Ecrit par S. Es-Siari | Il y a un an, le FMI avait recommandé au Maroc de commencer à réduire progressivement son taux d'endettement. Toutefois aujourd'hui à la lecture du Budget 2022, on constate que le taux d'endettement continue à grimper à telle enseigne que les observateurs et analystes émettent des appréhensions non seulement sur le niveau inquiétant d'endettement atteint au Maroc mais également sur le service de la dette qui plombe chaque année le budget. À rebours de ce qui se produit dans le monde, les grandes lignes du projet de loi de finances 2022 font ressortir par ailleurs des orientations quelque peu timides et hésitantes qui s'inscrivent dans la continuité des politiques budgétaires des exercices antérieurs. Effectivement, à un moment où tous les pays de la planète ont dérogé aux règles de prudence budgétaire et se sont engagés dans des plans de relance conséquents avec d'importantes enveloppes pour le financement, aucun signe d'une véritable relance ne transparaît au travers du projet de budget établi pour 2022. Il se fixe parmi ses objectifs de veiller à la préservation de l'équilibre des finances publiques, alors que dans des situations dépressives, comme c'est le cas aujourd'hui, laisser filer le déficit serait une opération conseillée pour sauvegarder les activités et protéger les emplois. Interrogé par nos soins sur la question de l'endettement et sur l'appréciation de la politique budgétaire d'un Maroc qui malgré les péripéties de la crise reste attaché à la préservation des équilibres macroéconomiques, Roberto Carderalli, Chef de mission du FMI répond de prime abord que la capacité de remboursement de l'endettement est liée au rythme de la reprise économique. C'était à l'occasion de la rencontre annuelle (virtuelle cette fois-ci) qui se fait sous forme de « consultations au titre de l'article IV » par une équipe d'économistes du FMI afin d'évaluer les développements économiques et financiers et discuter des politiques et perspectives économiques et financières du pays avec le gouvernement et les responsables de la banque centrale « Parce que si la reprise économique est lente, il va de soi qu'elle nécessite un soutien budgétaire. Par contre si la reprise s'accélère, il y a un impératif pour le gouvernement de rétablir ses marges de manœuvre », tient-il à préciser. A cet égard, il rappelle dans la foulée que la reprise économique au Maroc est plus forte que prévu. « Après une contraction de 6,3% en 2020, le PIB devrait croître de 6,3% en 2021, l'un des taux les plus élevés dans la région MENA », a annoncé Roberto Cardarelli. Mais il ne s'emballe pas trop à cause du nouvel variant Omicron qui impacte aujourd'hui le secteur touristique. Il craint un éventuel retournement de la situation. A ce titre, la politique budgétaire devait réagir aux changements de la situation de l'économie. Toutefois si la reprise continue conformément aux prévisions, alors le besoin du soutien budgétaire de l'Etat serait moindre. Mais il y a la nécessité de soutenir les réformes structurelles menées par le Royaume. Il rappelle également que ces réformes structurelles doivent néanmoins trouver l'espace fiscal à travers des dispositions incitatives et cohérentes à même d'élargir l'assiette fiscale et du coup à améliorer les recettes fiscales. Une amélioration de l'équité fiscale conjuguée à l'efficacité de la dépense est nécessaire pour disposer de plus de marge de manœuvre. Lire également : Secteur bancaire : les recommandations du FMI pour assainir les créances en souffrance