Malgré l'urgence du dossier des prix des hydrocarbures, qui a cristallisée l'opinion publique et bien que des consultations marathoniennes aient abouti à une proposition relative à la fixation du plafond des prix, le chef de gouvernement ne semble pas du tout pressé ! Au grand bonheur des sociétés de distribution ! Résolument, le chef de gouvernement ne semble pas pressé d'actionner l'article 4 de la loi sur la concurrence pour mettre fin aux abus relatifs à la hausse des prix des hydrocarbures ! Pourtant, sous la pression pour ne pas dire la grogne et l'indignation sociale, les consultations marathoniennes ont eu lieu pour amorcer cette crise sociale provoquée par les profits engrangés par les sociétés de distribution des hydrocarbures. Rappelons qu'en l'espace de deux ans, ces dernières ont doublé, voire même, triplé leurs bénéfices. En effet, cela fait plus de 2 mois, que Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, dont le sort au sein du gouvernement n'est toujours pas scellé, avait soumis au Chef du gouvernement une proposition relative à la fixation du plafond des prix d'hydrocarbures. Les consultations menées par Daoudi proposent un plafonnement qui sera fixé en fonction des fluctuations des prix du pétrole à l'international tous les 15 jours en attendant de trouver une nouvelle formule pour fixer le plafond de la marge. Le gouvernement devait trancher rapidement pour mettre fin à une hausse des prix qui a étouffé les Marocains. Paradoxalement, Saadeddine El Othmani ne semble plus presser de trouver une issue à cette problématique en faisant appel à l'article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Cet article stipule l'adoption de mesures temporaires de plafonnement des prix (pendant 6 mois). Qu'est-ce qui explique cette lenteur non pas sans conséquence sur le pouvoir d'achat des Marocains qui ne cesse de se détériorer ? En effet, l'inaction d'El Othmani profite pleinement aux pétroliers qui continuent à appliquer les prix et engranger des bénéfices colossaux, au détriment des consommateurs ! Certes le prix du baril a atteint environ 74 dollars entre le 28 juin jusqu'au 4 juillet. Toutefois, depuis le 10 juillet, les cours ont baissé pour atteindre 64 dollars le 15 août et remonter à 68,5 dollars le 24 août. Malheureusement, ces fluctuations à la baisse ne sont pas répercutées sur le prix à la pompe. Une situation à laquelle le Chef du gouvernement doit mettre fin et prendre une décision rapide en entamant les discussions avec les opérateurs pour revoir la structure de la libéralisation. Autrement, la posture d'El Othmani serait perçue comme un fléchissement face aux sociétés de distribution, dès que la pression de la rue s'est relâchée. Aussi, faut-il abandonner cette mauvaise habitude d'agir en situation de crise. C'est pourquoi un changement de paradigme de nos politiciens et de notre mode de gouvernance s'impose. Car certes le mouvement de « Moukatioune » semble moins présent sur la scène, mais il n'en demeure pas moins qu'une libéralisation mal calculée continuera toujours à faire pester les consommateurs au pouvoir d'achat érodé par le manque de contrôle et le manque de rigueur de l'Etat face aux sociétés ! En tout cas, la rentrée s'annonce mouvementée pour le Chef du gouvernement qui a du pain sur la planche.