Le spectre de la sècheresse qui plane sur la région de Souss Massa inquiète à plus d'un titre. Récemment, les responsables ont procédé à une évaluation du stress hydrique qui est loin de rassurer. Les chiffres dévoilés dans la présentation dont EcoActu.ma détient une copie révèlent un scénario catastrophe au cas où la situation n'est pas maîtrisée. Sur la période septembre 2019-août 2020, la moyenne du grand bassin Massa est de 107, soit un écart de 38% par rapport à une année normale. Il ressort même de la présentation, de l'Agence Hydraulique de Souss Massa, des indicateurs publiés que les écarts pluviométriques avec l'année précédente sont de plus de 30% pour l'ensemble des bassins (ISSEN -75%, TAMRI -34%, SOUSS -57%, MASSA -32% ). Autres indicateurs importants sont les apports aux barrages qui se sont inscrits sur un trend baissier menaçant ainsi l'alimentation en eau potable (AEP). (voir tableau↓). Source : Agence de bassin hydraulique de Souss-Massa A fin août, l'état de remplissage des barrages est situé à des niveaux très bas. Le cas du barrage du Prince Moulay Abdellah dont le volume est de 8,1 mm3 contre 22,15 mm3 en 2003. L'ensemble des bassins de Souss Massa dont la capacité totale est de 730,604 mm3, sont remplis actuellement à hauteur de 98,197 mm3. Un écart très important ! Face à cette situation inquiétante, les responsables ont identifié les gros consommateurs d'eau les incitant à limiter leur consommation. A ce titre, 94 points de prélèvements ont fait l'objet de diagnostics ( Commune Agadir : 24 Points – Commune Aourir : 2 points – 22 sociétés industrielles – 2 établissements pénitentiaires à Inzegane – 34 établissements hôteliers – 5 golfs). Il a été décidé dans la foulée d'interdire l'arrosage des espaces verts et des golfs à partir des réseaux d'eau potable (arrêt de l'arrosage des espaces verts à partir de l'eau potable et alimentation par camions citernes, réutilisation des eaux usées épurées pour les golfs). Autres mesures importantes ont été prises notamment : * Inciter et sensibiliser les consommateurs particuliers et potentiels (hôtels, administrations, industriels etc ...) à l'économie de l'eau ; * Prendre les mesures de restriction des débits distribués et multiplier les efforts en matière de réduction des pertes d'eau dans les réseaux de distribution et de production pour atteindre une réduction de 10% ; * Renforcer la capacité de transit des étages Sud vers les étages Nord de la RAMSA ; * Dégagement de nouvelles ressources souterraines ( 10 forages réalisés et 5 prévus). A ce titre, il a été relevé que pour mieux sécuriser l'AEP du Grand Agadir à partir des eaux souterraines, il faudra dégager un débit supplémentaire de 100l/s moyennant 5 forages avant Fin 2020. * Réalisation de la conduite d'amenée d'eau brute à partir d'El Guerdane sur un linéaire de 49 km Station de dessalement pour l'AEP du Grand Agadir prévue pour fin mars 2021 En prévoyant le scénario catastrophe en l'occurrence lorsque les apports au niveau des barrages sont nuls, des simulations ont été établies en concertation avec les différents acteurs dans le domaine. Elles sont les suivantes : * L'AEP du Grand Agadir sera assurée à partir du barrage Prince Moulay Abdellah jusqu'à fin octobre 2020 ; * L'AEP de la zone nord desservie par l'ONEE au-delà de Taghazout sera assurée à partir du barrage Prince Moulay Abdellah jusqu'à fin Juin 2021 ; * L'AEP du Grand Agadir sera assurée à partir du barrage Abdelmoumen jusqu'à fin Septembre 2020 ; * La mise en service de la conduite Aoulouz pour l'AEP du Grand Agadir pour la période (Octobre 2020–Mars 2021) ; * La mise en service de la station de dessalement pour l'AEP du Grand Agadir fin mars 2021. Le champ d'action des responsables ne se limite pas à ces interventions précitées, d'autres sont également programmées pour améliorer l'apport des ressources hydriques pour ne citer que la construction du barrage Timri avec une capacité de 150 mm3, ou la surélévation du barrage Mokhtar Soussi en vue d'augmenter sa capacité de 200 mm3. Une chose est cependant sûre : la politique des barrages tant applaudie pendant de longues années a bien montré ses limites et le dessalement paraît la solution idoine pour remédier au stress hydrique du Grand Agadir. Les mesures ponctuelles prises récemment notamment la coupure d'eau chaque jour entre 22h et 5h30 du matin demeurent sommes toutes limitées pour différentes raisons : la première est que juste après le lancement du débit d'eau , il y a une forte pression de l'eau qui parfois bousille la canalisation se traduisant par des déperditions d'eau encore plus importantes. Redesservir à partir de 5h30 ne veut absolument pas dire que tous les quartiers seront servis à cette heure, certains ne le seront que vers la fin de l'après-midi. Il serait préférable au moins d'intervenir par secteur au lieu de programmer une coupure pour toute la ville. Lire également : STRESS HYDRIQUE : SOUSS-MASSA DECIDE DES MESURES DRACONIENNES