La Banque mondiale vient de publier un rapport sur Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) avec l'objectif de « aider les dirigeants africains à mettre en œuvre des politiques susceptibles de maximiser les bénéfices potentiels de l'accord tout en minimisant les risques. La création d'un marché à l'échelle du continent exigera une action volontariste pour réduire tous les coûts commerciaux. Par ailleurs, les gouvernements devront s'efforcer de mener des politiques à même de mieux préparer leur main-d'œuvre à tirer parti des nouvelles opportunités ». Parmi les faits saillants de ce rapport est que la ZLECAf pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l'extrême pauvreté 30 millions d'habitants et d'accroître le revenu de 68 millions d'autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour. Aussi, sur les 450 milliards de dollars de gains potentiels, environ 300 milliards proviendraient-ils des mesures de facilitation du commerce visant à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières. Le rapport soutient que la mise en œuvre de la ZLECAf permettrait de mener à bien les réformes de fond nécessaires pour stimuler la croissance à long terme dans les pays africains. « La création d'un marché unique à l'échelle du continent pour les biens et les services, les affaires et les investissements restructurera les économies africaines. La mise en œuvre de la ZLECAf serait un grand pas en avant pour l'Afrique, en montrant au monde que le continent est en train de devenir un chef de file de la promotion du commerce mondial », analyse Caroline Freund, Directrice mondiale du pôle Commerce, investissement et compétitivité. Pour Albert Zeufack, Economiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique, « La Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d'accroître les possibilités d'emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains. Elle devrait permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 68 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs. Néanmoins, la réussite de sa mise en œuvre sera primordiale et il conviendra notamment de suivre attentivement ses effets sur tous les travailleurs — femmes et hommes, qualifiés et non qualifiés — dans tous les pays et secteurs afin de garantir que l'accord porte pleinement ses fruits. » La ZLECAF permettrait également d'accroître de 560 milliards de dollars les exportations africaines, essentiellement dans le secteur manufacturier ; de favoriser une progression salariale plus importante pour les femmes (+10,5 %) que pour les hommes (+9,9 %) ; et d'augmenter de 10,3 % le salaire des travailleurs non qualifiés et de 9,8 % celui des travailleurs qualifiés. La concrétisation du potentiel de la ZLECAf sera particulièrement importante au regard des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19, qui devrait entraîner jusqu'à 79 milliards de dollars de pertes de production en Afrique pour la seule année 2020, note la rapport.
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