Malgré une chute des cours du pétrole à environ 30% à cause du Covid-19, il ne faut pas espérer une baisse des prix à la pompe au Maroc le 16 mars prochain. Si la chute persiste, les pétroliers appelleront-ils à un recours à l'article 4 ? Ce lundi 9 mars, l'économie mondiale s'est réveillée sur une chute vertigineuse du cours du pétrole soit moins 30% suite à la décision de l'Arabie Saoudite de baisser ses prix à la livraison. Une décision qui fait suite au refus de la Russie de baisser la production du pétrole lors d'une réunion de l'Opep le vendredi 6 mars pour atténuer l'impact du Covid-19 sur le marché du pétrole. Effet collatéral, le cours du baril de pétrole s'est établi ce lundi à 28,52 dollars quant au cours du pétrole Brent à 32,44 dollars. Une baisse qui pourrait s'accentuer, d'après les experts, dans les prochains jours. Effet direct de l'épidémie de coronavirus, qui tient en haleine toute la communauté internationale, cette baisse met à nouveau le marché pétrolier sous une pression qui ne sera pas dépassée de sitôt. Prixdubaril.com L'arrêt de la machine de consommation mondiale qui est la Chine (1er importateur de pétrole et 2ème consommateur) risque de faire bien plus de dégâts que prévu. Impact de la baisse sur le prix à la pompe Toutefois, comme dit l'adage « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Cette baisse devrait réjouir les consommateurs notamment ceux des pays les moins impactés par le virus. Encore faut-il que la baisse se répercute sur le prix à la pompe. Au Maroc, contrairement à nos partenaires européens qui ajustent les prix de façon hebdomadaire et plus proche des fluctuations, l'impact sur le prix à la pompe ne se fait pas automatiquement. Bien que la question des hydrocarbures semble être très sensible étant donné que personne ne souhaite se prononcer sur le sujet, nous avons tout de même réussi à arracher quelques précisions en off. Il semble que malgré cette chute, il ne faut pas espérer une baisse du prix des hydrocarbures. Du moins pas le prochain 16 mars, date à laquelle la révision prix est effectuée (chaque 15 jours). « Les pétroliers ont des stocks qu'ils ne peuvent pas vendre à pertes. Entre le temps d'achat, de transport et de livraison, il faut attendre un certain bout de temps. Donc même s'il y aura une baisse elle sera progressive », nous explique une personne proche du dossier. A en croire ces explications, on se demande pourquoi prévoir des révisions chaque quinzaine si les prix ne sont pas systématiquement alignés sur le marché international. Le recours à l'article 4 est-il envisageable ? Avec cette épidémie qui a chamboulé toute la donne économique mondiale et qui ne cesse de gagner du terrain avec plus de 90 pays atteints, la machine mondiale de la consommation continuera de tourner au ralenti. Ce qui impliquera forcément l'accentuation de cette tendance baissière de la consommation du pétrole. D'après les experts internationaux, les prix du pétrole devront être plafonnés les prochains mois. Au niveau national, on se demande comment les pétroliers et le gouvernement vont-ils réagir si la baisse atteignait des niveaux insoutenables ? Car même si les pétroliers cherchent à gagner du temps pour minimiser la casse en reportant l'ajustement aux fluctuations internationales, ils seront rapidement rattrapés par un marché qui continuera sa chute libre tant que la pandémie n'est pas éradiquée. Si c'est le cas, le gouvernement recourra-t-il à l'article 4 de loi sur la concurrence qui stipule l'adoption de mesures temporaires de plafonnement des prix (pendant 6 mois) en cas de hausse ou de baisse excessives des prix. Un article, faut-il rappeler, que le gouvernement n'a pas eu le courage d'appliquer pour mettre fin aux excès des sociétés de distribution des carburants qui auraient doublé leurs bénéfices depuis le 1er décembre 2015. Un dossier sur lequel le Chef du gouvernement devait trancher il y a plus d'un an mais qui n'a malheureusement jamais abouti. Reste à voir comment Saadeddine El Othmani compte gérer la situation étant donné qu'avec la libéralisation du prix des hydrocarbures, le gouvernement n'intervient que si le prix atteigne des niveaux insoutenables. Cédera-t-il aux pétroliers s'ils arrivent à solliciter l'application de l'article 4 alors qu'ils ont tout fait pour éviter le recours à ce chapitre de la loi 104-12 ? Wait and See ! Lire également : ASSURANCE / CORONAVIRUS : LES OPERATEURS ECONOMIQUES SONT-ILS SUFFISAMMENT COUVERTS ?