Sahara et gazoduc au menu des entretiens entre la Cote d'Ivoire et le Maroc    Code de la famille : Le gouvernement constituera une commission pour la réforme [vidéo]    La sortie ratée du parti séparatiste rifain dans l'attaque de l'ONG danoise pro-Polisario    Fitch : Les banques marocaines sur la bonne voie de croissance et de rentabilité pour 2025-2026    Allemagne : Le Maroc inaugure son pavillon à la Semaine verte internationale de Berlin    La première usine de l'Espagnol Martínez Otero à l'étranger s'ouvrira au Maroc    Taourirt : Arrestation d'un partisan du groupe terroriste Daech (BCIJ)    Caroline du Nord : Arrestation pour tentative de voyage au Maroc et rallier Daech    Après sa visite aux camps de Tindouf, Greta Thunberg devient porte-voix du Polisario    Morocco arrests extremist supporter of the terrorist organization Daech    La Caisse Marocaine des Retraites met en œuvre les nouvelles mesures relatives à l'impôt sur le revenu    Hamid Bentahar : "Nous nous inspirons de tous ceux qui nous devancent"    Mohamed Elfane : "Il n'y a pas de vide juridique dans notre secteur"    Edito. Un enjeu de confiance    Intelcia, premier outsourceur certifié « Top Employer » en 2025    Contribution carbone. Le Gabon taxe les compagnies aériennes et maritimes en transit    M. Loudyi reçoit la ministre d'Etat capverdienne chargée de la Défense nationale    le Maroc, sous la direction du roi Mohammed VI, renforce la stabilité et le développement des pays du Sahel par des initiatives stratégiques et des projets de développement d'envergure    Un Espagnol capturé dans le sud algérien par le groupe terroriste Etat islamique dans le Grand Sahara, dirigé par d'anciens responsables du Polisario    Pourquoi le Maroc a pu libérer des agents français de la DGSE détenus au Burkina Faso [Vidéo]    Culture : Bensaid rencontre ses homologues arabes    Émirats arabes unis : Al-Wasl officialise l'arrivée d'Anas Zniti    Grèce : Hamza Mendyl rejoint les rangs de l'Aris Salonique    LdC : Le Raja de Casablanca n'aura pas le droit à l'erreur    Réouverture des douanes commerciales : un premier pas vers la normalisation    Oncorad Group célèbre ses 25 ans d'activités dans le secteur de la santé    Assurances : des soins itinérants pour les zones enclavées    ESME: une réponse Innovante au Plan de Développement de l'Enseignement    Le gouvernement espagnol alloue plus de 2,6 millions d'euros à la rénovation d'un hôpital à Tanger construit durant la période franquiste    Constructions : entrée en vigueur obligatoire des assurances «risques chantier» et «responsabilité civile décennale»    La CMR met en œuvre les nouvelles mesures relatives à l'impôt sur le revenu    La maîtrise de la langue amazighe par le Prince Héritier Moulay Hassan : Un symbole de l'ancrage de l'identité culturelle plurielle au Maroc    « Changer l'eau des fleurs »: une adaptation théâtrale à ne pas manquer au Studio des Arts Vivants    La Côte d'Ivoire salue les efforts de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur de la paix, de la stabilité et du développement socio-économique en Afrique    #Le_Maroc_En_Premier... Colère populaire face à l'ignorance des efforts du Royaume pour Gaza et la Palestine    Le ministre ivoirien des Affaires étrangères salue hautement le partenariat stratégique avec le Maroc    Challenge N°953 : Du 17 au 23 janvier 2025    Les prévisions du vendredi 17 janvier    Le gouvernement de la République de Kabylie en exil demande au Conseil de sécurité son droit à l'autodétermination au milieu des accusations de répression et de crimes contre l'humanité de l'Algérie    Samira Sitaïl : Le prince héritier Moulay Hassan maîtrise la langue amazighe    Bensaid s'entretient à Rabat avec plusieurs de ses homologues arabes    Du monde arabe à la Sicile, comment les pâtes sont devenues italiennes    Baitas : Le gouvernement a lancé plusieurs initiatives pour la consécration du caractère officiel de l'amazigh    Le Maroc dans le groupe A !    Abdelhak Najib distingué par L'Union Internationale des Auteurs Arabes    Jamal Harkass dans le viseur de Hannover 96    Hamza Igamane : La star des Rangers écossais en route pour rejoindre l'équipe nationale marocaine    Des organisations professionnelles dénoncent l'absence de consultations sérieuses sur le secteur de la presse et de l'édition avec le ministère    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Thomas Piketty : «La fiscalité est un chemin à explorer pour une transformation sociale pacifique»
Publié dans EcoActu le 24 - 01 - 2020

L'ouvrage « Capital et idéologie » de l'économiste français Thomas Piketty a servi de fil conducteur pour une conférence-débat organisée à l'initiative de la Fondation Abderrahim Bouabid, jeudi 23 janvier à Rabat, en présence d'un parterre d'universitaires et de personnalités des mondes de la politique, de l'économie et des finances.
