Pour mettre fin à la polémique enclenchée sur les prix des hydrocarbures au Maroc, le département de Lahcen Daoudi a décidé de réagir. Il propose un plafonnement des prix qui sera fixé chaque semaine voire chaque 15 jours en se basant sur la fluctuation des prix à l'international. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le gouvernement ne fait pas la sourde oreille sur le dossier de la libéralisation des prix des hydrocarbures. C'est ce que nous a confié Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la Gouvernance qui précise que son département travaille sur la fixation du plafond des prix d'hydrocarbures depuis plusieurs mois. La proposition du département de Daoudi relative à la fixation d'un plafond des prix est fin prête et sera soumise au Chef du gouvernement aujourd'hui ou au plus tard en début de la semaine prochaine. S'en suivra l'étape des discussions avec les opérateurs qui ne devrait pas excéder quelques semaines. Il sera ensuite question d'élaborer le décret d'application et l'adopter au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Fixation du plafond des marges ou du prix : précisions du ministre Pour revenir à cette mesure du gouvernement, il ne s'agira pas donc de plafonner les marges comme cela été relayé par la presse, mais de plafonner le prix. «Nous allons plafonner toute la structure du prix qui comporte le prix d'achat à l'international, les fluctuations du dollar, les frais d'approche, les taxes, le stockage ainsi que les marges», Précise Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la Gouvernance au micro d'EcoActu.ma. Et d'ajouter que «le plafond sera fixé en fonction des fluctuations des prix du pétrole à l'international soit chaque semaine, soit tous les 15 jours selon la capacité des distributeurs». Ce qui augure d'une négociation très rude. Les distributeurs affûtent d'ores et déjà leurs armes pour mieux négocier et réduire au maximum l'impact de cette mesure sur leurs marges. Rappelons qu'au jour d'aujourd'hui le groupement des pétroliers du Maroc ne se s'est toujours pas prononcé sur le rapport de la Commission parlementaire relatif au secteur des hydrocarbures encore moins sur la polémique des 17 Mds de DH. Que dire de la Fédération de l'énergie qui semble être aux abonnés absents. Lire également : ABDELALI BENAMOUR PRECONISE LE PLAFONNEMENT DES PRIX PLUTÔT QUE DES MARGES Et pourtant certains députés appellent à la restitution de ces profits colossaux que certaines compagnies auraient réalisés depuis la libéralisation. Interrogé à ce sujet, Lahcen Daoudi nous explique que cette revendication est illogique et irrationnelle. «Certes il y a des entreprises qui ont beaucoup gagné mais il y en a celles qui ont perdu. Il y a même des entreprises opérant dans le secteur du gaz qui ont fait carrément faillite. On ne peut pas demander aux opérateurs de restituer les bénéfices des deux dernières années alors que des taxes ont été payées, des investissements ont été effectués, des dividendes ont été distribués... », tient à souligner le Ministre. Cela dit, l'enjeu aujourd'hui est d'accélérer le processus de cette mesure pour stopper l'hémorragie et venir en aide aux citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer. Pourquoi n'a-t-on pas recouru à l'article 4 de loi sur la concurrence ? Cette réaction du gouvernement vient donc en réponse au cri de détresse des Marocains qui n'ont plus confiance ni en la sphère politique encore moins en celle économique. Toutefois, la question que nous nous sommes posés, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas pris des mesures bien avant que ce mouvement de boycott n'atteigne ce niveau. Pourtant, il avait bel et bien une carte à jouer en recourant à l'article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Ledit article stipule que «Les dispositions des articles 2 et 3 ci-dessus ne font pas obstacle à ce que des mesures temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé, soient prises par l'administration, après consultation du conseil de la concurrence. La durée d'application de ces mesures ne peut excéder six (6) mois prorogeable une seule fois par l'administration ». D'après Lahcen Daoudi, le recours à cet article n'est pas possible en raison de la fluctuation des prix du pétrole à l'international. Il faut des mesures basées sur la structure totale des prix. «C'est pourquoi nous avons travaillé sur l'approche de la fixation d'un plafond des prix dans l'objectif d'assainir le secteur et faire face à d'anarchie dans les stations-services», conclut le ministre. Au plus tard d'ici la semaine prochaine, nous aurons les détails techniques de la formule Daoudi.