Il est difficile de croire que le reportage-portrait de Aminatou Haidar sur la chaîne d'Etat Truc, en l'occurrence la TRT World qui diffuse en anglais, soit un pur hasard ! Dans un pays où beaucoup de journalistes se sont retrouvés en prison après la purge qui a suivi le coup d'Etat avorté de juillet 2016, il est burlesque d'imaginer un journaliste prendre l'initiative de faire un contenu média en opposition avec la position de son pays dans un média officiel. Il est judicieux d'ailleurs de rappeler que suite au Coup d'Etat de 2016, les écoles Al Fatih, lié à Fethullah Gülen, ont été fermées au Maroc en janvier 2017. Peut-être est-ce cela qui a donné l'impression qu'on peut facilement influencer le Maroc. Faut-il peut-être rappeler que de son histoire, le Maroc a toujours fait face aux assauts ottomans et aux velléités suzeraines. Voilà donc comment la Turquie remercie le Maroc, pays dans lequel des entreprises Turques ont remporté d'importants marchés notamment dans le BTP et l'infrastructure. Un pays qui représente une importante manne touristique de la destination turque. La production télévisuelle turque, pour sa part, trouve d'importants débouchés sur les chaines marocaines que des voix se lèvent pour alerter contre une invasion culturelle. Sans oublier les produits turcs qui inondent le marché marocain, notamment le textile, mettant à mal certaines industries nationales et causant d'importantes pertes d'emplois. D'ailleurs il est judicieux d'ouvrir une parenthèse pour s'arrêter un peu sur la position du groupe PJD, parti proche de l'AKP, au sein du Parlement défavorable à la décision d'application des mesures de sauvegarde sur l'importation de certains produits turcs jusqu'en 2021. Comme s'il ne suffisait pas que la Turquie saisisse l'OMC à ce sujet ! Il ne s'agit pas de pointer un parti du doigt, mais la diplomatie parallèle voudrait que ce parti marocain qui s'empresse de féliciter son homologue turc, pour dénoncer vigoureusement cet impair. Aussi, la partie turque tire-t-elle pleinement profit de l'ALE entré en vigueur en 2006. Justement, en parlant d'ALE, le timing de ce portrait nous laisse perplexe puisque ce portrait intervient quelques jours seulement après la rencontre fin novembre, entre Moulay Hafid Elalamy et son homologue turque Ruhsar Pekcan, au sujet de l'aggravation du déficit commercial en faveur de la Turquie et les répercussions négatives de l'accord de libre-échange sur les entreprises marocaines. D'ailleurs une deuxième réunion de concertation aura lieu le 13 décembre à Rabat. Ce chantier revêt une importance suprême surtout pour les entreprises marocaines qui ont fait les frais de la naïveté dont ont fait preuve les rédacteurs de cet accord du côté marocain. Faire chanter ou essayer de fléchir la volonté du Maroc en le titillant sur la question de son intégrité territoriale, c'est ne pas connaître son histoire de lutte contre des puissances qui ont fini par rallier sa cause. C'est également un rappel à l'ordre de ces marocains tellement en adoration de certains leaders turcs. Le Maroc a toujours adopté une politique de non-ingérence dans les affaires internes des pays quels qu'ils soient, y compris ceux qui tentent de torpiller ses efforts à défendre son intégrité territoriale. Les besognes de ce type sont indignes de notre Royaume, voilà la différence ! Qu'à cela ne tienne, la Turquie a eu un retour de boomerang aussi rapide que cinglant : après son passage sur TRT World, la mercenaire Aminatou Haidar a défendu la cause des kurdes en appelant à la libération d'Abdullah Ocalan, le chef du PKK emprisonné depuis 20 ans et à vie dans une prison près d'Istanbul. Il ne manquerait plus qu'elle demande à la Turquie de reconnaître le génocide arménien. Bref, la caravane passe...