Cette rentrée scolaire, le passage aux caisses dans les librairies s'est fait dans la douleur. Et pour cause, en plus des événements qui se sont chevauchés (Ramadan, Aïd Al Fitr, vacances, Aïd Al Adha), les parents d'élèves ont dû faire face au diktat des établissements d'enseignement du secteur privé ainsi qu'a celui des libraires. Entre les établissements qui remettent la liste des fournitures quelques jours avant la rentrée scolaire pour pousser les parents à se procurer le panier au niveau de l'école ou auprès d'une librairie de son choix et certains libraires qui appliquent leurs propres tarifs, les parents ne savent plus à quel saint se vouer. Une anarchie alimentée par le laisser-aller du département de tutelle. Il est vrai que le ministre actuel de l'Education nationale, Said Amzazi, n'est pas responsable de cette situation dans la mesure où il n'est à la tête du ministère que depuis quelques mois. Néanmoins, force est de constater que jusqu'à aujourd'hui aucun des ministres qui se sont succédé à la tête de ce département n'a eu le courage de mettre de l'ordre dans ce secteur. Dans ce sillage, et suite à plusieurs plaintes déposées par des parents d'élèves dépassés, le Centre marocain des droits de l'homme vient d'émettre un communiqué pour dénoncer les pratiques de l'enseignement privé et de certains libraires. Il met en évidence la souffrance des parents qui doivent non seulement faire face aux frais exorbitants de l'enseignement privé qui ne cessent d'augmenter mais aussi aux prix des manuels que ces établissements exigent. Et pour cause, le programme concocté par ces derniers inclut des manuels étrangers dont le prix dépasse parfois les 200 DH l'unité. Ce qui fait grimper la facture pour un seul élève à 1.500 DH. Sans compter, bien sûr, le prix du cartable qui coûte en moyenne 450 DH pour acquérir un produit de bonne qualité qui tiendra jusqu'à la fin de l'année. Le panier scolaire du privé est donc deux, voire, trois fois plus cher que celui du public. Sans compter également les frais d'inscription que les parents sont obligés de payer dès le mois de mars pour, soi-disant, garantir une place à leurs enfants. Des frais dont la fourchette varie entre 2.000 et 5.000 DH, si ce n'est plus, couvrant les frais d'inscription et d'assurance. Or, l'assurance par élève dans les écoles privées ne dépasse guère 50 DH. Certains diront que cet état de fait est connu et qu'il n'y a rien de nouveau. Oui, mais jusqu'à quand les parents d'élèves subiront-ils cette double injustice ? Jusqu'à quand l'éducation nationale restera-t-elle les bras croisés en spectateur ? Dans son communiqué, le CMDH porte la responsabilité à l'Etat dans ce calvaire qu'endurent les familles d'environ 1 million d'élèves ce qui représente 20% des élèves marocains. Il appelle ainsi le ministre de tutelle à mener en urgence des opérations de contrôle pour évaluer l'étendue de ces dépassements qui asphyxient les familles marocaines qui faut-il rappeler n'ont d'autres choix que de se plier aux lois des écoles privées pour garantir à leur progéniture un meilleur enseignement. Lire également : FISCALITE DE L'EDUCATION : LE MAROC LOIN DU COMPTE !