Ecrit par la Rédaction | Parmi les freins soulevés par le Conseil de la Concurrence dans son dernier avis sur le marché pharmaceutique, l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) qui reste un levier important de développement de la concurrence mal exploité. Il est vrai qu'une réforme des AMM a été mise en place en 2015 pour accélérer le processus dans une optique d'améliorer le traitement des dossiers AMM. Toutefois cette réforme n'a pas permis d'enregistrer une évolution dans l'octroi des AMM. Au contraire, les données fournies par le Ministère de la Santé qui concernent les années 2016, 2017 et 2018 montrent des baisses importantes de près de 51% entre 2016 et 2018, précise dans son avis le Conseil de la Concurrence Les données contenues dans le tableau ci-après, présentent la situation des AMM accordées par le ministère de la Santé aux établissements pharmaceutiques industriels : L'analyse de ces données montre que la réforme du système d'octroi des AMM n'a pas donné les résultats escomptés, alors qu'elle constitue un levier essentiel et incontournable pour dynamiser la concurrence entre les laboratoires. D'après les opérateurs, les délais d'obtention des AMM sont trop longs, en pratique cela dure 24 à 36 mois. L'administration arrête les compteurs pour chacune des remarques sur le dossier. » Au vu de ce qui précède, le régime en vigueur des AMM, malgré les réformes introduites, continue de peser sur l'accès du médicament au marché, ce qui affecte les niveaux des prix pratiqués des médicaments et réduit considérablement la concurrence entre les industriels « , lit-on dans l'avis. Lire également: LE CONSEIL DE LA CONCURRENCE A EMIS SON AVIS SUR LA CONCURRENCE DANS LE MARCHE DES MEDICAMENTS Ce qui n'est pas sans conséquence sur le développement de l'industrie pharmaceutique. Rappelons que le Maroc dispose d'une industrie pharmaceutique développée avec un potentiel de production important, elle arrive à réaliser plus de 800 millions de dirhams par an d'investissement, avec la fabrication d'une large gamme de produits (près de 7394 médicaments). Toutefois, les indicateurs sur le tissu industriel dénotent d'un recul de l'appareil productif à plusieurs égards malgré les politiques volontaristes de l'Etat, révèle le Conseil de la Concurrence. La fabrication locale des médicaments ne dépasse guère 60% des besoins du marché alors qu'elle occupait 80% des années auparavant. Une croissance annuelle moyenne d'à peine 6% alors que les importations de médicaments enregistrent une croissance de 11%. Aussi la part des exportations stagne à 5% du chiffre d'affaires réalisé avec une dépendance quasi absolue des matières premières de la Chine et l'Inde. » Cette situation montre que l'industrie pharmaceutique nationale souffre de plusieurs goulots d'étranglement qui limitent son développement, diminue le niveau de concurrence entre les laboratoires et prive le Maroc d'exploiter pleinement le potentiel dont il dispose pour devenir un leader dans le domaine du médicament (pays pharmering) en Afrique « , a conclu l'avis. Les professionnels déplorent la longueur de la procédure d'examen et de validation des projets d'investissement dans le secteur et le manque d'incitation et d'intéressement des multinationales pour que le Maroc devienne un hub dans le domaine du médicament, notamment pour le marché africain.