Animée par Ali Bouabid, délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid, Omar El Hyani, militant politique, et Mohamed Oubenal, chercheur à l'Institut royal de la culture amazighe, cette rencontre qui s'est déroulée dans une salle archicomble à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, a été marquée par un exposé de Piketty sur les axes de son livre, suivi d'un débat passionné avec des intervenants de divers horizons.
Les échanges ont tourné autour des idées avancées dans l'ouvrage et leur éventuelle mise en œuvre, ainsi que sur expérience du Maroc pour élaborer un modèle de développement efficace. Pour Piketty, l'engouement de l'assistance et son implication dans le débat a été impressionnant.
« J'espère vivement que toutes ces réflexions engagées au Maroc aujourd'hui sur le modèle de développement débouchent sur des décisions courageuses », a-t-il dit.
Partant du constat que toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités et leur trouver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer, « Capital et idéologie » retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique, l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes, jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates.
« En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle, un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs », explique l'auteur.
Pour illustrer ses propos, il met l'accent notamment sur l'importance de l'égalité éducative, en tant que facteur de développement économique, considérant que ce sont les progrès de l'éducation qui ont permis le développement économique et le progrès humain, et non pas la sacralisation de l'inégalité et de la propriété.
D'après le penseur, l'histoire enseigne que les phases de croissance économique sont précédées, en tout temps et en tout lieu, d'une expansion de l'accès à la scolarisation, activement encouragée par les autorités publiques.
Il cite le cas des Etats-Unis, qui avaient atteint la scolarisation universelle dès le milieu du 19ème siècle, soit un demi-siècle avant l'Europe, ou du vieux continent qui n'a commencé à résorber son retard éducatif qu'après la seconde guerre mondiale, ce qui a fortement contribué au processus de rattrapage économique vis-à-vis des Etats-Unis, connu sous le nom des « trente glorieuses ».
C'est aussi le cas de l'essor économique fulgurant des pays asiatiques, notamment le Japon, la Corée du Sud et la Chine, qui s'explique également par une diffusion spectaculaire de l'enseignement, qui s'est accompagnée d'une réduction significative des inégalités éducatives.
De même, l'auteur estime que les inégalités sont le fruit d'une construction idéologique qui les maintient dans la durée, à travers laquelle les dominants s'efforcent de légitimer et perpétuer leur supériorité sur les dominés.
Tel est le cas des sociétés trifonctionnelles (clergé, noblesse et classe laborieuse) avant le 18ème siècle, dans lesquelles les inégalités étaient justifiées par la complémentarité entre les groupes sociaux, ou des sociétés de propriétaires, apparues après la révolution française et qui se caractérisaient par une véritable sacralisation de la propriété privée, considérée comme un droit absolu et inaliénable.
Après avoir fortement reculé tout au long du 20ème siècle grâce au développement de l'Etat-providence, les inégalités sociales ont recommencé à se creuser au 21ème siècle, ce qui signifie pour Piketty que le monde est entré dans un nouveau régime inégalitaire « néo-propriétariste », qui glorifie la « société des gagnants » et justifie l'explosion des inégalités par le fait que les personnes les plus talentueuses méritent de s'enrichir en récompense de leur productivité exceptionnelle.
De cette recherche historique, Piketty déduit que les systèmes inégalitaires sont en réalité provisoires et peuvent être remplacés rapidement au profit d'une organisation plus égalitaire, à l'occasion de circonstances historiques exceptionnelles et suite à un renouvellement idéologique en faveur de l'égalité.
Piketty attribue la montée des inégalités au 21ème siècle à l'effondrement du courant social-démocrate, qui s'est révélé incapable de renouveler sa base programmatique dans un contexte de mondialisation et de tertiarisation des économies.
Dans la dernière partie du livre, l'auteur propose une refondation de l'idéologie de gauche sous le nom de « socialisme participatif » et formule des propositions visant à dépasser le capitalisme et la propriété privée.
Ces idées sont axées sur la justice éducative (accroissement du budget de l'éducation en faveur des couches sociales défavorisées), la justice fiscale (restauration de la progressivité de l'impôt, avec des taux supérieurs confiscatoires applicables aux revenus, patrimoines et successions) et la justice managériale (cogestion des entreprises par les salariés et les actionnaires).
Dans « Idéologie et capital au 21ème siècle », Thomas Piketty plonge dans les racines historiques des inégalités sociales, au niveau mondial. Sa démarche est la suivante: Les mobilisations sociales ont besoin d'une « conscience-boussole » pour réhabiliter l'espoir, celui d'un « socialisme participatif ». Autrement dit, un vivre ensemble où tous les individus-citoyens sont acteurs, maitres de leur destin. A cet égard, face à la concentration excessive des richesses et à l'accentuation des inégalités sociales, surtout pendant les quatre dernières décennies, la fiscalité, pour Thomas Piketty est un chemin à explorer pour une transformation sociale pacifique.
lire également : LES MILLIARDAIRES DU MONDE DETIENNENT PLUS D'ARGENT QUE 60 % DE L'HUMANITE (OXFAM)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.