Lors de son face-à-face avec les opérateurs à la CGEM, le ministre des Finances a tenu à apporter des précisions sur le Fonds Mohammed VI pour l'investissement qui constitue une porte de sortie de crise. Précisions. La crise sanitaire a provoqué des dégâts collatéraux que personne n'aurait imaginé ou prévu dans la case des risques. Mais voilà, les retombées de la pandémie sont là et pèsent de plus en plus sur l'économie et les finances publiques. Pour sortir le pays de cette impasse, le gouvernement tente de jouer à l'équilibriste et mise sur le Fonds Mohammed VI pour l'investissement pour sauver l'économie de ce marasme inédit. Du moins ce qui reste à sauver. 45 milliards DH seront mobilisés dans le cadre dudit Fonds pour relancer la roue de l'investissement et de l'économie. Sauf que jusqu'à présent, l'Etat n'a de visibilité que sur 33% de cette enveloppe soit 15 Mds de DH qui sont versés du budget 2020. Il manque à l'appel 30 Mds de DH de capitaux additionnels que l'Etat devra lever auprès des investisseurs institutionnels publics ou privés, des institutions multilatérales, ou de dons de pays amis. L'objectif est de démultiplier la capacité d'intervention du Fonds et son impact sur l'économie. « Les Investisseurs Institutionnels préfèrent, en général, effectuer leurs placements dans un véhicule dont la stratégie d'investissement est mono-objet, avec une rentabilité et un risque homogènes », a précisé le ministre de l'Economie et des Finances ce jeudi 26 novembre lors de son face-à-face avec les opérateurs économiques. Lire également : CONJONCTURE COVID-19 : BENCHAÂBOUN TENTE DE RASSURER ET RALLIER LE PATRONAT Et d'ajouter que « la gestion des fonds thématiques sera confiée à des sociétés de gestion spécialisées qui interviendront en vertu d'un cahier des charges rigoureux. Le recours à ce mode de gestion permettra de capitaliser sur l'expertise de ces sociétés et d'assurer une montée en charge rapide ». Mais vu l'urgence d'intervenir pour stopper l'hémorragie, le gouvernement n'attendra pas la mise en place de ces structures. M. Benchaâboun a précisé que le Fonds Mohammed VI pour l'investissement interviendra dans un cadre conventionné avec le système financier et ce avant la fin de cette année. « Cette intervention consistera notamment, à faciliter l'accès au financement des investissements à travers le renforcement des fonds propres des entreprises qui en ont besoin et ce, moyennant des prêts participatifs sous forme de dette subordonnée par exemple. Ces prêts seront accordés pour une durée comprise entre 7 et 15 ans dans la limite du 1/3 du crédit demandé. Cela permettra d'éradiquer une problématique structurelle d'insuffisance des fonds propres qui a été aggravée par l'endettement additionnel liée à la pandémie », a-t-il expliqué. Les discussions entre l'Etat et le système bancaire ont déjà démarré afin d'entamer l'opérationnalisation de ce mécanisme dans la transparence selon des règles qui seront affichées. Encore des incompréhensions Certes ce Fonds constitue une porte de sortie de crise pour beaucoup d'opérateurs. Toutefois, plusieurs questions restent en suspens. Le schéma présenté par le ministre n'était pas si clair pour les opérateurs. Le vice-président général de la CGEM, Mehdi Tazi, a interpellé Benchaâboun sur une crainte des opérateurs à savoir le timing entre le déblocage des besoins financiers des opérateurs et l'opérationnalisation du Fonds Mohammed VI qui risque de tarder tenant compte du temps nécessaire pour effectuer une levée de fonds ou encore son déploiement. Pas de crainte à ce sujet dit le ministre. « Nous allons intervenir à double détente. Dans quelques mois le Fonds ainsi que l'ensemble des fonds thématiques seront opérationnels après le déroulement de tout le processus décrit dans le projet de loi et la vision de son déploiement. D'ici là, le fonds d'affectation spéciale opérationnel depuis août (juste après le discours du trône) va pouvoir agir en attendant la mise en place effective des structures du Fonds Mohammed VI », a éclairé le ministre. Une fois opérationnel, les fonds constitués dans l'intervalle seront versés du Fonds d'affectation spéciale au Fonds Mohammed VI pour l'investissement. Le Fonds d'affectation spéciale sera à ce moment éteint. « L'intervention du Fonds sera possible uniquement dans les fonds propres et non pas dans l'actionnariat. Mais rien n'empêche, dès le départ, pour ceux qui le souhaitent, qu'une partie ou la totalité soit transformée en participation », a précisé le ministre. En gros, tout sera fait pour une opérationnalisation avant la fin de 2020. Mais qu'en est-il des fonds thématiques ? Mohammed Fikrat, vice-président de la CGEM a également interpellé le ministre sur les domaines d'activité des fonds thématiques. La réponse de Benchaâboun c'est qu'il n'y a aucune limitation dans le Fonds Mohammed VI pour l'ouverture des fonds thématiques. « Sauf que SM le Roi dans son discours a prévu 6 domaines d'intervention dont les fonds thématiques seront lancés dès le départ. Mais rien n'empêche que d'autres domaines soient érigés en domaines prioritaires dans lequel le Fonds pourrait intervenir », a-t-il précisé. Rappelons que les 6 domaines prioritaires seront la restructuration industrielle, l'infrastructure, l'innovation et les nouvelles technologies, l'agriculture, le tourisme et le financement et l'accompagnement des PME. Lire également : FACTURES FICTIVES : LES CHEFS D'ENTREPRISES RAPPELES À L'ORDRE