Une ville doit être à l'image de ses habitants. Il est insensé de concevoir une agglomération sans qu'il y ait des personnes, unies pour le meilleur et pour le pire, aspirant à bénéficier de leurs droits puisqu'ils payent pour cela, sans déroger à leurs obligations Les contribuables attendent, de ce fait, qu'ils soient correctement servis. Le service et le produit qu'ils attendent doivent être de qualité. La crédibilité des fonctionnaires et des employés, et ce, à tous les niveaux, dépend des services qu'ils offrent. Ceux-ci sont censés savoir, sans aucune prétention, que leur travail n'a jamais été gratuit, et que l'argent perçu ne vient pas de la poche de leurs supérieurs. Ce sont les citoyens qui le déboursent. Par ailleurs, il faut également garder présent à l'esprit le devoir de citoyenneté. La sagesse marocaine ne nous a-t-elle pas appris que servir son pays est la source de la grandeur du bon citoyen ? C'est dans cette logique que s'inscrit notre réaction à l'égard de l'état actuel de Sidi Bennour. Siège de la province et des autres délégations provinciales, «nous la voulions jolie comme un rêve doukkali » , a fait savoir cet intellectuel d'Ouezzane, rappelant, à ce propos, Allal (Driss El Khouri). Constituant toujours le point d'attraction symbolique de la région, la ville de Sidi Bennour compte toujours parmi les centres urbains les plus visités eu égard à sa situation géographique, et de ce fait est un passage obligé des touristes, n'hésitant pas à y faire escale pour siroter un bon verre de thé à la menthe ou se régaler lors d'un repas en égrenant des brochettes. De plus, son souk de Tlath constitue le rendez-vous des grands commerçants venus des quatre coins du Maroc. «Cela nous fait mal d'assumer ce laisser-aller, ce laxisme dont font preuve les responsables devenus, par la force des choses, les nôtres. Nous croyons que le nouveau gouverneur a été bien accueilli par les réseaux sociaux et certains journaux électroniques», affirme El Habib. Que la ville de Sidi Bennour devienne un terrain vague pour chiens qui n'hésitent pas à se pavaner sur l'esplanade du pachalik et du Palais du conseil municipal, un pâturage pour animaux, une décharge à ciel ouvert, un asile pour aliénés dont le nombre augmente à chaque fois que les villes décident de se débarrasser d'eux pour une occasion ou pour une autre, cela suscite le mécontentement des citoyens qui se trouvent ainsi offensés dans leur amour propre. «Regardez comment ils osent se moquer de nous, comment ils nous traitent, comment ils nous servent, ces gens. Pensent-ils que nous leur demandons de l'aumône? Pensent-ils que cela dépend tout simplement de leur gré de faire leur travail ?», s'écrie Abdelhakim. Et d'ajouter : «Pour qu'il y ait une croissance soutenue, il importe de maximiser l'utilisation de l'infrastructure publique existante et d'en assurer le bon fonctionnement». Ainsi, il serait souhaitable, voire urgent, de mobiliser tous les acteurs concernés par la réhabilitation d'une ville qui suit de plus près comment évolue sa frangine betteravière, Lafquih Ben Saleh. Une volonté politique forte des élus locaux pour la réalisation effective des projets de mise à niveau de la ville est urgemment requise, comme cela a été promis à Sa Majesté le Roi lors de sa visite à la province de Sidi Bennour.