Une équipe maroco-française composée de scientifiques de laboratoire Génie Chimique et Valorisation de Ressources (LGCVR) de l'université Abdelmalek Essaadi et de laboratoire Physico-Chimie des Matériaux et des Electrolytes pour l'Energie (PCM2E) de l'université de Tours en France ont réussi, à partir des coques d'Argan, à fabriquer des dispositifs de stockage d'énergie électrique de type supercondensateur à haut performance. Ouassim Boujibar, Arunabh Ghosh, Ouafae Achak, Tarik Chafik et Fouad Ghamouss ont publié très récemment leurs conclusions dans la revue Journal of Energy Storage dans le volume 26 (2019). Il s'agit d'une partie des résultats qui couronnent le travail mené autour du projet » PPR2/2016/17″, financé par le Centre National de la Recherche Scientifique et Technique de Maroc (CNRST). Les supercondensateurs, aussi appelé condensateurs électrolytiques à double couche, sont des dispositifs de stockage de l'électricité constitués de deux électrodes, généralement des matériaux poreux, séparées par un électrolyte. La réponse électrique des supercondensateurs se diffère à celle des batteries, ils sont capables de fournir une densité de puissance importante de l'ordre de plusieurs kW/kg associée à un nombre de cycle charge/décharge infiniment plus importants. La technologie des supercondensateurs, est d'ailleurs déjà utilisée dans diverses applications nécessitant des pics de puissance, notamment dans le domaine d'efficacité énergétique et de transport, principalement pour les hybrides rechargeables, les voitures électriques et les réseaux intelligents. « Les matériaux carbonés nanoporeux développés à partir des coques d'Argan, ont révélé des propriétés prometteuses dans la technologie des supercondensateurs. Les tests énergétiques de ces matériaux en tant qu'électrodes supercapacitives, ont permis de montrer que leurs capacité de stockage d'énergie peut atteindre 65Wh/kg à une puissance de l'ordre de 2 kW/kg avec un voltage de fonctionnement de 3,5 V et une excellente stabilité électrochimique après plusieurs cycles de charge-décharge à un courant specifique plus fort. », a déclaré Ouassim Boujibar, chercheur scientifique et co-auteur de l'étude. A noter que, la coque du fruit d'argan utilisée dans cette étude est un déchet agricole issu de la production d'huile d'argan. La culture et la production des différents dérivés de l'argan, connus désormais dans le monde entier, traduit des techniques et un savoir-faire traditionnel ancrés dans la culture Marocaine. Ceux-ci ont été inscrits sur la liste de l'UNESCO en 2014, comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité. L'activité agricole liée à la production d'huile d'argan émerge rapidement en raison de ses nombreuses utilisations à des fins culinaires et cosmétiques, qui ont incité le Maroc à produire annuellement jusqu'à 4 000 tonnes, ce qui laisse environ 80 000 tonnes des coques comme un sous-produit sans valeur économique significative et principalement utilisés par la population locale comme combustible domestique. « L'objectif principal de notre étude est de mettre au point un dispositif de stockage d'énergie à la pointe de la technologie automobile qui soit sure et réponde aux exigences à la fois écologiques et techniques des véhicules modernes. Le supercondensateur développé dans cette étude à partir d'une ressource locale qui ne fait l'objet, actuellement, aucune valeur technologique ajoutée, peut être utilisé tel quel ou être adapté aux besoins des marchés cible, en particulier dans les véhicules électriques, qui favorise une mobilité verte, pratique et économique. », a ajouté Boujibar. « La méthode de production de notre supercondensateur à base des coques d'argan possède un bon rapport coût/efficacité et peut s'appliquer à la production de masse dans l'avenir tout en contribuant à la transition vers une économie circulaire par un modèle de création de valeur, positive sur le plan social, économique et environnemental », a conclu Boujibar.