Une fillette de 11 ans, Khadija, retrouvée morte dans le domicile de la fillle de son employeuse à El Jadida. Les chiffres, à la fois terribles et dramatiques extraits des rapports de l'UNICEF, sont connus : quelque 130 millions d'enfants de 5 a 17 ans travaillent dans le monde dans des conditions dangereuses, 40 millions d'enfants de moins de 15 ans sont victimes de maltraitance, 2 millions d'enfants sont exploités à des fins de prostitution ou de pornographie… mais au-delà de la connaissances de ces chiffres, chaque fait divers relaté dans la presse et concernant les enfants fragiles et sans protection, souvent victimes d'une très grande misère, rend cette situation encore plus insupportable... Même si la parole de l'enfant n'est plus là pour témoigner, raconter la soufrance indicible et les sévices infligés. Ne restent que les traces de cette violence inouïe: fractures, hématomes, brûlures sur le corps décharné de l'enfant, qui ont entraîné, il y a quelques jours la mort d'une fillette de 11 ans, Khadidja, dans le domicile de la fille de son employeuse à El Jadida. Si le cas de cet acte de «haute criminalité» a été connu grâce à la mobilisation d'associations pour la défense des enfants et des réseaux sociaux, combien d'autres resteront méconnus et non révélés ? On pointe alors les retards du département du Développement social ou du secrétariat du gouvernement où un projet de loi visant l'éradication du travail domestique des petites filles a été déposé depuis 2009; si ces retards ne sont pas recevables, une seule loi ne saurait changer la situation, car «on ne change pas la société par décret !». L'UNICEF ne s'y trompe pas, quand elle fait référence à «l'instauration d'un environnement protecteur qui doit renforcer l'engagement des gouvernements et leur capacité à garantir le droit des enfants à être protégés; promouvoir l'adoption et l'application de législation adéquate; combattre les mentalités, coutumes et pratiques préjudiciables; favoriser, notamment à l'aide des médias et des partenaires de la société civile un libre débat sur la question; renforcer les compétences, les connaissances et la participation des enfants; accroître la capacité d'action des familles et des communautés; fournir des services essentiels de prévention, de réadaptation et de réinsertion des soins de santé de base, une éducation et une protection et mettre en œuvre un suivi, un compte-rendu et une surveillance continuels et efficaces». C'est l'engagement de tous, parents, enfants, voisins, ONG, enseignants, élus qui peut contribuer à prévenir ces situations. C'est aussi et surtout la promotion d'une législation et l'application de lois efficaces pour protéger les enfants contre toute forme d'exploitation et de violence et pour punir les acteurs de cette violence. Le mot «talis» en latin signifie «pareil» a donné lieu au mot de talion. Sans aller jusqu'à appliquer l'une de ces plus anciennes lois issue du Code d'Hammourabi qui prône une «juste réciprocité du crime et de la peine», la justice doit être intraitable dans le traitement de tel dossier. Le rôle des juges mais aussi celui des élus et des parlementaires est crucial dans la défense des enfants. Un manuel sur la protection de l'enfance à usage des parlementaires a été présenté il y a quelques années à l'Union interparlementaire qui présente des pistes d'action. Les députés ont un droit de légiférer et de faire adopter des lois, et le droit de lancer des enquêtes parlementaires. Combien de meurtres d'enfants faudrait-il pour que chacun assume ses responsabilités ? Par Farida Moha | LE MATIN