Après avoir rappelé les mesures expansionnistes adoptées par BAM, les analystes de CDG Capital se sont penchés sur les changements possibles à venir en termes de conduite de la politique monétaire. Détails. Dans une récente note, les analystes de CDG Capital ont fait un flash pré-Conseil de BAM prévu le 15 décembre 2020. Ils rappellent à ce titre que le dernier conseil au titre de l'année 2020 intervient dans un contexte national et international globalement difficile marqué par un fort ralentissement de la croissance. Dans un pareil contexte, les instances gouvernementales n'ont pas lésiné sur les moyens pour soutenir l'économie nationale en facilitant l'accès au financement. Résultats des courses : une timide reprise des crédits pour le secteur privé et un renchérissement du coût de financement du Trésor public, et ce en liaison avec la forte dégradation de ses recettes fiscales, générant ainsi, une détérioration de son équilibre budgétaire, particulièrement au niveau de la partie ordinaire. Après avoir rappelé les mesures expansionnistes adoptées par la Banque Centrale, les analystes se sont penchés sur les changements possibles à venir en termes de conduite de la politique monétaire. Après le pic de -106 Mds de DH enregistré en août, le déficit de liquidité du système bancaire s'est atténué aux mois de septembre et octobre, passant à respectivement – 97 Mds de DH et -95 Mds de DH, avant de s'accroitre à -105 Mds de DH en novembre. « Cette évolution s'explique principalement par le fort accroissement de la circulation fiduciaire passant de 250 Mds de DH à fin 2019 à 305 Mds de DH à fin octobre 2020, soit une hausse de 55 Mds de DH en dix mois, contre une moyenne de 15 Mds de DH enregistrée au cours des trois dernières années fermes », annoncent les analystes. Et d'ajouter : « Ce fort rebond est dû d'une part, aux retraits importants de cash en liaison avec l'état d'urgence sanitaire et d'autre part, à la forte baisse des taux créditeurs qui décourage les dépôts bancaires, particulièrement les comptes sur carnet et les dépôts à terme ». Outre le déficit de la liquidité, les créances nettes sur l'Etat ont considérablement augmenté au cours de la période de mai à octobre 2020, passant de 216 Mds de DH à 250 Mds de DH, en liaison avec la hausse des besoins du Trésor public. En cause, les recettes fiscales ont reculé face à une hausse des charges ordinaires, principalement la masse salariale et les dépenses de fonctionnement. Parallèlement, les avoirs officiels de réserve de change ont légèrement reculé au cours des derniers mois pour passer à 293 Mds de DH à fin octobre contre 306 Mds de DH un mois auparavant. Ce recul s'explique par le remboursement du prêt du Trésor public à l'international, et dans une moindre mesure, le déséquilibre extérieur essentiellement généré par un recul des recettes touristiques et des flux d'IDE. Dans un contexte pareil, le TMP interbancaire a évolué à des niveaux quasi-identiques au taux directeur. Les analystes scrutent le TMPGD ( Taux Moyen Pondéré Global Débiteur) qui a de nouveau reculé de -28 Pbs en T3-2020 pour s'établir à 4,30% après une baisse de -29 Pbs enregistrée le trimestre précédent. Cette deuxième baisse reflète la transmission partielle de la décision du Conseil de Bank Al-Maghrib, prise en juin 2020, de baisser le taux directeur de 50 Pbs à 1,5%. Ainsi, les taux moyens pondérés ont baissé de 44 pbs à 3,97% pour les facilités de trésorerie, de 43 pbs à 4,79% pour les concours immobiliers et de 62 Pbs à 6,47% pour les prêts à la consommation. En revanche, le TMP associé aux crédits à l'équipement a progressé de 16 pbs à 4,37%. Cependant, le rythme d'accroissement, en glissement annuel, des crédits bancaires a légèrement reculé, passant à 4,3 % en octobre 2020 contre 5,2% et 4,9% enregistrés les deux mois précédents. Cette légère baisse résulte essentiellement d'un ralentissement du taux de croissance des crédits accordés aux entreprises, en l'occurrence les concours à l'équipement et les crédits de trésorerie, face à une poursuite de l'accélération des créances en souffrance à 14,3%, en glissement annuel, à fin octobre contre 12,8% et 11,8% par ordre les deux mois auparavant. En matière d'inflation, il ressort que l'inflation sous-jacente qui exclut les prix des produits volatiles et administrés, représentant la véritable cible de la politique monétaire, a reculé à 0,2% en octobre et septembre contre 0,7% enregistré en juin et juillet, démontrant ainsi, que l'origine de cette envolée conjoncturelle de l'inflation globale est un choc d'offre sur les prix de l'alimentation frais. Les prévisions de CDG Capital Certes dans les conditions économiques actuelles, une amélioration supplémentaire des conditions de financement pourrait être bénéfique pour la relance, et ce d'autant plus que les risques inflationnistes à l'horizon de prévision (8 trimestres) sont globalement orientés à la baisse en résultat de la régression prévue de la demande avec la hausse anticipée du chômage, le recul des transferts des MRE et le ralentissement des crédits accordés aux ménages. Toutefois, il est à rappeler que malgré les multiples baisses du taux directeur par Bank Al-Maghrib et les différentes initiatives des autorités publiques en vue de faciliter l'accès au financement, la reprise des crédits reste limitée en conséquence de la mauvaise conjoncture. De même, la transmission de la baisse de 50 Pbs du taux directeur vers les taux débiteurs n'a été que partielle, nécessitant probablement un certain temps de latence afin d'observer l'effet de cette baisse sur le coût global des ressources des banques. Par conséquent, nous pensons qu'il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5% lors de ce prochain Conseil, et ce dans l'attente d'une transmission complète des baisses du taux directeur vers les taux débiteurs et d'une reprise de la demande de crédit aussi bien des entreprises que des ménages. Lire également : TAUX DIRECTEUR : LE SCENARIO D'UNE BAISSE DANS LE PROCHAIN CONSEIL N'EST PAS À ECARTER