Elle est plus fine qu'une crêpe ! Oui, mais toujours, elle a la dent : Il dure trop son Ramadan ! Alors, un jour, d'un air soumis, Elle frappa chez la fourmi Qui avait la belle maison Et qui était riche à millions ! C'était une fourmi forte Qui avait du cholestérol A cause d'un ventre maouss Plein de tajine et de couscous Tout était là dans son foundouk De quoi fournir à tout le souk : Bassla, khizou, karmouss, felfel… Mais la fourmi qui est méfiante, Regarde à peine la mendiante Et dit : "que fais-tu en ces lieux ?" La cigale répond : J'ai le ventre creux ! J'ai faim, j'ai faim ! Ah ! Donne-moi Un peu de pain, n'importe quoi… Mais la fourmi, jamais, n'ouvre sa choukara Pour donner au mendiant un morceau de kesra, Des lois de la zakatt, elle fait l'oublieuse Et s'adressant à l'emprunteuse, Elle répond alors : "Dis-moi, Tout cet été tu faisais quoi ? Je chantais, je dansais, que je suis une artiste J'ai été "nominée" Reine des darboukistes ! Tu chantais quoi ? Yallah ! Dis voir ? Moi je chantais matin et soir : Dourbiha chibani , dourbiha, Dourbiha chibani dourbiha… Avais-tu autre chose à chanter en chemin ? Oui je chantais, soir et matin Dourbiha chibani, dourbiha Dourbiha chibani, dourbiha Les gens étaient contents ? Tous, ils voulaient du rabe ! ce n'était pas lassant ? Pas la musique arabe ! Tâarajs et darbouka, tu l'entends tous les jours, L'oreille te devient, ouallah , comme un velours ! La fourmi répondit : "- C'est bien !" La cigale ajouta : "- Ah ! Ouili ! J'ai trop faim !" Donne un chouia de pain, j'ai pas besoin du beurre ! Si je ne mange pas, je crois, bientôt, je meurs, Il y a trop longtemps que je fais le carême !" Mais la fourmi répond : " – va voir à la SAGEM ! " Et trrrak ! tout aussitôt, elle a fermé sa porte ! Dehors, meskinna", notre cigale est morte C'est joli la vie d'artiste Oui, mais elle est parfois bien triste ! Oulad Bouâziz (DOUKKALA)………………..J.L.M..............El Jadida 24
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§ Mots de tête... (Essai littéraire) Tu écris un roman. Tu crées une vie. Cette vie se conjugue au pluriel, pourtant assez singulière. Tu donnes la mort à qui tu veux. Tu fais pleurer des femmes ; celles que tu as toujours rêvé d'emmener à ta couche. Tu te venges de celles qui t'ont fait pleurer ou celles qui t'ont fait disparaître de leur vie avec un petit claquement de doigts. Tu en fais des putes et des sorcières. Tu les allonges sur un trottoir. Et tu invites les clochards et les passants à s'en donner à cœur joie, s'en servir à volonté ! Tu te fais prendre par un élan de tendresse. Tu penses à ta mère ; cette femme qui t'avait tout donné sans exiger une quelconque réciprocité. Car votre pacte tu l'as déséquilibré à ton profit. Tu as toujours été ingrat à son égard et surtout d'une pingrerie dégoutante. Tu sais qu'elle ne te méprisera jamais. Et c'est pour cela que tu as décidé de lui rendre hommage. Oui, enfin ! Tu lui as consacré un chapitre de trois pages dans un livre où tu racontes comment tu as appris à faire tourner le monde autour de toi. Tu lui proposes de partir avec toi en croisière dans des pays lointains. Elle veut partir à la Mecque, tu oublies ! Elle ne pense qu'à l'au-delà. Elle est fatiguée et a toujours mal à la joue. Ton père l'a giflé devant toi ! Tu déchires les trois pages. La tendresse que tu as ressentie était pénible. Pourtant, ta mère ne t'avait rien demandé. Elle ne sait même pas composer ton numéro de téléphone. Elle ne te parle que pour t'inviter à prendre soin de ta femme et penser à elle le jour où tu auras ton premier enfant. La tendresse est souvent pénible. Ce n'est pas logique. La logique c'est de l'illusion. Une façon de ne pas reconnaître les contradictions de la vie. Et de les fuir. Oublie ta mère ! Là tu as la fièvre. Tu as arrêté d'écrire. Car les mots sortant de tes doigts commencent par te brûler. Tu as fini par mépriser tes personnages parce qu'ils n'étaient pas à ton service cette fois-ci. Tu as déchiré finalement toutes les pages. Même dans ta colère, tu te comportes comme Dieu. Tu t'amuses à punir ta propre créature ! J.B - Casa le 26/07/12 §§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Malédiction Veux –tu voyager à ces cites Quittant ces lieux et leurs rumeurs ? N'oublie pas les versets qu'on récite ! Devant ces cavernes .Toi O jeune voyageur ! **** je me mire devant toi, comme a fait Narcisse autrefois, croyant qu'il n'y a que moi sur ce sable emblème d' effroi . *** ne me chasse pas de l'empire, je parle et renais avec l'eau ta mission risque de finir. les Dieux te changeront en roseaux
*** et tu oublies ces rochers spirituels ; cette eau et ces chants rituels tu as voulu devenir l'émule des Dieux tu seras écartelé ;et maudit par les Cieux *** ne songe pas, ô maudit voyageur, au salut ! Ni à la miséricorde des Cieux. Songe aux formules qui doivent être lues ; Et relues en traversant ces lieux .