L'arrivée du Ramadan a entièrement bouleversé le rythme de vie d'Eljadida et des autres villes de la Province et qui est devenu plus lent et plus calme le jour et volontairement plus trépidant et animé la nuit. Une ambiance spécifique a commencé à marquer depuis le soir du vendredi 20 Juillet (dernier jour du Chaâbane) El Jadida, Azemmour, Sidi Bouzid, Bir Jdid, Ouled Frej, Sidi Ismaïl... Ainsi, les Doukkalis ont veillé jusqu'à une heure tardive et les cafés des quartiers populaires n'ont baissé leurs rideaux qu'aux premières lueurs du matin. Et comme Ramadan s'est moulé, au fil des ans, dans les traditions et les mœurs, les Doukkalis vivent cet important évènement religieux à la fois dans un climat de grande ferveur religieuse et de riches traditions culturelles, mais aussi en tant qu'occasion de bombance avec l'augmentation de la quantité et de la qualité de la nourriture. En effet, en ce mois de jeûne, le nombre de mets présentés lors de la rupture double, voire triple. Les buffets sont mieux garnis. Malheureusement, la plupart de ces mets vont dans la poubelle. La table du Ftour (rupture du jeûne) chez les Jdidis et dans toute la région des Doukkala, qui baigne dans la pure tradition marocaine, se compose de la fameuse soupe marocaine (Harira), les dattes, mkharka, chabbakia, briouates, sfouf, lamsammene, mlaoui, rezzate lkadi, baghrir, poissons cuits ou grillés, thé aromatisé sans oublier les délicieux plats de poissons qui comptent parmi les plus appréciés après le Ftour ou le couscous le vendredi. C'est vrai que le mois du Ramadan est consacré à l'adoration de Dieu, à la contemplation et à la solidarité et non aux dépenses, mais malheureusement la réalité est tout autre. Toutefois, la frénésie de la consommation connaît généralement un certain fléchissement dans la seconde quinzaine du mois sacré. À cette période, les gens freinent les achats de nourriture et pensent aux vêtements pour l'Aïd Al Fitr. Ainsi, Eljadida et les autres villes des Doukkala prendront alors un nouveau rythme impulsé par les mères, sous la poussée des enfants, dans la quête effrénée des habits pour la fête. Après le Ftour, les mosquées se remplissent de fidèles pour les prières de Taraouih, les cafés regorgent d'amateurs de cartes et de dominos et les espaces s'avèrent trop exigus pour contenir tout ce beau monde. Quant au jardin Mohammed V, IL vibre chaque nuit, après les Taraouih, au rythme des « Nuits du Ramadan » et de leur musique spirituelle. D'autre part, depuis le début du ramadan, la corniche d'Eljadida, et même la plage, connaît une grande affluence de visiteurs en quête de distraction. Les gens déambulent le soir le long de cette corniche après le Ftour. La très belle plage, baignée par des couleurs, se réveille à la tombée de la nuit, offrant une atmosphère festive à des milliers de visiteurs. L'ambiance nocturne, le long de la corniche, se termine tard la nuit, aux environs de 1 heure du matin. Les cafés de la corniche et du centre-ville font le plein chaque soir. Les clients, en majorité des jeunes, sont attirés par la fraîcheur de la mer et la musique populaire qui fuse des cafés. Les nuits du ramadan leur donnent l'occasion de passer du bon temps avec leurs amis. Mais toute la vie nocturne ne se déroule pas uniquement à l'intérieur d'Eljadida. Hors de la ville, le nombre de personnes se promenant en voiture est également en forte augmentation. Le littoral des Doukkala offre plusieurs kilomètres de superbes vues panoramiques sur l'Atlantique, attirant un flot de visiteurs venus pour digérer le repas du Ftour et respirer l'air pur. Les jeunes n'hésitent pas à sortir voitures et motos pour parader le long de la route côtière. La station balnéaire la plus prisée par les gens est certainement Sidi Bouzid. Ici aussi, de nombreux restaurants, cafés et glaciers prolongent leurs horaires d'ouverture tard dans la nuit. Même si beaucoup de gens se promènent pour digérer leur Ftour, d'autres n'échappent pas à la tentation des glaces, des sandwiches, chawarma, des pizzas italiennes ou autres plats qu'ils ne peuvent préparer chez eux. Coutumes doukkalies Pour ceux qui préfèrent rester chez eux, le Ramadan est le mois des visites familiales. Les nuits du Ramadan sont aussi l'occasion de rencontrer la famille pour rompre la monotonie des journées de jeûne. C'est un moment très apprécié en particulier par les femmes. D'autre part, selon les coutumes et les usages doukkalis, qui n'ont évidemment pas de fondement dans la religion, lors de la journée du 26 ramadan (Laylate El Qadr ou (Nuit du destin), la fille, âgée de 7 ans, est encouragée à faire le jeûne pour la première fois de sa vie. Après le jeûne et lors de la nuit du 27 Ramadan, la petite, maquillée et portant de beaux habits traditionnels, est chaleureusement accueillie dans sa famille, et elle est invitée pour une soirée organisée en son honneur et lors de laquelle du henné est appliqué sur sa main droite pour bénir son adhésion à la famille qui lui offre, par la même occasion, un présent symbolique.